André Onana et le sélectionneur Rigobert Song sont en train de jouer au poker menteur. Mais le constat évident c’est que les plaies béantes laissées par le départ prématuré du gardien des Lions Indomptables en pleine coupe du monde ne se sont jamais refermées. A l’observation, on peut lire entre les lignes que le sélectionneur se serait bien passé d’André Onana, si c’était une simple affaire, et c’est la raison pour laquelle il a pris quatre gardiens dans sa liste. De l’autre côté, pas besoin d’être sorcier pour voir qu’André Onana traine les pieds, qu’il n’est pas focalisé à 100% sur cette CAN.
Et c’est là que commence le poker menteur parce que chacun veut faire semblant, pour ne pas assumer les conséquences de ce qui adviendra. Sauf que la situation est déjà pourrie. Le sélectionneur n’a jamais expliqué ce qui s’était réellement passé pendant la coupe du monde. Du coup, à tort ou à raison, grâce ou à cause de ce manque de communication, la grande majorité a pris fait et cause pour André Onana, qui était considéré comme victime dans l’affaire. La lettre adressée à son club de l’époque, l’Inter Milan n’a pas arrangé les affaires.
Mais une fois que tu décides de passer l’éponge sur l’affaire et de revenir à l’équipe nationale, peu importe les conditions, tu dois être exemplaire, et jouer le rôle de cadre que tu es. Cette équipe du Cameroun n’est pas la grosse machine des années 2000 qui avait au moins huit patrons : Rigobert Song, Raymond Kalla, Marc Vivien Foé, Geremi Njitap, Patrick Mboma, Samuel Eto’o, Alioum Boukar, Pierre Womé, Lauren Etame Mayer… Elle a un énorme déficit de cadres. On le sait, Aboubakar est un leader sur le terrain. En dehors, il n’est pas très expressif. Zambo Anguissa a du mal à assumer, peut-être ne le veut-il même pas. Toko Ekambi n’est plus en forme. Choupo Moting est absent.
Et pour ces raisons, André Onana ne peut pas raisonnablement imaginer qu’il va jouer un match le 14 janvier avec Manchester United, prendre l’avion la nuit, arriver le lendemain et être opérationnel pour jouer avec le Cameroun. Je suis toujours surpris d’imaginer que la FECAFOOT ait donné son accord pour ce deal. Je fais partie de ceux qui ont expliqué qu’avant André Onana, Emmanuel Koum, Roger Milla, Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell et Samuel Eto’o ont fait des navettes ou obtenu l’autorisation pour une arrivée différée. Mais c’était dans un contexte différent, à une époque où les clubs n’étaient pas obligés de libérer les joueurs africains pour la CAN.
Le cadre légal a changé. André Onana joue à Manchester United avec un autre international africain, le marocain Sofyan Amrabat, qui est actuellement en Côte d’Ivoire avec sa sélection. Si j’avais pu donner un conseil à André Onana, c’était de lui dire de s’abstenir de venir à cette CAN, depuis son retour contre le Burundi, parce que le piège va se refermer sur lui. S’il maintient son arrivée dans la tanière le 15 janvier, je crois qu’il tient lui-même le bout de la corde qui est en train d’être tissée, et par laquelle il sera pendu, et il aura mis sa contribution. On peut être victime au départ et perdre le soutien populaire à l’arrivée. Quand tu es un joueur cadre, ton pays t’appelle, tu viens.
Dr Claude KANA