Dites-moi, M. Kana, entre nous : pour qui travaillez-vous ? Quels intérêts interlopes servez-vous ? Quels desseins funestes nourrissez-vous en votre sein ? Vous êtes historien ? Alors moi je suis le voïvode de Cracovie. Historien et vous ne savez pas que nous avons fini avec les comparaisons avec les pays africains depuis Mgr Mongo ? Vous avez l’outrecuidance de comparer le coût du stade Paul Biya avec celui du stade de Bamako ? Le Mali serait donc devenu l’étalon de la performance pour le pays d’Anne Marie Nzié ?
Dites-moi : vous vous rappelez la dernière fois que nous avons couru nous réfugier dans les jupes de l’armée française parce que de petites frappes détroussaient des voyageurs à Garoua Boulaï ? Le Mali ? Et
pourquoi pas le Rwanda ou, tiens, le Soudan du Sud. Monsieur, vous, vous voyez le stade de Bamako, mais nous, nous avons les yeux bien rivés sur l’Emirates de Londres, le stade le plus cher du monde.
Sachez ceci Monsieur l’historien : personne ne nous damera le pion. Et surtout pas en Afrique.
Enfin, vous ne pouvez pas exciper du fait qu’il n’y a pas d’eau courante à Sipandang pour jeter l’anathème à notre beau stade. Les gens de Sipandang vous ont demandé quelque chose ? Moi-même qui vous parle là, digne fils de Sipandang, est-ce que je suis mort parce qu’il n’y a pas d’eau courante ? Votre entreprise de dénigrement obsessionnel ne portera que des fruits amers : nous ne laisserons personne nous ravir la première place.
À cet égard, je vous donne M. Kamto, Maurice, en exemple. 12 000 morts au Sud-Ouest et au Nord-Ouest confondus. C’est du chiffre, ça, Monsieur ! On ne pinaille pas. Des mauvaises langues ont avancé le chiffre de 3 000 – 4 000 victimes. Vous devez vous sentir en bonne compagnie avec ces mauvais coucheurs qui nous mettent au même rang que les Ivoiriens en 2011, les Sud-Soudanais et sans doute les Érythréens,
qui semblent avoir le béribéri depuis l’enfance. M. Kamto a dit 12 000 morts. Dieu reconnaîtra les siens. Je lui donne mon suffrage. Voilà un patriote, Monsieur Kana.
Et puis, je sais qu’il se murmure que nous sommes le deuxième plus grand pays embastilleur de journalistes au monde. Deuxième ? On ne peut pas laisser ça durer. On va régler ça, c’est moi qui vous le dis, Monsieur l’historien. Et puis, notez bien ceci : je sais que vous êtes de mèche avec tous les rieurs et tous les haïsseurs du Cameroun.
Qu’ils continuent de rire, mais qu’ils tremblent, qu’ils nous craignent parce que nous allons les écraser. Nous allons vous fermer la bouche une fois pour toutes.
Le petit Malgache atrabilaire, abusif et vindicatif qui nous a retiré la CAN, ne nous a pas fait mal là où il pense. Il nous a manqué de respect en nous mettant au même niveau que deux ou trois autres pays
africains, auxquels la même avanie a été réservée. Je vous mets dans la confidence, Monsieur l’historien, nous entendons nous rebiffer.
Deux retraits de suite, ça vous irait ? Vous n’aimeriez pas mieux vous consacrer à l’histoire de l’empire du Mandingue ?
Léon Gwod