Malgré les relances des Ukrainiens du Metalurg Donetsk et des Espagnols de Majorque, Rigobert Song a finalement signé dimanche un contrat de trois années plus une avec les Turcs de Galatasaray. L’ancien Capitaine lensois a succédé ce midi dans le Hall du centre technique de la Gaillette à un autre Sang et Or, passé quelques minutes auparavant dire au revoir à ses équipiers et aux dirigeants du RC Lens.
Le retour du Camerounais, double vainqueur de la CAN 2000 et 2002, à la Gaillette fut empreint d’émotion. « Quand j’ai quitté les copains au soir du dernier match, au Mans, je ne pensais pas à un autre club. Je souhaitais finir au moins mon contrat à Lens, y connaître les joies d’un trophée. J’aurais effectivement aimé gagner quelque chose ici » affirme Rigo.« Mais le club m’a fait savoir qu’il avait deux ou trois grosses propositions pour moi. A partir de là, je suis professionnel et j’arrive à un âge (NDLR : 28 ans le 21 juillet) où il faut réfléchir à sa carrière. J’ai parlé avec le Président Martel et avec Francis Collado et la piste de Galatasaray a paru la plus sérieuse. Sur tous les plans, l’Ukraine, c’était l’inconnu. En revanche, le club turc est un habitué des Coupes d’Europe et les dirigeants ont de grosses ambitions. Ils ont envie de rebondir après une mauvaise saison (NDRL : quatrième et non qualifié en Coupe d’Europe). Pour l’année du centenaire du club, ils procèdent à un gros recrutement avec le Brésilien du Real Flavio Conceiçao, le retour de Akan Sukur, etc. Et il y a aussi un très bon gardien que j’ai connu à Metz, Farid Mondragon. »
« Je me suis sacrifié pour le club »
Même s’il parait fier de rejoindre un grand club européen, Rigobert Song ne manque pas une occasion d’évoquer son passage en Artois. « Je dois remercier Lens car si des clubs ont pensé à moi, c’est grâce au club nordiste. Quand je suis arrivé il y a deux ans, je venais de Cologne et tout le monde m’avait oublié. Je n’oublierai jamais l’accueil reçu ici par les dirigeants, joueurs et supporters. Je regrette simplement de ne pas avoir de palmarès avec les sang et or. Et pourtant, ajoute le même, il y avait de quoi réussir. Il y avait un potentiel, je n’ai jamais douté de l’effectif mais on a peut-être pas eu la réussite qu’on méritait . » Song finira par avouer qu’il part peut-être trop tôt. « Je suis certain que cette année, ça va marcher pour le coach et les gars. »
A cette occasion, le Camerounais, auteur de trois buts en soixante-trois matches de L1 avec le RCL, en profita pour tirer un coup de chapeau à l’entraîneur qui le lança dans le grand bain de l’élite en 1994 à l’occasion de la venue de Lille à Metz : « Même quand j’étais moins bien ou même mauvais, le coach a toujours fait le nécessaire pour moi. Il m’a soutenu car il voyait bien que je ne baissais jamais les bras mais que j’étais peut-être fatigué par mes nombreuses sélections nationales. »
Alors c’est peut-être aussi pour cette raison que Rigobert Song a accepté de quitter l’équipe lensoise à mi-chemin de l’aventure. « J’ai eu d’excellentes relations ici avec les dirigeants et les coaches. J’ai compris que mon départ allait leur rendre service sur le plan financier. J’étais l’un des joueurs le mieux payé. Je me suis sacrifié pour le club et je ne le regrette pas. Le Président souhaitait des départs pour rebâtir un groupe. En acceptant, je rends ce qu’il m’a donné il y a deux ans lors de mon arrivée. » Et surtout, les deux hommes vont garder un bon souvenir de leurs deux années passées ensemble.
Par Laurent Marly