Il croyait être le meilleur d’entre tous et espérait pouvoir suivre les traces de George Weah. Si ses propos avaient fait penser qu’il avait l’étoffe pour gérer le football Camerounais, la réalité de Samuel Eto’o va se heurter à l’exigence des affaires et de la reddition des comptes des comptes. Et c’est là que l’acteur et le chef bandit ne feront plus qu’un.
Au cours de son allocution à la jeunesse le 11 Février 2024, Paul Biya parlant de la gestion du football disait :
Et très vite, la machine gouvernementale s’est mise en branle.
D’abord les auditions au Premier ministère. Y compris du président de la FECAFOOT qui s’est vu informé de la reprise de la gestion des équipes nationales par le gouvernement. Le rapport définitif sera transmis au chef de l’Etat ce vendredi. Puis le non renouvellement du contrat de Rigobert Song et de tout son staff par le ministre des Sports, Narcisse Kombi Mouelle. Mais, il y a plus grave : Le Tribunal Criminel Spécial a été instruit d’ouvrir une enquête sur la gestion de la Fécafoot et notamment des fonds publics par Samuel Eto’o.
L’enquête a été confiée directement au Commissaire Divisionnaire, OKO PETIT JOËL, chef de la division du corps spécialisé des officiers de police judiciaire du TCS ( (Matricule 570 370-F) et précédemment sous-directeur des enquêtes économiques et financières à la Police judiciaire.
L’Etat a donc activé ses leviers de pression comme ce fut le cas pour un certain Iya Mohammed en ouvrant de nouveaux dossiers au TCS qui viennent s’ajouter à ceux où le nom du président de la FECAFOOT avait été cité (affaire des salaires fictifs, oui Samuel Eto’o a bien disposé d’un matricule fictif de l’Etat).
S’agissant de l’enquête ouverte au TCS ce mois de février sur instruction du Président de la République, OKO PETIT JOËL doit examiner principalement deux choses. D’abord les fonds alloués par l’Etat à la FECAFOOT depuis l’arrivée de Eto’o Fils Samuel : près de 30 milliards Fcfa qui n’ont jamais fait l’objet de compte rendu d’utilisation ou d’audit. Mais plus spécifiquement les 2,7 milliards Fcfa avancés par l’Etat à la FECAFOOT pour la coupe du monde au Qatar avec la promesse de rendre sur le Prize Money attendu de la FIFA. Jusqu’à ce jour rien. Or le gouvernement a en sa possession des preuves que l’argent a été dilapidé.
Mais il y a le dossier le plus dangereux : celui de la gestion de l’équipementier ONE ALL SPORTS. Un dossier qui aura créé des frictions diplomatiques avec l’un des partenaires historiques du Cameroun, la France, et dont le coût des réparations devrait se chiffrer à plus de 10 milliards Fcfa. Dans un contexte de tension de trésorerie, qui va payer la facture ?
L’Etat sait depuis toujours que One All Sports est une coquille juridique vide puisque ledit contrat ne figure dans aucune notification fiscale de l’administration encore moins dans le propre budget de la Fédération. Il demande à Eto’o ce qui n’existe pas, et évidemment il ne peut produire ce qui n’existe pas. C’est alors qu’il lui sera posée la fameuse question : puisque One All Sport met à la disposition de la Fecafoot 650 millions FCFA d’équipements, l’Etat peut-il objectivement ne rien budgétiser sur cette rubrique ? Or l’Etat n’ignore rien de la manigance puisqu’il budgétise l’achat d’équipements alors que la Fédération dispose d’un équipementier.
En fait d’équipements, la Fecafoot en est fournie à la petite semaine en fonction des compétitions. Du coup, soit Eto’o en fabrique pour 650 millions FCFA pour se conformer à ses propres déclarations publiques, soit il renonce, ce qui est très probable, ouvrant la voie à sa responsabilité personnelle dans la rupture du contrat avec le Coq Sportif. Rappelons que One All Sport doit verser chaque année et ce pendant trois ans, selon les propos de Samuel Eto’o, un milliard de FCFA auxquels s’ajoutent 650 millions d’équipements par an. Le dossier est donc inéluctablement explosif.
Pour finir, soulignons au passage que cette enquête au TCS vient se greffer à celle en cours à la police judiciaire pour trucage des matchs et celles en cours à la CAF et la FIFA dont les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines.
Par Boris Bertolt