A la veille du second tour de la Coupe du monde Brésil 2014, le bilan des équipes de Républiques Cacaoyères d’Afrique est déjà « largement positif » en dehors du football.
Le football en République Cacaoyère, ce n’est pas qu’un jeu, c’est pas un divertissement ; c’est un instrument de jouissance collective : chacun vient, et prend sa part ; tant pis si sur le terrain, il n’y a pas de résultats. Avec le football, on distribue le Bonheur national Brut aux cultivatrices de cacao et aux buveurs de vin de palme, avec le football on gagne de l’argent, beaucoup d’argent, on va en mission gratis, on trinque, on s’embourgeoise, on s’acoquine. Un vrai bordel. Oui, le football en République Cacaoyère, il ne se joue pas sur les stades et les terrains d’herbe verte. Il se joue dans les commissions, les fédérations, les ligues, les comités, les associations… C’est là-bas que se joue le football ! La présence comme acteur, membre dans ces petites coteries, ces « Cosa Nostra » garantie argent, privilège.
Pour réviser des textes : une commission. Après il faut normaliser : encore une commission. Pour rectifier : hop, par ici un autre « Comité de Rectification ». Et le citoyen de République Cacaoyère, rentier patenté, ne s’en trouve que fort aise.
Cinq Républiques Cacaoyères d’Afrique sont allés, malgré tout, jouer au football à la coupe du monde du Brésil tout le mois de juin. Une bonne partie est sortie au premier tour de la Compétition dont les « terreurs » des savanes africaines qu’on appelle « Lions Indomptables » et « Eléphants ». Dans les délégations officielles, il y avait plus d’officiels que de joueurs, plus d’accompagnateurs, d’accompagnatrices que de préparateurs des onze nationaux et leurs remplaçants. On se demande d’ailleurs pourquoi nos équipes qui statistiquement atteignent les quarts de finale de la compétition tous les 25 ans s’encombrent de 13 joueurs sur le banc de touche comme remplaçants. Résultats, une dizaine de joueurs vont se rouler les pouces pendant les seuls trois matchs du premier tour auquel nous sommes habitués, vont glander dans les malls et centre commerciaux à acheter des souvenirs et empocheront quand même des dizaines de millions de Francs de République Cacaoyère. Bon, on vous a dit que nous, nous sommes des rentiers patentés, qui ne semons jamais, mais voulons récolter partout.
« Bilan largement positif » : un carton rouge, 9 buts encaissés
Une délégation d’officiels d’une de nos Républiques Cacaoyères d’Afrique a été tellement obèse dans son nombre autant que dans le nombre de ses bagages que des clients de l’hôtel Sheraton de Vitoria se sont demandé si cette délégation « allait vivre ici ». On pouvait les comprendre, avant le match Cameroun-Croatie ; les Lions Indomptables, grisés par un match nul en trompe l’œil face à l’Allemagne en match amical, il y avait quelques raisons de voir l’équipe durer dans la compétition jusqu’au mois de juillet. Bon, les Brésiliens, ne faites pas votre chichiteux, nous, citoyens de République Cacaoyère, on est comme ça, on profite de chaque occasion de la vie. Qu’est-ce qu’il y avait dans nos bagages ? Ben, un buveur de vin de palme patenté, ne voyage jamais sans avoir dans ses bagages sa mentalité, la bouffe de chez lui, les fringues de chez lui pour profiter des plages, des magasins brésiliens. Des vacances quoi ! Venus supporter l’équipe nationale ? Ben dis-donc, quelle équipe nationale ?
Des mecs qui ont « refusé » de prendre le drapeau du pays pour faire chanter la République afin de recevoir rubis sur ongle leurs primes de participation, il ne fallait pas avoir inventé la poudre pour comprendre que cette équipe allait rentrer au premier tour. Et donc, le voyage du Brésil, c’était simplement un prétexte, par ce que en République Cacaoyère, le football est un prétexte, il se joue dans les bureaux, les chambre d’hôtel, les business class d’avion, les comptes en banque, dans les couloirs…et jamais sur le terrain. Du coup, sur le terrain, une équipe comme les Lions Indomptables distribue des points, offrant à ses adversaires des scores à la « soviétique » (4-1). Les « Eléphants » de Côte d’Ivoire se sont fait éliminer comme des bleus, ayant déjà vendu la peau de l’ours grec, sans l’avoir tué. Là encore c’est connu, nous citoyens de Républiques Cacaoyères francophones, on a un problème avec la discipline, la rigueur, même dans le football.
Au moment de faire donc le bilan de la coupe du monde Brésil 2014 pour les équipes de Républiques Cacaoyères francophones, la coupe aura été pleine : Les Lions Indomptables ont remporté le trophée de la délégation officielle la plus obèse, inversement proportionnelle avec le nombre de supporters dans les tribunes. A côté du supposé coup de dents du requin d’attaquant Uruguayen Luis Suarez sur l’Italien Chiellini, nous avons inventé le Karaté-Football, avec un mémorable « otoshi empi uchi » (coup de coude en Karaté) de Alexandre Song sur le dos du joueur croate Mario Mandzukic. Les Lions Indomptables n’ont pas marqué un but avec la tête, mais on a découvert des talents cachés d’Assou Ekoto dans les coups de tête contre un joueur de son camp. Les Eléphants ont réussi l’exploit de tomber à quelques secondes de la fin du match en concédant un pénalty comme des apprenti-professionnels. Oui, comme le dit la publicité, le « futeball, ça pait playzer, mais le futeball c’est pas que du plaisir ». C’est de la rigueur …sur le terrain.
Malgré ce bilan calamiteux, ben c’est pas bien grave, en République Cacaoyère, comme en beaucoup d’autres choses, le football ne se joue pas sur le terrain, encore moins il ne s’y gagne : l’important est donc, en quelques jours, d’avoir admiré sur les plages de Copacabana et d’Ipanema, quelques popotins et nichons caramel des Brésiliennes, d’avoir fait quelques photos, du shopping, d’avoir biberonné quelques litres de caipirinha ; et voilà le vrai bilan de la coupe du monde pour les officiels.
Pour les joueurs, ben, avec des salaires payés à l’avance (primes), l’important était de participer, d’animer la compétition par un carton rouge en 3 match, un coup de tête contre un joueur de son camps, et 9 buts encaissés. « Bilan largement positif », donc : ces coups de tête et de coude sur le terrain, ce carton rouge, ces 9 buts encaissés, et ce ramdam à être payés avant de participer, ben c’était une manière de vendre l’image de marque de notre République Cacaoyère. Les autres équipes cacaoyères de football qui voudront apprendre à revendiquer leurs salaires avant d’avoir joué, qui voudront apprendre à faire des « attentats au coude » en plein terrain de football, ou encaisser 9 buts en 3 matchs lors de l’évènement le plus regardé dans le monde, ben ils viendront en République Cacaoyère.
NB : Les articles [Point de vue] ne reflètent en rien la position de la rédaction. Ce sont des articles d’opinion.