C’est un secret de polichinelle; l’un des gros problèmes du football camerounais et en particulier celui des Lions Indomptables réside principalement dans le manque flagrant d’un système de gestion bien structuré et ficelé. Une bonne partie des maux qui minent ce sport seraient sans doute évités s’il n’était pas dirigé comme une « boutique du quartier ».
La survie des lions ne devrait pas dépendre du bon vouloir de quelques personnes. Elle est en elle-même une institution.
Si la gestion de notre équipe nationale est malade aujourd’hui, c’est d’abord à cause des dirigeants qui sont mandatés à sa gestion. Nos résultats ne seraient pas à la merci de la chance et des humeurs de ces dirigeants apparemment trop gourmands si ces derniers avaient mis sur pied un système de gestion efficace. Chaque compétition semble, à chaque fois, ouvrir les portes à une foire d’improvisations et une parade de dirigeants essayistes qui chercheraient (pour chaque situation) à se définir de nouveaux rôles. Les regroupements des Lions ressemblent davantage à une invitation de voraces venues se sucrer les papilles et se remplir les poches.
Cette situation illustre bien l’absence de professionnels du métier, rompus aux méthodes de gestion modernes, maîtrisant bien leur conteste de travail et jouissant d’une certaine autonomie.
Les Lions Indomptables constituent désormais un puissant instrument patriotique et même un produit économique en or que des individus sans scrupule gaspillent.
Comment expliquer le fait que le Cameroun, pourtant habitué aux grandes compétitions, n’ait pas de stade digne de ce nom ? Certains justifieront peut être cette situation par un manque de fonds. Faux et tout simplement faux parce que l’équipe nationale à elle seule peut (avec ce qu’elle rapporte comme millions) permettre de construire quelques-uns. Même certains projets de financement proposés dans le cadre de la coopération avec certains pays amis ont été tout simplement sabotés parce que certains n’y trouvaient pas leur comptes.
Comment expliquer le fait que nous n’ayons jamais eu une planification sérieuse de préparation (versus stages de préparation et matches amicaux) alors que nous sommes régulièrement appelés à faire face à des compétitions importantes ? Encore une fois, bien planifier et ficeler un programme ne donnerait plus l’occasion au ministre et ses « groupes de cirque » de justifier leurs démonstrations.
Comment expliquer, après les multiples frasques qu’à connu notre équipe nationale, qu’il n’y ait jamais eu de bilan afin de pointer du doigt les véritables causes de l’échec? Tout simplement parce que beaucoup de personnes dans ce pays se comportent de véritables seigneurs qui ne trouvent pas la nécessité de rendre des comptes à qui que ce soit.
On entend trop souvent parler de méthode illicite pratiquée, en se qui concerne entre autres la sélection des joueurs, la gestion des primes de matches, le choix des membres des délégations qui accompagnent chaque fois les Lions Indomptables.
Il est de plus en plus évident qu’un entraîneur est adopté par nos dirigeants quand il accepte de laisser volontairement certains de ses pouvoirs discrétionnaires lui échapper. Son maintien à la tête de l’équipe nationale ne semble nullement être basé sur une logique de rendement ou de résultat (Dixit la reconduite de l’allemand W. Schafer).
Les vertus de l’instauration d’un système de gestion semblable à celle des corporations permettra de ne pas tout attendre d’un ministre qui n’est sûrement pas un spécialiste de la chose footballistique et encore moins un gestionnaire financier.
Un système optimal permettrait de ne plus voir le choix d’un entraîneur se décider uniquement entre deux ou trois individus qui ne trouvent pas la nécessité de justifier leur choix devant le peuple.
Un bon système permettrait également aux entraîneurs de jouir de cette autonomie qui leur permettrait de bien et mieux exercer leurs fonctions. De la même façon, leur maintien serait défini sur la base de leur résultat.
Chaque joueur appelé à défendre les couleurs de la nation saura qu’il ne doit sa sélection qu’à ses performances et non à d’une quelconque faveur.
En somme, un système bien ficelé rendrait professionnel l’environnement des Lions Indomptables, permettant aux uns et aux autres de fonctionner de façon optimale et rehausserait la valeur de l’équipe. Ainsi, les Lions Indomptables pourront continuer de briller à travers le monde, et le peuple camerounais pourra toujours garder cette espoir fragile, cette seule fierté que nous avons.
Pour faire un petit pas vers l’avant, il faut beaucoup rêver et surtout croire dur comme fer.