Plutôt discrets en championnat ces dernières années, les Pericos (Perruches), surnom des joueurs de l’Espanyol de Barcelone, font cette année beaucoup de bruit. Ils ont, en effet, fait leur nid au quatrième rang de la Liga, une place méritoire qu’ils doivent en partie au Lion indomptable chargé de garder leur cage : Carlos Idriss Kameni.
Car en plus d’un entraîneur inspiré, Mauricio Pochettino, d’individualités talentueuses telles que le stratège argentin Pablo Osvaldo, l’équipe catalane peut en effet compter sur un gardien camerounais au sommet de son art. Son 200ème match de Liga contre le Sporting de Gijón, dimanche dernier (1:0) en a d’ailleurs été une parfaite illustration. Et l’occasion pour FIFA.com de s’intéresser à lui.
« 200 matches avec le même club, c’est un chiffre important que je n’envisageais même pas quand j’ai signé à l’Espanyol à l’été 2003. J’arrivais d’un club que beaucoup de monde ne connaissait pas ici, dans un des championnats les plus huppés du monde. J’y suis arrivé à force de travail et de courage », savoure aujourd’hui le héros de tout un club.
Gloire et désespoir
Celui dont il provenait alors s’appelle Le Havre. Le club doyen français a déniché cette perle rare en 1997, un an après que son compatriote Samuel Eto’o y a fait un essai non concluant. En sélection, Kameni se fait rapidement une solide réputation. En 2000, il honore sa première sélection avec les A, et devient même médaillé d’or au Tournoi Olympique de Football Masculin, Sydney 2000, arrêtant au passage deux tirs au but en finale contre l’Espagne. Il n’a que 16 ans et devient un héros national. Paradoxalement, ses exploits avec les Lions indomptables ne font pas écho en Normandie. Kameni ne joue pas.
Le calvaire chez les Ciel et Marine dure jusqu’en 2004, entrecoupé par un prêt à Saint-Etienne peu convaincant. « Le Havre m’a fait grandir, mais ne m’a jamais donné ma chance », constate t-il avec le recul. La légende camerounaise, Thomas N’Kono, entraîneur des gardiens à l’Espanyol a davantage confiance en lui. Il en fait son digne successeur après avoir lui-même gardé la cage des Pericos de 1982 à 1991. Il ne va pas être déçu…
Dés les premières semaines, Kameni multiplie les exploits, stoppant notamment trois penalties sur trois tentés par Ronaldo, Julio Baptista, et Jorge Lopez. L’Espanyol déjouera tous les pronostics, atteignant la deuxième place à mi-parcours avant de s’écrouler sur la fin. Quoi qu’il en soit, le Lion indomptable a enchaîné 38 matches et a définitivement été adopté par le public du Cornellà-El Prat.
La suite ? Ce sont des années ponctuées par plus ou moins de succès collectifs. Il remporte notamment la Coupe du Roi en 2006, mais perd la finale de la coupe de l’UEFA contre le FC Séville en 2007. En sélection, il est incontournable, mais échoue en finale de la Coupe d’Afrique des nations de la CAF 2008. Ses prestations individuelles demeurent, elles, régulières dans le haut niveau. Fernando Torres, fin connaisseur, en fait même le « meilleur gardien qu’il ait rencontré. »
Dilemmes et problèmes
Aujourd’hui, Kameni est en concurrence avec l’excellent gardien argentin Christian Alvarez. « Avoir à choisir entre Cristian et Carlos, est un problème mineur, pas un dilemme », constate Pochettino. « Il est préférable d’avoir deux grands gardiens, d’avoir à en choisir un, et de me casser la tête à chaque fois que je fais une composition d’équipe. » Dans les faits, le Camerounais, avec ses 10 matches disputés, semble avoir une longueur d’avance : « Nous partons sur un pied d’égalité, mais j’entame toutes les saisons avec la même envie, comme un gamin qui va débuter au collège avec la volonté de faire mieux que la saison passée », explique-t-il.
Son regard sur le parcours des Blanquiazules en championnat ne détonne d’ailleurs pas : « Il nous reste encore beaucoup de route à parcourir, mais rêver de Ligue des champions ne nous est pas interdit. Nous sommes ici grâce à notre propre mérite et nous devons en profiter. Tout cela est dû à notre travail et nos efforts, et il faut poursuivre ainsi. Nous ne devons pas nous éloigner du chemin que nous avons tracé. »
Plus à un paradoxe près, c’est aujourd’hui, à 26 ans, et à son meilleur niveau que Kameni a toutefois perdu sa place de numéro 1 dans les buts de la sélection au profit de Guy Roland Ndy Assembe. S’il a suivi du banc de touche l’échec des Lions indomptables à la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010, l’arrivée de Javier Clemente en sélection camerounaise pourrait à nouveau changer la donne.
Clin d’œil du destin, le tacticien espagnol a marqué de son empreinte un club, pour l’avoir entraîné à trois reprises, et porté en finale de Coupe de l’UEFA 1988 : l’Espanyol…
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