On pensait que l’incident de l’année dernière, quand le ministre des Sports et de l’Education physique de l’époque Augustin Edjoa avait interdit, la veille seulement du jour J, la finale de la Coupe du Cameroun programmée par la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), avait permis de clore définitivement ce débat typiquement camerounais concernant la date de la finale de la Coupe du Cameroun de football. Hélas, on est malheureux de constater que ce mal qui aurait dû apporter un bien reste entier, car le problème n’a apparemment jamais été résolu. Et voici qu’en cette année 2009, on s’est remis dans l’attente insoutenable de la finale de la Coupe du Cameroun et du mystère qui entoure la date du déroulement de cet événement majeur de la saison sportive habituellement présidé par le président de la République.
En 2008, après de longs atermoiements, une énième crise entre la Fécafoot et sa tutelle marquée par une indécente campagne médiatique de dénigrement entre confrères, et alors que l’année civile menaçait de s’achever sans que soit jouée cette fameuse finale entre Coton Sport de Garoua et Aigle Royal de la Menoua, le chef de l’Etat, en séjour privé à l’étranger, autorisa le Premier ministre à présider l’événement à sa place. Le match se joua normalement ; il y eut un vainqueur et un vaincu ; les trophées de divers champions du Cameroun dans différentes disciplines furent remis solennellement.
On avait alors compris -du moins le croyait-on – que le « calendrier surchargé du chef de l’Etat », argument souvent avancé dans notre pays pour ne pas avoir une date connue longtemps à l’avance de la finale de la Coupe du Cameroun de football, n’était nullement un obstacle à l’organisation de la cet événement. Quand il est disponible, tant mieux, que le président de la République scarifie à ce vieil usage de la République! Mais quand il est empêché, pourquoi ne pas se faire représenter, comme il le fait par ailleurs à d’autres occasions non moins solennelles ?
Nous avons donc avancé l’année dernière pour mieux reculer cette année. Se croyant entrée dans la modernité à l’issue de la crise de fin d’année 2008 avec sa tutelle, la Fécafoot a publié en début de la récente saison qui vient de voir Tiko United sacré champion du Cameroun, un calendrier intégral de ses compétitions, lequel comportait deux propositions de date pour la finale de la Coupe du Cameroun programmée courant juillet 2009. Les deux clubs qualifiés, connus depuis bientôt deux mois, Panthère de Bangangté et Astres de Douala, sont entrés en stage bloqué. Mais jusqu’à ce jour, ils ne savent rien du jour où ils disputeront cette finale de la Coupe du Cameroun. Ce qui augmente le stress pour les dirigeants, obligés de dépenser indéfiniment de l’argent, et les encadreurs techniques qui ne savent plus comment doser les entraînements.
Aux dernières nouvelles, le gouvernement aurait opté pour que les deux prochains matches délicats des Lions indomptables contre le Gabon, les 5 et 9 septembre 2009, se jouent d’abord, avant que soit programmée la finale de la Coupe du Cameroun.
Une question de « stratégie », qui n’est peut-être pas à blâmer en elle-même, si tant est que l’enjeu de la qualification du Cameroun à la prochaine Coupe du monde « Afrique du Sud 2010 » commande des dispositions spéciales. Mais pourquoi, Diantre, installe-t-on le mystère autour de la date de la finale de la Coupe du Cameroun, puisque les dates des matches contre le Gabon sont, elles, justement connues ?
La Coupe du Cameroun est souvent l’occasion de rallumer la flamme de ce qui reste de supporters des clubs au Cameroun ; mais comment pourra-t-on mobiliser ces personnes aux petits revenus, et qui sont un ingrédient indispensable à la réussite d’une finale, si c’est à deux jours -comme nous avons pris la très mauvaise habitude de le faire au Cameroun- qu’elles sont informées de la date de la finale ?
Sans aller jusque dans les pays développés où le calendrier intégral d’une saison sportive est connu avant le démarrage de cette dernière, il faut tout de même indiquer que dans le Gabon voisin, la finale de la Coupe nationale se joue tous les ans, qu’il vente ou qu’il neige, le 17 août, jour de l’indépendance du pays. Alors, quand enterrerons-nous cette triste exception camerounaise, d’une finale de coupe nationale sans date, qui ne nous honore guère ?
Par Emmanuel Gustave Samnick