Les matches de préparation ont pour objectif principal d’asseoir un collectif et en parfaire les connections. Cameroun – Ouzbékistan ce vendredi semblait de tout autre ordre. On croit savoir qu’il s’est agi de jauger l’intégration de nouvelles têtes sous les couleurs nationales et tester un système de jeu pour l’échéance Qatari.
Une lecture honnête de la partie nous permet de tirer quelques conclusions. D’abord, le Cameroun de dispose plus de joueurs d’impact, en dehors de Vincent Aboubakar, André Onana et des cadres absents que sont Eric-Maxim Choupo-Moting, André-Frank Zambo Anguissa et Karl Toko Ekambi. Ensuite, les autres sont de très honnêtes professionnels qui ont beaucoup de volonté et d’allant. Mais le football, ce n’est pas que cela.
Au sujet de cette prestation où les Lions ont plus souvent joué à la baballe qu’autre chose, il s’est clairement dégagé des lacunes manifestes au niveau de la créativité. En sport, il y a des préceptes simples et clairs. Match de préparation ou pas, un joueur doté de techniques individuelles les fait parler et cela irradie sur le groupe. Match de préparation ou pas, on doit oser des choses. Match de préparation ou pas, on fait parler sa culture footballistique. Rien de tout cela ne fut observé.
Idem au niveau collectif où l’anticipation manquait cruellement et où, malheureusement, les revenants que sont Nicolas Nkoulou et Georges Mandjeck n’ont rien démontré de l’expérience et de la maturité que l’on attendait d’eux. Le premier n’a tout simplement plus de jambes pour supporter des contres fulgurants comme on en a vu de la part de l’Ouzbékistan et le second a fait comme d’habitude : prendre un carton et multiplier les fautes inutiles.
Autre point, le déplacement de Nouhou Tolo au milieu de terrain devra être revu car il est bien plus efficace au poste d’arrière latéral. Dans un 3-4-3 classique, les milieux excentrés doivent être très aiguisés côté physique ET technique pour noyer l’opposition en phase défensive comme en phase offensive. C’est étonnamment un dispositif tourné vers l’offensive. En ayant la maîtrise du milieu de terrain, on s’assure de porter le ballon et se déployer rapidement vers l’avant. La clé, c’est le travail des deux pivots qui doivent être capables à la fois de bien défendre et d’être bons techniquement. En faisant le choix de garder le ballon, ils doivent pouvoir renverser le jeu mais aussi évoluer un peu plus haut sur le terrain.
Les trois attaquants doivent maîtriser comment coulisser pour libérer les pistons aux ailes. Tous les experts vous diront que les pistons sur les côtés doivent aussi avoir des profils de meneurs de jeu. Or, aucun de nos milieux actuels n’a véritablement de carrure pour magnifier cette ligne médiane et cette lacune date de près de deux décennies maintenant.
Rigobert Song et ses adjoints n’ont plus de marge de manœuvre avant le grand rendez-vous de novembre prochain. Il reste la Corée du Sud à affronter ce mardi, puis plus rien à se mettre sous la dent pour connaître le niveau d’intégration des derniers joueurs arrivés dans la tanière et surtout la facture du jeu qui fondera les prestations du Cameroun au Mondial.
Le recours permanent au mental ne suffit pas toujours et à ce niveau, toute erreur se paie cash. Au regard de nos adversaires de poule, il est logique d’être inquiets.
Léo NSÉKÉ, Cameroon-Footbuzz