Le représentant légal du défenseur de Neuchâtel Xamax avant sa majorité monte au créneau. Disposant en théorie de 50% des droits du joueur depuis son arrivée à Olé Brasil, qui tenait l’autre moitié, il n’a rien touché du prêt de Bikana aux Corinthians, ni de son transfert à Neuchâtel. Mais l’histoire mêle aussi un côté plus sentimental.
« Bikana, c’est mon joueur », annonce d’emblée Raymond Hans. Davantage qu’un agent, ce Camerounais est un réel manager pour des jeunes joueurs, leur permettant de se sortir de la misère. « Je l’ai placé au Pouma FC, un club que je sponsorise. Il a fait ses classes là-bas. Pendant trois ans, je l’ai suivi, j’allais voir le coach, savoir s’il était en forme et m’inquiétait pour lui. » Dans une famille sans moyen, Vincent Bikana ne pouvait assouvir ses rêves de professionnalisme seul. « Il fallait le sortir de là. Sa famille m’a donné l’accord pour que je sois son représentant légal. » Après une préparation physique et psychologique en sa compagnie et de nombreux frais payés par Hans, le défenseur s’envole au Brésil, pour Olé Brasil. Le deal ? 50% des droits pour le manager, 50% pour le club. Morceau de viande sur crampons, Bikana n’est pas encore majeur à son départ. « Pourtant, ils lui ont fait signer un contrat sans ma présence, qui aurait dû être invalidé vu qu’il était mineur. » Le début d’une longue série d’imbroglios.
« L’enfant ne me répond plus, sa famille lui a interdit »
S’en suivent un prêt aux Corinthians et un transfert à Neuchâtel, où le manager ne touchera rien. « Je n’ai jamais vu le papier du transfert entre Olé Brasil et Neuchâtel et donc, combien ils ont donné. On parle de 600 000 euros mais je n’en sais rien. » Un gros souci, puisque Hans dispose en théorie de 50% des droits. Ce qu’a visiblement omis le club brésilien. « J’ai appelé l’enfant. Il a été traité comme un esclave au Brésil, on lui faisait signer des choses par obligation. J’ai toujours pris de ses nouvelles, je lui ai même envoyé de l’argent ! Je l’ai aidé pour les sélections de jeunes, en appelant la fédération. C’est grâce à moi qu’il a été choisi, même s’il a aussi travaillé pour. Et il ne savait plus quoi me dire, si ce n’est de ne pas m’inquiéter. »
Les liens entre les deux hommes, déjà estompés, vont carrément se disloquer. « Sa famille lui a dit d’abandonner Raymond. L’enfant a eu la pression, il ne me répond même plus, sa famille lui a interdit. Mais j’ai dû tout faire pour lui afin qu’il réussisse. Je souhaitais remettre les compteurs à zéro et récupérer mon argent. C’est quand même normal ? Je l’ai hébergé, payé ses billets d’avions, arrangé pour son passeport auprès de l’immigration camerounaise vu que je les connais et avancé de l’argent ! » Dans l’attente d’une discussion avec un représentant de Neuchâtel, Hans ne pouvait esquiver la question de l’âge de Bikana, qu’il repoussa, avant de lâcher : « Je dois d’abord récupérer mon argent. L’âge, c’est un autre problème… »