Nouvel international camerounais, Tony Tchani détonne par son parcours atypique. Arrivé aux Etats-Unis à 16 ans pour y poursuivre ses études, le milieu de terrain de Columbus impressionne en MLS et rêve de participer à la CAN 2017 au Gabon. Rencontre.
Allongé sur une table de massage, Tony Tchani ose un léger rire. Après plusieurs mois agités qui l’ont mené de Columbus, ville de son club, jusqu’à la Californie pour un camp d’entraînement avec la sélection américaine en janvier, avant de se rendre à Limbé et de rejoindre l’équipe nationale camerounaise, le milieu de terrain paraît soulagé. Heureux de son choix.
Révélation de la saison passée en Major League Soccer, le natif de Bafang, 27 ans, s’est retrouvé face à un sérieux dilemme, la faute notamment à une légère blessure en novembre dernier. Convoqué pour la première fois par le staff des Lions Indomptables après une année remarquable, l’ex-coéquipier de Thierry Henry avec les Red Bulls de New-York doit repousser l’appel, quelques semaines avant de s’incliner en finale du championnat face à Portland. Le début des tourments.
« Porter le maillot d’Eto’o et de Marc-Vivien Foé, un honneur »
« C’était frustrant. Longtemps, j’attendais d’avoir ma chance. Ça n’arrivait pas et je me concentrais sur mon club », se rappelle Tony Tchani, suivi attentivement durant de longs mois par Jürgen Klinsmann, le sélectionneur allemand des Etats-Unis, qui le convie à une rencontre amicale contre l’Islande le 31 janvier auquel il participe durant une vingtaine de minutes.
Si, un temps, son cœur balance, l’intéressé n’hésite pas avant d’enfiler finalement la tunique camerounaise le 26 mars dans les cadres des éliminatoires pour la CAN 2017, à la demande du Belge Hugo Broos. Un choix définitif.
« Les Etats-Unis, c’est ma deuxième maison, mais le Cameroun a toujours été dans mon cœur. Le choix n’a pas été difficile à prendre. Porter le maillot d’Eto’o, de Marc-Vivien Foé et de tous ces grands joueurs que j’ai suivis en grandissant, c’est un honneur. »
Diplômé en business avant de rejoindre la MLS
Mais le doute ne s’est pas installé dans l’esprit du coéquipier du Sierra-Léonais Kei Kamara, meilleur buteur de MLS l’an passé, sans raison. Arrivé aux Etats-Unis à l’âge de 16 ans, Tony Tchani n’a pas quitté le continent africain pour débuter une carrière, un ballon au pied, de l’autre côté de l’Atlantique.
« Ce n’était vraiment pas la priorité de ma mère, sourit l’intéressé, futur champion universitaire 2009 avec un établissement situé en Virginie. Elle était assez stricte, elle voulait que je décroche mon diplôme en business ». Une mission accomplie avec succès avant d’être drafté au 2ème rang quelques semaines plus tard par les New-Yorkais des Red Bulls. Le début d’une fructueuse ascension en Amérique du Nord.
« La MLS n’est plus un championnat pour retraités »
Echangé à Toronto puis envoyé à Columbus fin 2011, Tony Tchani se développe avant d’impressionner la saison passée par ses qualités athlétiques et son sens du jeu. Animateur de la surprenante formation basée en Ohio, le Camerounais progresse au même rythme que sa ligue : avec rapidité.
« Ce n’est plus un championnat pour retraités, soutient-il. Beaucoup de choses ont changé depuis mes débuts. À présent, les équipes ne se contentent plus de vouloir gagner, elles veulent pratiquer du beau jeu. Les systèmes ont changé et la MLS est plus attrayante. Elle n’est plus seulement physique mais aussi technique. »
Alors qu’il assure recevoir « beaucoup d’appels de jeunes joueurs en Europe » qui souhaitent rejoindre l’Amérique du Nord, ce fan de Chelsea ne se montre pas empressé de quitter l’Amérique. « Il faudrait un projet, des conditions de jeu, un bon coach. Moi, je rêve de gagner la MLS. »
Avant de rejoindre ses nouveaux partenaires camerounais au Gabon pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations ?
Par Romain Schué
JEFF ZELEVANSKY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP