Il y en a qui se préparent à aller à la Coupe du monde de football au Brésil dans des conditions princières, et on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Il faut bien reconnaître qu’au départ ils n’ont rien demandé à personne. Ils auraient pu bien entendu refuser le strapontin doré qui leur était offert ; ils auraient pu démissionner pour dénoncer la lourde pression du délai ; ils auraient pu, pourquoi pas, faire le travail dans les délais qu’ils ont librement acceptés. Ils ne l’ont pas fait.
Mais, dans le fond, est-ce vraiment de leur faute si les Lions se sont qualifiés pour le Brésil ?
Peu importe à la fin, il reste une question qui ne trouve pas de réponse : pourquoi eux ? Pourquoi c’est toujours les mêmes qui reçoivent des cadeaux somptueux, qui dînent aux meilleures tables, qui ont des gorilles pour leur sécurité, qui n’ont pas besoin de salaire pour vivre, qui n’achètent jamais de billet d’avion de leur poche ? Et quelle leçon donnons-nous à notre belle jeunesse lorsque des quasi-inopérants sont récompensés alors qu’un scribe méritant comme moi n’a aucune idée de la façon dont il va arriver au Brésil ?
Une chance gratuite qui tombe toujours sur les mêmes, c’est une chance et on n’y peut rien. Soit. Mais il faut nous comprendre : c’est injuste quand même. C’est un peu comme si des resquilleurs, toujours les mêmes, se faufilaient impunément devant nous pour prendre notre place et nous refouler au fond de la file. Et c’est encore plus difficile d’accepter dans ce cas-ci parce que nous sommes bien forcés de penser, à tort peut-être, que sans le Brésil, on n’aurait pas besoin de prolongation.
Alors si ce n’est pas de leur faute s’ils vont au Brésil, ce n’est pas non plus de notre faute de ne pas les aimer. Et il faut nous comprendre lorsque nous souhaitons parfois qu’il n’y ait jamais eu de qualification ou que certains chanceux de la République attrapent un panaris de temps en temps et se demandent enfin pourquoi c’est à eux que ce genre de chose arrive.