Après une coupure plus longue que prévue en raison de la pandémie de la Covid-19, la nouvelle saison du championnat de football féminin de Norvège a repris en début juillet et affiche déjà deux journées au compteur. Après une défaite lors de la première journée 3-2 contre Sandviken, Valerenga, le club de Nchout Ajara Njoya, a remporté sa première victoire de la saison 2-0 face à Roa 2-0. La Camerounaise, entrée en cours de jeu lors du premier match de son équipe, a cette fois montré le chemin des filets en ouvrant le score en première période. Avec comme objectif en filigrane de faire bien mieux que les 11 buts inscrits la saison dernière en championnat.
En attendant, l’attaquante de 27 ans revient avec CT sur les ambitions de la joueuse ou encore l’annulation de la CAN féminine qui continue de faire couler beaucoup d’encre.
Comment s’est passé la reprise dans le contexte marqué par la pandémie du Covid-19 ?
Nous avons repris la saison le 4 juillet dernier par une défaite à l’extérieur et nous nous sommes reprises le 10 juillet par une victoire à domicile. J’ai enfin ouvert mon compteur but de la saison. La reprise, depuis les entraînements jusqu’au lancement de la saison, s’est faite sous les contraintes de respect des gestes barrières. Nous les observons encore aujourd’hui lors des matchs. Les célébrations de but sont sans embrassades. C’est assez bizarre mais on s’y habitue petit à petit. J’en profite pour réitérer à nos compatriotes que la Covid-19 est une réalité et qu’ils devraient continuer à observer les gestes-barrières édictés par le gouvernement et l’OMS.
Tout en annonçant la création de la Ligue féminine des champions, la CAF a récemment annulé la CAN féminine 2020. Considérez-vous cette décision comme un frein pour le football féminin ?
La décision de l’annulation de la CAN féminine est la 3e nouvelle triste de l’année pour moi après notre défaite face à la Zambie, l’avènement du COVID-19 et les pertes humaines qui s’en sont suivies. Je suis triste autant pour les passionnés de football qui nous suivent et ne cessent de nous montrer leur affection que pour les jeunes footballeuses pour qui cette CAN devait être une première. Je souligne cet aspect d’autant plus que la sélection des Lionnes indomptables s’est rajeunie, et ces jeunes Lionnes auraient pu engranger de l’expérience. Pour certaines footballeuses africaines, cette CAN pouvait aussi constituer la dernière opportunité de briller.
Plusieurs voix se sont levées dans le monde, du président de la FIFA, Gianni Infantino, à la secrétaire générale, Mme Fatma Samoura, en passant par d’autres footballeuses et les médias. Ceci afin que quelque chose puisse être fait. Comme pour les autres compétitions CAF, j’aurais préféré un report et non une annulation. Les représentantes de l’Afrique iront au Jeux olympiques 2021 avec comme dernière compétition la coupe du monde 2019, voie comme dernier match officiel celui joué en mars 2020. Cela réduit nos chances de faire un parcours honorable ou de ramener une médaille. Le football féminin africain n’avait pas besoin de cette situation. Par contre, la création de la Champions League féminine africaine est à saluer. La CAF est à féliciter pour cette innovation. Mais ça ne suffira pas à atténuer notre tristesse. Je souhaite bonne chance à Louves Minproff à cette compétition et lui souhaite d’imiter Oryx de Douala qui avait remporté la première édition de la Coupe d’Afrique des clubs champions.
Il y a un an, le Cameroun atteignait les huitièmes de finale du Mondial notamment grâce à votre but contre la Nouvelle Zélande. Vous en parle-t-on encore ?
Même quand j’essaye d’oublier ce but et cette performance collective des Lionnes indomptables qui nous qualifiait pour les 8e de finale, je n’y arrive pas car les médias, les passionnés de football ne cessent de me le rappeler. Certaines personnes l’appellent même Diamond Goal. Lors de l’anniversaire des 30 ans du but de papa François Oman Biyick face à l’Argentine à la coupe du monde Italie 90, je célébrais ce but sur mes pages des réseaux sociaux, mais certaines personnes ne cessaient de me parler de mon but. Je suis heureuse de marquer chaque fois quand je suis sur un stade de football. Et encore plus quand c’est pour les Lionnes indomptables. Avec l’aide de mes coéquipières, j’espère marquer d’autres buts déterminants comme face à la Nouvelle-Zélande. Et si ce but est celui qui ramènera un titre au Cameroun, ma joie sera à son comble.
On reproche à certaines footballeuses camerounaises leurs choix de clubs « exotiques ». Ne faudrait-il pas songer à d’autres championnats où la visibilité est bien meilleure ?
Je suis très heureuse à Valerenga et dans le championnat de Norvège. J’entame ma troisième saison en Norvège, la deuxième à Valerenga, club avec qui on a fini 2e du dernier championnat, ponctué d’une première qualification en Champions League. Il y a aussi eu une finale de la coupe de Norvège. Nous réalisons des très belles choses depuis mon arrivée au sein de ce club et j’espère que cette saison, nous allons faire mieux en championnat, en coupe et réaliser un excellent parcours en champions League. Après cela, on pourra toujours faire le bilan et discuter avec mon agent et le club de la suite. Afin d’être toujours performante avec les Lionnes indomptables, j’aimerais progresser, que ce soit au sein de Valerenga ou dans un club d’un championnat du Top 5 européen. En attendant, je continue à faire ce que je sais le mieux sur le terrain, c’est à dire, défendre, faire des passes décisives et marquer des buts. Le reste, je le laisse entre les mains d’Allah.