Il se lève pratiquement tous les matins à 5 heures, puis s’en va enchaîner les bornes tout seul dans le parc qui jouxte sa maison, à Aix. Un petit-déjeuner de retour chez lui et le voilà déjà reparti, direction La Commanderie, pour l’entraînement. Modeste M’Bami s’est astreint à des règles strictes. Des mois que ça dure. Cela paye puisqu’il a perdu 7kilos. Particulièrement affûté, le Camerounais est surtout redevenu un élément essentiel dans une équipe. Il ne l’était plus depuis plus d’un an et son arrivée en provenance du PSG à l’été 2006.
« Je jouais peu, mais j’ai toujours beaucoup travaillé. Je me suis ainsi imposé des séances personnalisées car lorsque tu n’es pas souvent utilisé ou titularisé, tu es forcément en moins bonne condition physique, explique M’Bami. Du coup, quand on refait appel à toi, tu peux être à bout de souffle et manquer de rythme. J’avais peur de ça. J’ai donc tout mis en oeuvre pour rester à un niveau de forme très correct. » À cette démarche personnelle, il a fallu ajouter naturellement l’impact d’Éric Gerets. Son joueur insiste. « Le coach me connaissait, raconte-t-il. Une année (en 2005-06), j’avais failli partir à Galatasaray, lorsqu’il dirigeait encore cette équipe. Il n’a jamais nié mes qualités et a su me pousser à bout. À l’entraînement, il a été particulièrement exigeant envers moi car il savait que j’étais capable d’autre chose. »
Autre choseque des bouts de match. Des prestations le plus souvent neutres. Insipides même. M’Bami l’avoue aujourd’hui: « Tu sais, quand tu débarques d’un club (le PSG), où tu avais quasiment un statut de patron, et qu’on te sort après 50, 60 minutes ou même à la mi-temps, ce n’est pas évident. C’était difficile à vivre pour moi. Il faut être costaud dans ce genre de situation. » L’épreuve l’a fait douter, reconnaît-il encore. Son rendement en a pâti. « Il me manquait la confiance, développe l’ancien Parisien. Quand on n’enchaîne pas les matches, on n’a pas de repères et de références. Dès lors, on n’est pas bien dans sa tête. »
Tout le contraire du M’Bami nouveau. Métamorphosé en bête de compétition depuis deux mois. « En rejouant régulièrement, j’ai gagné en assurance, se réjouit-il. En fait, je me retrouve pratiquement dans le contexte qui était le mien au PSG. Là-bas, avec Vahid (Halilhodzic), j’étais considéré comme un joueur très important dans le dispositif. J’ai besoin de ça pour être en confiance. C’est mon cas actuellement et cela me permet de préparer les matches plus relax. Je ne suis pas en train de réfléchir à tout moment sur ma situation; je me concentre sur le jeu et uniquement sur celui-ci. » Et ça se voit.
En plus de son habituelle fonction de ratisseur, M’Bami fait montre d’une belle maîtrise technique pas toujours entrevue l’année dernière. « Je suis libéré et ça me donne la sûreté nécessaire pour réaliser des gestes difficiles », souligne-t-il avant de préciser: « Mais pour en arriver là, pour redevenir un joueur clé, j’ai dû montrer que j’en avais le potentiel. Pour expliquer ma mauvaise passe, j’aurais pu me cacher derrière toutes les raisons possibles et imaginables. L’entraîneur n’est pas là pour aligner des joueurs qui ne le méritent pas. J’ai dû, alors, prendre sur moi. Il a fallu que je me batte encore plus. »
Se surpasser, c’est aussi l’histoire de l’OM, en cette fin de saison. « On a tout donné pour atteindre cette 3e place, on a ramé pour en être là , rappelle M’Bami, ce n’est pas pour lâcher prise maintenant. On va s’accrocher. » Le Lion Indomptable est une bonne source d’inspiration.
Par Laurent Blanchard, laprovence