Depuis le début du mois de février, il y a un sujet qui fait jacasser sous nos cacaoyères. Non, ce n’est pas les « appels », les « motions » des grosses légumes et « créatures » de notre marigot politique demandant au « créateur », notre Majestueuse Excellence le président, à être candidat à une élection cette année, l’année prochaine ou en 2018.
Ce n’est pas la quête d’un nouvel entraîneur aux Lions indomptables de notre République Cacaoyère, puisque depuis le 12 février, la Fécafoot a dégoté un parfumeur du nom d’Hugo Boss. La Fédération n’a pas eu peut-être tort, vu le barnum actuel de la tanière des Lions, on a sans doute plus besoin d’un parfum que d’un technicien pour assainir l’atmosphère.
Le sujet sur lequel les buveurs de vin de palme et les cultivatrices de cacao, se sont jetés ventre à terre, c’est « Revenge Porn » le livre de Nathalie Koah, l’ex-maîtresse de Samuel Eto’o. Une fuite a été organisée avant la sortie officielle de ce livre de 233 pages qui raconte l’histoire d’une cendrillon et de son prince charmant à la sauce salace, et de très nombreux citoyens de notre République Cacaoyère l’ont dévoré à la vitesse d’une rasade de bière. D’abord, chère Nathalie, bravo ! Il est presque certain que ce n’est pas toi qui as écrit le livre ; qu’importe, tu as le mérite d’avoir particulièrement bien choisi ton nègre. Le livre lève le voile sur la vie privée et même intime d’un dieu des stades. Il jette une lumière crue et drue sur les travers et les lubies de Samuel Eto’o, ses escapades avec l’héroïne dans les chambres et suites d’hôtels de Yaoundé, Douala, Paris, Monaco, Barcelone. Le récit est d’une précision photographique, d’un réalisme cinématographique, avec une distribution des rôles digne d’un scénario.
Pas étonnant que ce « Revenge porn » finisse un jour par un film. Nathalie, émoustillée par cette vie de lucre, de stupre et de soufre, grisée par l’argent facile et les cadeaux à 40 000 euros, comme une Alice au pays des merveilles, elle l’orpheline à l’adolescence laborieuse et désargentée, va user de ses charmes pour s’acheter une ascension sociale radicale. Elle va, pour cela, accepter un long moment, de jouer le jeu des envies d’hommes fortunées, de son petit ami à « Qui tu sais », en passant par la star du ballon rond. L’univers de cette star, en dehors des stades et des vestiaires, est une cour où dans un coin, un harem d’obligées dont chanteuse, journaliste, anonymes comme se « Sonor », eunuque du roi et « gouteur de pistache » comme on dirait en République Cacaoyère, jouent un rôle pour le bon plaisir de la star. Ha ! la Cendrillon qui se croyait aux pays des merveilles, qui rêvait qu’un jour, impossible, elle quitterai le statut de la maîtresse pour celui de la compagne ou de l’épouse. Un rêve inaccessible qui semblait pourtant être le carburant de l’héroïne et la poussait à contrecœur, à se soumettre aux lubies sexuelles de son amant, comme prix à payer pour accéder à son phantasme, à défaut d’être la femme légitime.
L’illusion du tout nouveau tout beau va vite se dissiper. Notre jeune cultivatrice de cacao va se rendre compte avec le temps que sur la scène, elle ne joue pas les premiers rôles, elle n’est qu’une conquête du footballeur parmi tant d’autres et elle doit accepter sa place de figurante. Le sex apple s’est transformé en sex toy. La boulimie d’embourgeoisement de la jeune femme au fil des escapades n’a pas étanché sa fierté, cet aplomb, ce fort caractère si caractéristique des gens d’origines modestes élevées dans le poto-poto du dénuement où la bonne moralité, la foi en Dieu, s’avèrent être d’ultimes repères existentiels.
Dans cette cure cathartique littéraire, le niveau de détails, comme cette allusion à la date de 1976 comme l’année de naissance réelle du footballeur n’est sans doute pas anodin. Nathalie dit avoir pardonné, n’avoir pas de rancœur ; elle est sans doute sincère. Mais en « vidant son sac », en s’épanchant aussi généreusement sur son idylle déçue avec Samuel Eto’o, ce dernier en est irrémédiablement éclaboussé. Comme le dit un proverbe de République Cacaoyère, » La banane qui doit mûrir finira bien par mûrir. « C’était écrit, presque.
François Bimogo