Dans un Cameroun où la morosité, en termes d’investissements, a gagné tous les secteurs depuis deux décennies environ, il est légitime de tirer quelque ferté du frémissement que l’on observe depuis quelque temps dans le domaine du sport.
Le complexe sportif de Warda à Yaoundé est entrain de prendre sa forme définitive, l’académie de la Confédération africaine de football (Caf) avance à pas de géants à Mbankomo, le Centre technique national de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) à Odja devrait être enfin livré à la fin de cette année et le stade municipal de Mbouda est le premier des stades de province à se moderniser, grâce aux fruits de la coopération entre la Fécafoot et l’un de ses sponsors la société de téléphonie mobile Mtn Cameroon. Comment, dans cette énumération, oublier le grand projet du complexe multisports Paul Biya à Olembé, confirmé avec force détails par le ministre des Sports et de l’Education physique Augustin Edjoa dans entretien paru dans le magazine Situations de ce vendredi 24 août?
Les bonnes nouvelles sont tellement rares que nous nous devons de souligner celles évoquées ci-dessus avec force. Saluons au passage la performance haut de gamme des cyclistes camerounais qui dictent leur loi cette semaine sur « la route de l’Est internationale » en Côte d’Ivoire!
Pour en revenir aux infrastructures sportives, nous constatons donc que c’est un grand bond qui est en train d’être franchi cette année au Cameroun. Il faut se réjouir de ce qui peut être considéré déjà comme un acquis. Et pourtant, on est encore bien loin du compte! Car si comparaison n’est pas raison, on aurait tort de ne pas jeter un coup d’œil sur ce qui se passe chez les autres, comme en Angola par exemple.
Voilà un pays qui a été ravagé par un quart de siècle de guerre civile et qui, aussi curieux que cela puisse paraître, vient de prendre part à quatre phases finales de coupes du monde en l’espace de deux années seulement : basket-ball, volley-ball, handball et même football.
Les Angolais ne se contentent pas de participer, ils organisent eux-mêmes de grands événements sportifs internationaux, à l’instar de la Coupe d’Afrique des nations de basket-ball qu’ils viennent d’abriter dans quatre villes différentes. Pour accueillir pareille compétition, il faut absolument disposer des infrastructures d’accueil idoines, des parquets de 15.000 à 20.000 places assises, et pas seulement dans la capitale. On sait depuis longtemps qu’en Angola, on pratique les sports collectifs (handball, basket-ball, volley-ball) sur du plancher, et non sur du goudron…
Alors, en même temps que nous sommes heureux de voir que les choses commencent à bouger dans le bon sens dans notre pays, il faudrait inciter les autorités à nourrir réellement « des grandes ambitions » qui siéent à une grande nation sportive comme le Cameroun.
Un complexe couvert de 5.000 places assises comme celui en cours de construction à Warda, c’est déjà bien, mais c’est encore très peu en réalité. On se rendra du reste compte très tôt que sa capacité d’accueil ne fera pas le poids face aux nombreuses sollicitations qui ne vont pas manquer se manifester dès l’ouverture de la structure. Nous avons donc envie de dire à ceux qui ont eu le courage de commencer, comme le fit un jour Paul Biya dans un moment d’extase devant les exploits de nos sportifs sur la scène internationale : « un seul mot, continuez! » L’espoir est permis, d’autant qu’envisager l’organisation d’une Coupe d’Afrique des nations de football au Cameroun n’est plus une question taboue. Le ministre Augustin Edjoa vient de le montrer, en annonçant la possibilité pour le Cameroun de postuler à l’organisation de la Can 2016. Il était temps, en matière de dynamisme sportif, de songer à filer à… l’angolaise !
Emmanuel Gustave Samnick