Il y a des promptitudes qui intriguent, il ya des endormissements qui en disent long, mieux des silences qui renseignent sur le degré de résignation ou de dépit et même des intérêts y afférents. Après la coupe du monde en Afrique du Sud, on s’est précipité à trouver le Sorcier Blanc de substitution à Paul Leguen, l’autre gouffre financier qui devait venir remplir la longue liste des techniciens passés à la tête des Lions Indomptables.
A ceux qui jactaient et clamaient la nécessité à faire le diagnostic de l’échec et la psychanalyse de la cacophonie, avant toute chose, on répliquait par l’imminence des échéances.
Il ya eu des voyages, des missions, des auditions…
Les Lions ont eu un encadrement technique, les éliminatoires de la CAN ont commencé avec lui. Sans convaincre forcément grand monde, l’argument de l’imminence des échéances qui commandait la gesticulation observée, était logique. Mais voilà, le problème c’est que cette aptitude à réagir spontanément sur des nécessités, cette envie à vite trancher les problèmes pendants, semblent calculées et inversement proportionnelles. On a l’impression que tout le monde a oublié que la saison sportive n’est pas encore bouclée au Cameroun.
On attend la finale de la Coupe du Cameroun, exactement comme « la grossesse de Cirage », ce célèbre chanteur de Bikutsi, qui dans une chanson racontait l’histoire de la grossesse de son épouse qui avait duré plus de vingt et quatre mois. Le Problème c’est qu’à la naissance, le bébé avait une calvitie et la barbe. Tout porte donc à croire que c’est un scénario identique que s’apprête à nous offrir la très attendue finale de coupe du Cameroun de football.
Une grosse affaire fait amonceler des tonnes de nuages au dessus d’elle. L’une des équipes qualifiées pour le rendez-vous menace de la boycotter à cause des différends qui l’oppose à la Fécafoot. Fovu de Baham à qui on aurait injustement retranché trois points, est désormais admis à faire valoir ses droits en deuxième division.
La contestation qui en découle pourrait paraître excessive, si on ne cerne pas les contours politiques de l’affaire.
Le club appartient à Dieudonné Kamdem, élite Baham et propriétaire de l’autre club qualifié pour la finale, Les Astres de Douala, et qui est soupçonné de délaisser le « club du village », pour son « club business ». Cette descente dans l’enfer de la deuxième division teintée d’une bonne dose d’injustice pourrait être perçue comme un coup de grâce assené par le géniteur à son propre enfant. Or Dieudonné Kamdem ne veut pas assumer une telle accusation d’infanticide et est donc prêt à aller jusqu’au bout de sa logique de boycott. Encore qu’il ya un autre danger beaucoup plus diffus qui guette cette finale de la Coupe du Cameroun. Les deux clubs finalistes appartenant au même propriétaire, même s’il passait l’éponge sur le boycott actif, il pourra nous servir le jour de la finale et devant le Chef de l’Etat, un match anecdotique qui ressemblerait à une forme de contestation, et ce sera aussi sa façon de ridiculiser la Fécafoot.
Voilà donc une incongruité qui vient compliquer une finale déjà compliquée elle-même puisque sans date et suspendue aux caprices du Protocole d’Etat. La situation de toute évidence, ne facilitera pas la promptitude du Cabinet civil de la Présidence de la République. Pire Encore, cette affaire Fovu de Baham commence à prendre des tournures tribales que personne en haut lieu, ne souhaite entretenir en cette veille des grandes échéances politiques.
Mais comment la Fécafoot réalise –t-elle l’exploit de concentrer autant de problèmes en fin de saison ? Simplement parce que c’est le temps des grandes manœuvres, où chaque élu de Tsinga fait surgir son instinct grégaire pour aider tel club du village ou de quartier. Le parcours sur la fin de Renaissance de Ngoumou est éloquent sur la question. Mais réduire la non programmation de la finale de la Coupe du Cameroun à ces menaces voilées de Fovu de Baham que personne du reste ne peut assumer en public, c’est vouloir dédouaner la Fécafoot de son amateurisme de gestion de son propre calendrier. On a beau accuser le Cabinet Civil de la Présidence qui n’est cependant pas exempt de reproches, mais la Fécafoot elle-même n’a jamais procédé comme cela se doit. Jamais en début de saison, elle n’a publié le calendrier complet des compétitions. Jamais elle n’a pris l’opinion publique à témoin sur une date de la finale, annoncée un an à l’avance. Et dans une discussion à bâtons rompus avec un haut cadre de la République, il me faisait savoir que le calendrier d’un chef d’Etat se gère un an à l’avance et que le problème reste que c’est à trois ou quatre mois de l’échéance que la Fécafoot balance, dans une indécision qui ne laisse transparaître aucune coercition ou urgence, deux ou trois dates, qui ont toujours du mal à s’insérer dans un calendrier surchargé à l’avance. Vrai ou faux, voilà une explication qui cloue au pilori la Fécafoot et l’oblige désormais à procéder autrement.
Mais deux obstacles majeurs demeurent. Le carriérisme de certains qui pensent que procéder autrement au sujet de la date de la finale de Coupe du Cameroun de football, c’est défier l’Etat et donc manquer une promotion toujours espérée. La deuxième chose, la gestion à la petite semaine du chronogramme des compétitions qui permet de faire des manipulations partisanes et intéressées.
La cacophonie sert donc tout le monde, la Fécafoot pour ce qu’on vient d’évoquer et la Présidence de la République où on prend prétexte de cet amateurisme d’organisation de la Fécafoot, pour politiser davantage un évènement très ordinaire sous d’autres cieux. Les seules victimes, ce sont les clubs et les joueurs qu’on prend toujours au pied levé – deux ou trois jours avant – pour aller disputer la finale, et les joueurs qui, chaque fois, jouent le match de la finale avec interdiction de s’échauffer pour éviter de perdre inutilement( ?) le temps à un protocole d’Etat très pressé. Et là, la Fécafoot n’a jamais évoqué la Fifa et ses obligations qui précèdent chaque match de football. Parce que cela n’inquiète aucunement le pouvoir de Tsinga.