Revenir sur la question des primes aux footballeurs est un exercice qui me lasse. Notre sentiment à l’égard des primes est connu. Nous estimons qu’il faut payer cette rançon, parce que d’une part c’est une pratique largement répandue et, d’autre part, parce que la plupart des matchs sont monnayés par les instances dirigeantes du football. Cela dit, personnellement, je m’inscris en faux contre l’idée, risible au demeurant, que le pays doit quoi que ce soit à un quelconque footballeur et qu’un ministre de la République a pour mission de payer des primes.
L’avantage que présente le paiement de la prime, clairement corrélatif de son défaut, c’est de reconnaître une contribution exceptionnelle d’un citoyen. Les footballeurs, il n’y a pas à dire, ont contribué de façon plutôt positive à l’amélioration de l’image de notre pays dans le monde. Ce n’est pas rien. Le revers de cette situation, c’est que le moindre garçon qui tape sur une balle au Cameroun se voit investi d’une mission particulière pour laquelle le pays doit payer tribut. C’est une attitude détestable qui doit être flétrie comme un cancer qui détruira à terme notre football, déjà gravement malade.
Ce qui s’est passé en Chine avec les Lions Espoirs ne peut pas se poursuivre. Il y a des limites à tout. Une répugnante jacquerie de salon qui joue sur des ressorts connus, à savoir le chantage et la menace, une camarilla de gourmands qui ont la morgue de prétendre à un traitement de faveur parce que le football, voyez-vous, ce n’est quand même pas le 400 mètres haies, des jérémiades à longueur des Jeux, un entraîneur obligé de materner de grands garçons au lieu de se concentrer sur son travail, une équipe de professionnels qui arrive pratiquement en retard au terrain de jeu…
On eût aimé entendre que les footballeurs revendiquaient de meilleures conditions pour toute la délégation camerounaise aux Jeux. On eût aimé que ces garçons, forts de leur réputation, pèsent de tout leur poids pour le bien-être de tous les autres. Mais non. Sectaires, pleins de mépris, convaincus de nous tenir en otage, ne réclamaient-ils pas 20 millions, rien de moins, pour eux seuls, en guise de prime de participation ?
Encore une fois, que l’on verse donc n’importe quelle somme à n’importe qui. Après tout, les footballeurs sont sans doute convaincus que l’argent qu’ils réclament est bien là, et qu’il a été distrait pour des fins autres que celle pour laquelle il a été affecté. C’est connu, on est tous pourris au pays, la confiance n’est plus là. Soit. Seulement, les couillons de Camerounais, les gogos de supporters que nous sommes disent simplement ici qu’ils en ont marre et conseillent à nos vedettes d’oser enfin mettre leurs menaces à exécution. Si le Cameroun refuse de vous baiser les crampons, ne jouez pas ! On verra bien.