L’école ou le football ? Raïssa Nnanga n’a pas hésité. L’internationale U20 a choisi sa passion. Pour elle, courir derrière la balle, partager des moments incroyables avec ses coéquipières, ressentir l’amour du public ne pouvaient pas attendre. Interview.
De plus en plus, des jeunes filles camerounaises percent dans le football, malgré un contexte souvent marqué par la réticence des familles. Quelle a été la réaction de vos parents, lorsqu’ils apprennent que vous voulez faire carrière dans le football ?
Ç’a n’avait pas été une annonce officielle. Je jouais déjà depuis toute petite au quartier, avec mes grand-frères. Pendant que je grandissais, je faisais à la fois le football et les études. Certains dans mon entourage, pensaient que le football c’était juste un passe-temps, un jeu pour moi. Parce que je faisais de bons résultats à l’école. Mais à un moment, j’ai décidé d’en faire ma profession. C’est à ce moment que j’ai commencé à faire face à la réticence de certains membres de ma famille. Notamment ma sœur aînée avec qui je vivais à cette époque-là. Elle voulait que j’obtienne d’abord mon baccalauréat avant de me lancer résolument dans le football.
A quel moment avez-vous commencé à avoir le soutien de vos proches à la maison ?
Le déclic s’est produit lorsque j’ai eu mon baccalauréat. C’est à ce moment que ma sœur m’a donné la liberté que je voulais. J’ai cessé de me cacher quand j’allais m’entraîner ou jouer des matchs. J’avais son accord pour vivre ma passion. Tant que je faisais les études et réussissais à mes contrôles continus, elle me soutenait. Mais à un moment, avec les déplacements et les voyages, j’ai eu à rater la première année à l’université, et ça n’a pas plu à ma sœur qui se battait pour payer mes études. Elle a recommencé à être plus réticente, plus stricte, elle ne voulait plus que je joue. J’ai été obligée de faire un choix. Elle m’a dit : si tu veux jouer, tu vas devoir payer tes études toi-même.
Et qu’est-ce qui s’est passé ?
J’ai choisi le football. Mais les autres membres de la famille m’encourageaient et venaient voir mes matchs. Ma maman m’encourageait chaque fois, surtout dans les prières.
Quel est le membre de votre famille qui vous soutient le plus dans ce choix de carrière dans le football ?
Ma deuxième grande-sœur. Elle m’encourage énormément. Elle me soutient moralement et financièrement. Elle prie pour moi. Elle me dit par exemple : tu dors trop ; lève-toi et vas courir. Elle essaie de connaître mon programme de match. Elle n’hésite pas à me poser des questions sur ma santé, elle cherche toujours à savoir si j’ai mal quelque part etc. Parfois, elle me donne ses repas (rire).
En quoi ce soutien vous permet-il aujourd’hui de rêver ?
Déjà, j’aimerais lui rendre la confiance qu’elle place en moi ; parce que ce n’est pas dans toutes les familles qu’on accepte qu’une fille se lance dans le football avec tout ce qu’on connaît concernant ce métier. J’aimerais être la meilleure. Il est bien vrai qu’on joue pour le plaisir mais il y a aussi le gain. Le soutien de ma sœur me pousse à me surpasser. J’ai envie de réussir et gagner suffisamment d’argent pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille, faire la fierté de ceux qui me soutiennent. J’aimerais être la meilleure joueuse camerounaise de tous les temps. C’est mon rêve. Je souhaite aussi intégrer la sélection nationale fanion et être transférée dans un grand club d’Europe. Je dois avouer qu’avec l’arrivée de Guinness comme sponsor officiel du football féminin, tout semble possible pour ces milliers de jeunes qui comme moi ont décidé de faire du football leur métier.