De la chaude Afrique à la « Sibérie » franc-comtoise après être passé par la Bretagne, Yaya Banana (20 ans) a vécu un début d’année très contrasté. Avec en prime, une place de libero devant la défense sochalienne, là où on ne l’attendait pas forcément. Impressions.
Yaya Banana, le jeune camerounais, sait ce qui l’attend sous le maillot sochalien. Des hivers froids, voire très froids, et un dur combat en Ligue 1, cette saison au moins. Si les premiers l’ont surpris, le second était prévu. Et si au dernier mercato hivernal, il a apposé sa signature au bas d’un contrat de quatre saisons et demi au FCSM, c’est bien pour être de la partie. Avoir été titularisé à Rennes lui a donc apporté beaucoup de plaisir même si, à l’image de toute la troupe doubiste, il a pu mesurer que le chemin du salut était encore long. Mais ce grand gaillard longiligne (1,92m, 88kg), élu parmi les onze meilleurs joueurs d’Afrique, calme, posé et «discipliné» dit-il se veut optimiste mais conscient aussi que la venue d’Auxerre sera un tournant samedi soir.
Yaya, le Cameroun pour lequel vous avez été sélectionné dernièrement n’était pas à la Coupe d’Afrique. Avez-vous, malgré tout, jeté un œil sur cett CAN ?
Non, pas vraiment. Mais je savais qu’en l’absence de l’Égypte, du Cameroun, du Nigéria, il y aurait une surprise. Cela a été le cas. La Zambie a mérité la finale d’après ce que j’ai entendu. Tout le monde le dit. Ils se sont battus jusqu’au bout.
Au Gabon, il faisait plus chaud qu’en Franche-Comté. De cela , on est sûr? Vous aussi?
Oh oui (rires). Je connaissais un petit peu le froid mais pas trop, pas comme ça. J’ai eu très froid. Au début, ce n’était vraiment pas facile.
Comment s’est passée votre adaptation ?
Cela n’a pas été pas facile car je viens du football en Afrique et ce n’est pas le niveau de la Ligue 1. Je me suis préparé psychologiquement et physiquement. Je savais que le début serait extrêmement difficile. Il faut toujours un petit temps d’observation, voir comment ça se passe. Je me suis bien intégré. Là, c’est bon.
Et puis, en arrivant, j’étais à l’hôtel avec Thierry Doubaï. J’ai donc noué des liens avec lui et cela m’a aidé à me mettre dans le bain. Après, je ne fais pas de distinction entre jeunes et moins jeunes dans le groupe. Je rigole avec tout le monde. Là, je suis même en train de préparer ma chanson d’arrivée mais je ne vous donnerai pas d’indice.
Vous avez débuté à Rennes dans un poste de milieu. Avez-vous été surpris, vous que l‘on connaissait surtout comme défenseur axial ?
À l’entraînement, au cours de la semaine, le coach m’a demandé si je pouvais jouer milieu défensif. J’ai été formé à ce poste-là. Ce n’est donc pas une gêne pour moi. Si en Tunisie, j’ai évolué le plus souvent en défense, j’ai des repères au milieu puisque j’ai seulement basculé en défense avec la sélection des moins de 20 ans du Cameroun. J’avais d’ailleurs été sélectionné au milieu mais le coach m’avait fait évoluer derrière, eu égard à mon gabarit et ma lecture du jeu. En Tunisie, j’ai joué seulement trois ou quatre matches au milieu.
Avez-vous une préférence entre ces deux postes ?
Je suis polyvalent, j’estime que c’est bien, que c’est un atout. On a plus de chance de jouer et cela apporte également un plus à l’équipe. Je préfère me trouver en défense car c’est là que j’ai le plus joué. Mais au milieu, je peux me sentir bien.
Êtes-vous sorti satisfait de votre prestation ?
Pour mon premier match, je m’attendais à ce que cela ne soit pas facile. Au début du match, j’ai pris un carton après 20 minutes. C’était trop tôt. Je me suis dit que l’arbitre avait été trop vite mais aussi que cela venait de moi, qu’il fallait faire attention. Après, ce poste de milieu défensif demande beaucoup de travail et surtout de respecter les consignes du coach
Qui étaient ?
De ne pas me laisser emporter devant. Je devais contrôler, balayer devant la défense. J’ai respecté ça. Dans l’ensemble, ce n’était pas trop mal. J’étais préparé psychologiquement à la difficulté. Une fois lancé sur le stade, l’essentiel est de pouvoir se donner à fond. Je me suis senti bien physiquement et j’ai pu finir le match. Malheureusement, nous sommes rentrés avec une défaite.
Le temps ne va-t-il pas jouer en votre faveur ?
Si je commence à avoir du temps de jeu, oui, je vais me sentir plus à l’aise dans le jeu. Vous savez, ce n’est pas facile de trouver des repères car les autres ne m’attendaient pas à ce poste. Et en première mi-temps, c’est l’équipe entière qui n’a pas réussi à poser le ballon. C’est ça qui a causé les difficultés. Nous n’étions pas en mouvements et les espaces ne se créaient pas. On s’est réveillés mais c’était trop tard.
La situation, aujourd’hui, est délicate. Comment sentez-vous ce groupe que vous avez découvert ?
Quand je suis arrivé, j’ai vu que l’équipe était très jeune mais qu’elle a l’envie d’aller de l’avant. Ça m’a fait du bien. Le groupe se bat. Je sens une réelle envie de s’en sortir. Ça se voit à l’entraînement et, dans le vestiaire, on se parle beaucoup. On sait, comme l’a dit le coach après Rennes, qu’en sortant d’un match, il ne faut pas avoir de regrets. Après, individuellement, on se dit tous que ce n’est pas normal de perdre comme ça. Qu’il faut se réveiller. On doit se réveiller, mais la confiance est là car il y a la volonté.
Celle de battre absolument Auxerre samedi soir donc ?
Franchement, après le match perdu à Rennes, on s’est dit de regarder devant avec ce rendez-vous avec Auxerre. On a la chance que ce soit chez nous. Il faut tout donner pour gagner ce match. Le groupe est conscient qu’il va falloir s’imposer à tout prix.