Relancé au FC Cordoba en Liga espagnole où il a déposé ses valises cette saison en provenance de Lausanne-sport (Suisse), le milieu camerounais de 24 ans a pris un bon départ avec son équipe au sein de laquelle il a d’ores et déjà gagné une place de titulaire. Deux fois élu dans l’équipe-type en Espagne, l’ancien maître à jouer des Lionceaux à la CAN 2009 au Rwanda poursuit son ascension vers les cimes du football espagnol en misant sur le travail et la discipline.
Habile et très actif dans l’entrejeu, «Patou» peut évoluer dans tous les secteurs du milieu y compris celui de meneur de jeu pour lequel il a été formé et jouait lorsqu’il était au Canon sportif de Yaoundé. Et comme tout jeune footballeur, il ne cache pas son envie incandescente de revêtir un jour la tunique vert-rouge-jaune en sélection A. De toute façon, les vannes lui restent aussi ouvertes à la faveur de la reconstruction actuelle. Entretien…
Un séjour en France, un autre en Suisse, mais l’Espagne semble vraiment vous aller. Est-ce le cas?
C’est vrai que je me sens à l’aise en Liga. Le championnat est très relevé techniquement et tactiquement, avec des joueurs de classe internationale et des équipes qui sont des institutions du football européen, j’essaye de m’adapter et d’apprendre le plus rapidement possible car je découvre le championnat espagnol et le club de Cordoba est considéré comme le petit poucet de la Liga. Donc, Chaque semaine, je dois me battre afin d’avoir du temps de jeu et apporter un plus à mon équipe. Je pense avoir fait un bon début de championnat mais la saison est encore longue donc le combat continue.
Evidemment, la saison a bien débuté pour vous personnellement avec deux sélections en équipe-type de la Liga. D’où est venu le déclic selon vous ?
Le déclic est venu par une prise de conscience que le football de haut niveau demande beaucoup de sacrifice et un professionnalisme sans faille. Les valeurs d’écoute, de travail, d’humilité et de discipline sont devenues mes fondements. Vous savez, la carrière d’un footballeur est courte donc je ne veux pas avoir de regret. Je prends des cours d’espagnol afin de m’intégrer plus rapidement et mieux comprendre les conseils et directives du staff et de mes coéquipiers. Je suis peut être plus mature et réfléchi. Je me dois d’être responsable et conscient de mes points forts et faibles afin de me poser les bonnes questions sur mon jeu. De faire les efforts nécessaires, à ne jamais avoir à regretter mon parcours. Seule le travaille paye. Donc, je suis plus à l’écoute afin de progresser et passer un cap.
Quelle particularité trouvez-vous au football espagnol comparativement au football suisse et au foot français ?
Le football espagnol est très différent du football suisse ou français. Il y a un rythme et une intensité importante. Les joueurs sont plus rapides et très habilles techniquement. Cela demande une concentration, une discipline tactique et collective afin d’éviter toute erreur qui dans ce championnat est fatale car elles se payent cash.
Vous auriez justement pu évoluer ailleurs. Qu’est-ce qui a motivé votre choix pour le club de Cordoba ?
C’est vrai, j’aurais pu évoluer dans un autre championnat car, j’ai eu d’autres propositions intéressantes. Mais j’ai choisi Cordoba car je voulais prendre un nouveau départ. Ce projet était en adéquation avec mes objectifs sportifs et mon plan de carrière. Vous savez, la réussite d’un footballeur dépend de beaucoup de paramètres. Mais il faut aussi faire le bon choix au bon moment. J’espère donc avoir fait le bon choix pour écouter, apprendre et ainsi continuer à progresser.
Quels sont vos objectifs cette saison ?
Mes objectifs cette saison sont que mes entraîneurs me permettent de me construire en tant que footballeur professionnel mais aussi en tant qu’homme afin de donner le meilleur de moi même pour le maintien de mon club en Liga espagnole et d’être un exemple par le travail si le vent nouveau d’espoir qui souffle chez les Lions pour les jeunes joueurs camerounais comme moi n’oublie pas de me donner ma chance. J’en serais très heureux car beaucoup de joueurs et de Camerounais étaient frustré de ne comprendre le mode de fonctionnement des sélections. Mais il semblerait que dorénavant, tout joueur méritant aura de véritables chances d’intégrer la sélection nationale.
Vous avez fait toutes les catégories de l’équipe nationale chez les jeunes. Quel est votre meilleur souvenir ?
C’est vrai que j’ai fait toute les sélections des jeunes et nous avons vécu beaucoup de bons moments et d’autres difficiles. Mais mon meilleur souvenir chez les jeunes était la demi-finale de la Coupe d’Afrique des moins de 20 ans en 2009 (Rwanda) face au Nigeria, on gagne et je marque le but de la victoire. On se qualifie ainsi pour la finale qu’on a malheureusement perdu face au Ghana. Notre solidarité et notre collectif nous avaient permis de réussir notre CAN au Rwanda et de nous qualifier pour la coupe du monde junior en Egypte, de nous faire remarquer et pour moi, de signer un contrat professionnel au Mans FC (France) grâce a son recruteur Franco Torchia et mon président au Canon de Yaoundé le regretté Théophile Abéga.
Evidemment que dans un coin de votre tête vous nourrissez un espoir d’y retourner, cette fois-ci en sénior, non ?
Bien sûr que j’ai cette ambition d’être appeler chez les seniors. D’ailleurs, la redistribution des cartes du sélectionneur après la coupe du monde au Brésil nous permet à nouveau de rêver, nous les jeunes. Que si on est performant en club et qu’on travaille dur, avec une discipline et un comportement exemplaire, nous pourrions avoir notre chance. Ce qui était difficile auparavant. Donc, pourquoi pas moi. Les entraîneurs allemands sont réputés rigoureux, honnêtes et justes donc, on verra bien. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Une ère nouvelle semble se lever justement chez les Lions. Quelle est votre appréciation ?
Je pense que ça fait du bien aux jeunes d’avoir un sélectionneur qui leur donne une véritable chance de s’exprimer sur le terrain et qu’il leur inculque des valeurs digne du professionnalisme de haut niveau. Cette nouvelle génération avec des jeunes talents comme Njie ou Guihoata, mixé avec quelques cadres comme Nkoulou, Mbia, Aboubakar ou Enoh ayant l’expérience, une bonne mentalité et l’amour du drapeau permet une reconstruction qui marche bien au vu des résultats des derniers matchs éliminatoires de la CAN et de la quiétude de la tanière. La relève des anciens se fait ainsi tranquillement afin que les Lions puissent redonner joie et fierté aux camerounais. Pour le moment, je suis concentré et déterminé à grandir avec les conseils de mes coéquipiers et de mon club, dans l’attente de la fumée blanche.
Entretien avec Armel Kenné et Arthur Wandji