Ce n’est finalement pas de là où l’on avait fondé légitimement les inquiétudes qu’elles sont venues : les équipes d’inspection de la Confédération africaine de football (Caf), si souvent frileuses quant aux questions de sécurité, ont finalement donné leur feu vert pour que le stade municipal rénové et engazonné de Mbouda soit utilisé par la Panthère sportive du Ndé engagée cette saison dans la Coupe de la confédération.
Tout au plus, les experts de la Caf avaient-ils fait quelques observations pour l’amélioration du confort futur des spectateurs. Hélas, le vœu des dirigeants de « Nzui Manto » de jouer un peu à domicile leurs matches internationaux, ne sera pas exaucé, puisqu’une décision du ministre des Sports et de l’Education physique rendue publique mercredi dernier délocalise au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, le match Panthère-Vita Club de Rdc, initialement programmé dimanche 21 mars 2010 sur la Mtn Municipal Arena de Mbouda. Des raisons « sécuritaires », sans plus de détails, sont évoquées par le gouvernement qui, par cet acte, avoue qu’il n’était pas en mesure de garantir à Mbouda la sécurité de l’équipe visiteuse et des officiels de la Caf.
On peut donc se poser à nouveau la question, au moment où l’actualité sportive du week-end prochain nous ramène ainsi inexorablement sur la question devenue fatalement épineuse du nouveau stade de Mbouda : le chef-lieu du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest serait-il devenu une sorte d’enclave du Cabinda à la camerounaise, interdite -pour raison de sécurité- à toute activité sportive nationale depuis la sanction administrative de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) qui a rétrogradé, en 2007, Bamboutos Football club de Mbouda en 3ème division ? Nous sommes d’autant plus surpris que le ministre des Sports et de l’Education physique actuel, Michel Zoah, bravant à coup sûr des menaces sourdes libellées sous forme de manœuvres souterraines par une certaine élite de la ville de Mbouda, était allé finalement inaugurer officiellement, le 29 août 2009, plus d’un an après la fin des travaux, ce stade flambant neuf de Mbouda resté longtemps fermé, fruit de l’heureux partenariat entre la Fécafoot et la société de téléphonie mobile Mtn Cameroon, par ailleurs sponsor des compétitions nationales de football dans notre pays. Il se pourrait que, cette fois, la municipalité de Mbouda et la Fécafoot, se seraient pourtant engagées à ériger les 4000 places assises supplémentaires demandées par l’équipe d’inspection de la Caf. Mais, manifestement, ces travaux supplémentaires n’ont pas été achevés dans les délais et les normes, et le gouvernement a donc pris la décision de ne pas laisser, dans ces conditions, se jouer la rencontre Panthère-Vita Club de dimanche prochain dans ce stade de Mbouda. Est-ce à dire que, dès que les 7000 places assises exigibles seront disponibles en matériaux définitifs, Panthère (à condition qu’elle passe le présent tour) pourra y disputer ses prochains matches de coupe d’Afrique ?
Rien n’est moins sûr ! Car n’était-il pas possible à la fédération, à la Caf et aux pouvoirs publics de s’entendre pour ne vendre les tickets d’accès au stade dimanche prochain uniquement pour les 3000 places assises disponibles ? Nous ne doutons pas de la popularité de »Nzui Manto » et de l’engouement créé par ce premier match international à être programmé dans toute la région de l’Ouest, mais c’est une situation qui semblait tout de même bien gérable au niveau du public. On va finir par croire qu’il y a une main invisible et surnaturelle qui freine des quatre fers pour que le petit bijou qu’est le stade rénové de Mbouda ne soit jamais opérationnel. Nous n’aimerions pas être à la place de Mtn Cameroon, qui a englouti plus de 300 millions de francs Cfa dans cette infrastructure mais n’a jamais eu le plaisir de la voir mise en valeur. Qui nous dit du reste que, si l’opérateur de téléphone mobile avait été saisi à temps à propos des remarques sur la capacité de l’enceinte faites par les inspecteurs de la Caf, il n’aurait pas fait un ultime effort dans ce sens, pourvu que son œuvre si admirable et rare devienne enfin utile ? Les journalistes camerounais, qui s’apprêtent à disputer le 8 mai prochain sur ce stade municipal de Mbouda rénové, la 8ème édition du Tournoi inter-médias de football, une compétition de plaisance qui -il est vrai- n’est pas dans le calendrier Fifa-Caf, doivent-ils néanmoins déjà songer alors à un plan B ?
Par Emmanuel Gustave Samnick