« manodana ma lol man nton i wom minsangaa »/la tentation à laquelle a succombé l’ancien de l’église est venue du champ de légumes (sagesse basaa).
Je découvre avec beaucoup de tristesse que Monsieur Zoah m’écoute sans doute, mais qu’il ne m’entend pas. Tous ces conseils que j’ai prodigués ad nauseam à ses nombreux et très largement lamentables prédécesseurs ne semblent pas avoir eu d’effet sur le MINSEP. La construction de stades semble être devenue le champ de légumes de la tentation pour tous les MINSEP qui, en dépit de tous les conseils, embrassent ce joker poisseux dont ils devraient plutôt chercher à se défausser à tout prix. Je mets donc en chantier, toutes affaires cessantes, l’oraison funèbre du MINSEP qui, c’est presque sûr, ne traversera pas le funeste équinoxe de mars.
Monsieur Zoah pense peut-être, parce qu’il a viré Madame Betala et qu’il est toujours là, qu’il n’a plus besoin de conseil. Il a tort. Un ministre de la République qui découvre, trois mois avant la clôture de l’exercice, qu’il dispose d’une dotation budgétaire sans doute conséquente qui devait financer une activité essentielle de son mandat, a besoin au mieux de conseils et, au pire, de béquilles. Monsieur le MINSEP a clairement besoin d’aide.
J’ai pourtant des raisons de battre froid au ministre et de le laisser se pendre tout seul. Un stade à Ngoumou et un autre à Matomb, qu’il dit. Entre ces deux localités, à vol d’oiseau, une cinquantaine de kilomètres à tout casser. Puisque l’idée est de construire deux stades qui se touchent dans la même province, pourquoi pas SongMbengué et Sipandang ? Même en faisant un crochet par SongBell, ce n’est pas plus loin, quand même ! Et puis, il y a cette « procédure d’urgence ».
Monsieur le ministre sait, je sais, mes lecteurs savent et surtout M. Mveng, la garde rapprochée de M. Biya à la Fécafoot, sait qu’il n’y aura jamais deux nouveaux stades au Cameroun entre septembre et fin décembre. Il n’y a donc pas d’urgence. Ou peut-être, juste un peu : il y a à Yaoundé un ambassadeur-pistolero-tonton-flingueur en liberté non surveillée qu’il faut désarmer au plus sacrant, comme disent les Québécois, qui sont pourtant de dévots catholiques.
En fait, j’ai bien compris M. Zoah. L’urgence n’est pas tant de construire deux stades que de dépenser, en trois mois, une enveloppe budgétaire bien garnie. De quoi il aurait l’air, notre MINSEP, je vous le demande un peu, s’il venait à rendre au Trésor cette enveloppe à peine ouverte ? Vous êtes prêts à accepter que M. Dion Ngute raille ? Que M. Essimi Menye gronde notre ministre pour sa non-prodigalité ? Que le ministre de l’¬Energie et de l’eau se paie la tête de notre MINSEP dans les circuits en ville ? Jamais. Pour toute la communauté sportive du pays, dépenser cet argent est une affaire de cojones. On est garçon ou non ? mouf midé !
Évidemment, il faut composer avec les règles relatives à la passation des marchés. Heureusement pour nous, une bonne dose d’inventivité n’a jamais tué personne. La preuve : Monsieur Seidou Mounchipou a épousé il y a moins d’un an, à plus de 60 ans, une jeunesse de 28 ans. Il est donc bien vivant.
Monsieur le ministre, je propose ma cousine. Dans le civil, elle vend des fleurs à Douala. Mais elle gagne des marchés à Yaoundé. Accessoirement, elle connaît un sous-préfet et un consul général bien introduit dans la capitale. Vous pouvez vérifier : la réhabilitation de l’aire de jeu d’un grand stade de Douala, c’était elle. Les mauvais esprits prétendent avoir vu des femmes de Ndom avec des houes sur la pelouse, mais qui s’est plaint ? Les gens sont méchants, vous savez ? Ma cousine va arranger ça pour vous : elle va soustraire sans mal, de votre conscience et de votre tirelire, cette terrible charge budgétaire qui vous pèse tant.
Mais cela ne changera rien à la fin. Vous êtes cuit, Monsieur le ministre. Et ce n’est ni Olembé, ni M. Melingui, ni les Chinois, ni les stades enfin, qui auront eu votre peau. C’est plus simple que ça. Si vous ne pouvez pas surveiller votre budget, Monsieur le ministre, que pouvez-vous vraiment surveiller ?