Il a quitté le stade Jean-Bouin comme s’il n’avait pas abandonné le statut de remplaçant du banc, voire de l’arrière-banc qui lui colle à la peau. En toute discrétion, le casque vissé sur les oreilles et sans un mot. Franck Anguissa (qui tient à ce qu’on l’appelle ainsi, et pas Zambo) a juste ôté ses gros écouteurs pour nous signifier poliment qu’il n’avait pas envie de s’exprimer, ni de revenir sur sa première titularisation depuis plus de sept mois.
C’était, déjà, face à Angers (1-2) le 27 septembre 2015. Un match, ou plutôt une première période complètement ratée, qui lui a coûté très cher. Depuis ce jour-là, la confiance de Michel en son colosse camerounais de 20 ans s’était érodée. Comme si l’ancien Rémois avait épuisé tout son crédit auprès du technicien espagnol en l’espace de 45 minutes. Comme si ses excellents débuts à Groningen ou sa bonne entrée contre Lyon n’étaient qu’un simple hasard. Comme s’il était le seul coupable de la déroute face au SCO.
Choyé par Fernandez et Nkoulou
Néophyte, Anguissa, qui a paraphé son premier contrat pro de trois ans l’été dernier, a très mal vécu cette mise au placard prolongée. Mais elle n’a pas entamé sa motivation, ni son implication quotidienne. Malgré les doutes et l’incompréhension, le milieu de terrain est resté assidu dans son travail. Toujours parmi les premiers à pointer au centre Robert Louis-Dreyfus ; toujours parmi les derniers à s’en aller, aux côtés de son ami et compatriote Brice Nlate. Michel l’a relancé par bribes, jamais sur la durée. Au final, le natif de Yaoundé n’a jamais vraiment eu sa chance.
Ces dernières semaines, il a fait plusieurs passages par la case réserve afin d’aider les Minots à se maintenir et de renouer avec le rythme de la compétition. Sur certains matches, il a été omniprésent. Insuffisant pour remonter dans l’estime de Michel qui lui a quasi systématiquement préféré l’énigmatique Lucas Silva. L’arrivée de Franck Passi a redistribué les cartes dans l’entrejeu. Au revoir l’insignifiant Brésilien, bonjour le prometteur Camerounais. La blessure d’Isla, les limites physiques de Diarra et la suspension de Romao ont fini de relancer Anguissa à Angers.
Avant le coup d’envoi, il s’est rendu sur la pelouse de Jean-Bouin dans le sillage de Thomas Fernandez. Sur un banc de touche, le nouvel adjoint s’est entretenu avec lui, histoire de le mettre en confiance. Pilier de la colonie camerounaise de l’OM, Nicolas Nkoulou a également joué les grands frères. « Je devais le mettre en confiance, raconte le Lion indomptable. Je l’ai trouvé bien, alors que ce n’était pas évident pour lui. Il est jeune, le match était assez compliqué. Il s’est bien battu. »
Les paroles de Nkoulou trouvent un écho chez Franck Passi : « Il a été bien, a répondu aux attentes placées en lui. Il a apporté sa force, sa puissance, son jeu aérien. C’était un bon match pour sa première titularisation depuis longtemps. » S’il cherche à valoriser les actifs du club et préparer la saison prochaine, l’entraîneur intérimaire pourrait lui renouveler sa confiance contre Reims ou à Troyes, dans des matches pour du beurre. Anguissa le mérite.