Une fois n’est pas coutume la Ligue 2 nous a montré quelque chose d’innovant hier soir. Une partie de très haute tenue au plan technico-tactique ? Non ! N’allons pas jusqu’à cette illusoire extrémité. Mais mine de rien, Laval et son complice du soir, Sochaux, ont peut-être réinventé le concept du match de la peur… « 100 % débridé ». Dans des conditions aussi terribles où la défaite de trop vous est interdite, on a souvent droit à la pire des trames scénographiques. Le néant total.
Des équipes qui ne se lâchent pas et concentrent tout sur les efforts de sécurité. Là, pour comprendre ce drôle de duel, c’est très simple. Prenez ces mêmes fondamentaux et considérez qu’ils ont été traités à l’inverse. Tout s’est vite dessiné en ce sens du reste. Dès la 4e minute, un premier pli était pris dans l’inédit. La défense trop inattentive de Sochaux (inviolée 270’) depuis fut sauvée par un… super Werner. Un Olivier assez fort sur ses racines pour offrir deux sauvetages miraculeux devant Alioui. Qu’ont immortalisé les caméras de BeIn ? Un premier stop sur une reprise à bout portant suivie dans la foulée d’un second arrêt du feu de Dieu sur tentative de bicyclette.
Le temps fort « Tango » débutait à peine. Mais Sochaux a encore pu compter sur son Jesus belge pour s’en sortir. À la 13e minute, précisément. Moment où Sochaux dormait toujours. Une main dans la surface de Florian Tardieu venait de générer un penalty. Cette fois, Olivier Werner a eu le nez creux dans l’acte d’anticipation bien plongé comme un chat sur la frappe sèche à ras de terre d’Alla.
Il n’en fallait pas plus pour enfin réveiller ces visiteurs moribonds. Le plan A de Laval tombé à l’eau, les débats ont pu s’équilibrer. Sochaux a peu à peu commencé à arpenter la sortie du tunnel par de bons contres. Une meilleure tenue du ballon. Et cette percussion clé d’Hadi Sacko sanctionnée d’un penalty par M. Palhies (18e ). Les images calées au ralenti montrent bien une poussette de Monfray. Toko Ekambi a surtout validé la sentence avec sang froid.
Un Sochaux réaliste ? Il fallait se frotter les yeux pour y croire. Se pincer les joues, les mains.
Sao fait le break à la 90e !
Le préposé au tableau d’affichage a pu souffler un peu après ce coup de semonce. Plus rien à faire de concret jusqu’à la pause. Mais le rythme de jeu, lui, n’a jamais baissé. Feu aux fesses, par ce menaçant rapproché de Sochaux (16e virtuel du classement), Laval a remis le couvert dès le retour des vestiaires. Sa chasse effrénée au but égalisateur a remis Werner en valeur (53e et 55e ) sur des frappes « longue distance » de Couturier et Alioui.
Auparavant, une nouvelle reprise de ce dernier avait été envoyée hors cadre ! Dans le seul instant d’impuissance du cerbère sochalien ! Une pancarte à l’entrée du stade aurait dû prévenir les cardiaques de s’abstenir ! Car Sochaux a dès lors joué les Fort Alamo, forteresse imprenable y compris après la sortie problématique sur blessure d’Adolphe Teikeu. Onguéné déjà forfait pour cette sauterie, Sochaux était appelé à tenir dans l’axe avec l’attelage Tardieu/Gibaud et Ilaimaharitra en renfort au milieu. Berenguer avait déjà été injecté à la sauce pour relever Martin. Qu’a fait ce Sochaux new-look dans cet ultime quart d’heure ? Le mur tout simplement, mais il a aussi ajouté ce formidable but de délivrance signé Moussa Sao au terme d’un nouveau contre mitonné aux petits oignons.
À 2-0, la messe était dite pour Laval. Mais après ce coup de massue parfait, sa grinta désespérée lui a permis d’inscrire le but de l’honneur, œuvre de Monfray (95e ). Pas de quoi bouleverser la donne. Sur le coup de sifflet final, Sochaux restait vainqueur, auteur probablement de sa victoire déclic en vue du maintien. Aujourd’hui en tout cas, le FCSM est sorti de la zone rouge. C’est un 16e requinqué qui vient talonner sa victime du jour à 2 points. Sacré championnat de Ligue 2 !
François DIDION