Comme les autres mondialistes olympiens, le Camerounais a commencé sa préparation. Son expérience récente le pousse à se fixer dans un rôle précis pour gagner en performance et régularité. Arrivé au mercato d’hiver, Salomon Olembé ne revendique rien. « La seule garantie qu’Alain Perrin peut me donner est de me laisser m’exprimer. » – Photo Florian LAUNETTE
Les bras croisés, le visage détendu, Salomon Olembé n’a pas changé: disert, disponible, il discute tranquillement sans s’agacer, sans aucune variation de décibels.
Après trois semaines de vacances, ne lui ayant pas permis d’oublier totalement la prestation en demi-teinte des « Lions indomptables », Salomon a entamé sa préparation physique. Quarante-huit heures après ses premières foulées, il évoque ses certitudes, ses attentes…
– Salomon, la coupe du monde est évacuée ?
« Pas totalement. J’ai vécu une grosse déception, le résultat de notre sélection est très en deçà de nos ambitions. J’ai appris que quelle que soit la richesse d’un effectif, rien n’est acquis. J’espère que cette expérience me servira pour ma vie en club. »
– Justement, votre club c’est l’OM. Vous retrouvez la Commanderie en travaux, un nouveau président, un nouvel entraîneur. Vous parvenez à garder vos repères ?
« Nous savions qu’il y aurait du mouvement positif, les paroles sont, semble-t-il, suivies d’actes. Je suis satisfait de l’environnement que je découvre, de l’ambiance, des propos qui sont tenus. »
– Comment imaginez-vous la suite ?
« Il me semble que chacun a envie de tirer vers le haut. »
– Vous n’avez pas vécu la préparation de la saison précédente qui n’avait pas placé le groupe dans des dispositions idéales pour le début de la compétition…
« La clé d’un bon championnat, c’est le départ et tous les détails qui le précèdent. Prenons le cas de la coupe du monde: toutes les équipes ayant raté leur entrée ont été éliminées rapidement. Une bonne préparation peut créer une bonne dynamique et, fort de cet atout… »
– Ce que vous ressentez aujourd’hui aide à évacuer la frustration de la saison dernière ?
« Dans un milieu où tu sens la sérénité, tu comprends vite qu’il est urgent de retrouver l’intégralité de son potentiel pour être le plus rapidement possible au niveau des autres. »
– Vous doutez ?
« Non, non, ma confiance est même renforcée. Dès la fin du championnat, beaucoup de choses ont été mises en place avec la nomination rapide d’un manager qui a rassuré moralement beaucoup de joueurs. Une période que le club n’a pas connue depuis fort longtemps… »
– Arrivé au mercato, vous n’avez pas toujours joué à votre poste de prédilection ?
« Mon problème est ma polyvalence. Lorsque je suis arrivé, j’étais censé évoluer côté gauche. Or, il y avait des problèmes défensifs au milieu, j’ai donc été appelé à me repositionner vers un poste où, souvenez-vous, j’avais débuté la saison à Nantes. Passer d’une fonction défensive à une autre plus offensive sur le flanc gauche ne me pose finalement aucun problème. »
– Vous dites que votre polyvalence est un problème, cela reste une richesse, non ?
« Jusqu’à un certain point. J’ai la certitude qu’à un certain niveau, ça devient problématique. Aujourd’hui, le football, s’appuie sur des joueurs spécialisés, capables d’être performants régulièrement sur leur rôle. « Jouer dans des zones différentes m’a énormément appris, permis de mieux comprendre, sentir le jeu. J’ai surtout saisi que je devais me spécialiser: plus on se concentre sur un rôle, plus on développe les automatismes et acquiert de l’expérience, plus on s’adapte facilement à des situations de jeu données. » « Sans confiance personnelle dans un groupe de 30, autant changer de club »
– Eprouvez-vous le besoin d’éclater à Marseille ?
« Besoin n’est pas le terme, je sais que j’en ai les moyens. Je suis plus à la recherche des moyens qui étaient les miens à Nantes lorsque j’ai été champion de France pour gagner en régularité, en performance. Tout semble se mettre en place pour qu’il en soit ainsi. »
– Le club vous a accordé une grande confiance en vous préservant dans l’effectif ?
« Dans un groupe oscillant entre 30 et 40 hommes, celui qui n’a pas de confiance personnelle a tout intérêt à changer de club. Le simple fait de s’entraîner avec des mecs ayant tous le niveau de L1, tous susceptibles de débuter une rencontre, est une motivation pour ne pas s’endormir, pour tirer le collectif vers le haut. »
– Alain Perrin vous a-t-il donné des garanties d’être titulaire ?
« Non, d’ailleurs je ne lui demanderai pas. S’il me les donne, cela signifie que je ne suis pas en concurrence, donc que j’ai le loisir d’entreprendre ce que je veux. Je n’ai pas été employé pour ça. « La seule garantie qu’il peut me donner est de me laisser m’exprimer. Si j’en bénéficie, ensuite à lui de me juger, de voir comment je peux être intégré dans son projet de jeu. »
– Etes-vous marqué physiquement ?
« Je suis une pile déchargée. Dans quinze jours, nous y verrons plus clair, j’aurai retrouvé une grande partie de mes moyens. Vous savez, depuis que je suis professionnel, je n’ai accompli qu’une seule véritable préparation. Je rentre de trois semaines de vacances, il y a des années que je n’avais pas profité d’autant de largesses. Il y a tout juste douze mois, rentrant des éliminatoires de la coupe du monde avec le Cameroun, j’avais bénéficié d’une semaine de vacances. En rentrant, j’avais été titularisé pour le Trophée des Champions alors que je n’avais pas une semaine d’entraînement dans les jambes. Après 45 minutes, j’étais cramé, incapable de mettre un pied devant l’autre. »