On l’avait affublé de différents sobriquets à Marseille. Ce « on », c’était les propres supporters du club de la Provence. Mais depuis le début de cette année sportive, l’international camerounais défonce les certitudes. Il a même médusé son propre entraîneur qui ne comprend pas jusqu’à maintenant ce qui se passe. Son abattage au milieu de terrain, ses récupérations et désormais ses relances sont autant de raisons pour lesquelles Marseille espère encore se qualifier pour la Champions League.
Rudi Garcia ne donne toujours pas de crédit à ce joueur de l’ombre, ce travailleur acharné, capable de neutraliser des trios de milieux de terrain plus que compétents, n’en témoigne le nombre de ses titularisations en Coupe d’Europe, seulement 3 en 15 matchs, mais aussi 12 rentrées en cours de jeu pour rattraper à chaque fois les erreurs et colmater une équipe à la dérive.
Le site internet du magazine SO-Foot de ce lundi y est allé d’une analyse très réaliste du phénomène Zambo Anguissa. Reportage…
Déjà, jeudi dernier contre Salzbourg, son entrée en jeu à la place de Maxime Lopez (à la 67e minute) avait fait un bien fou au milieu de terrain olympien, submergé de toutes parts par un collectif autrichien bien plus percutant. En réalité, depuis l’intronisation définitive de Luiz Gustavo en tant que défenseur central, il est le seul à apporter de l’impact au milieu de terrain, jouant des coudes comme Mark Renshaw en plein sprint à Pau pendant le Tour de France. Et derrière les stats clinquantes de Dimitri Payet, auteur ce soir de sa vingt-deuxième passe décisive de la saison toutes compétitions confondues, Anguissa pourrait bien être le monsieur plus de la fin de saison de l’OM.
Un Hummer au pays des Clio
Un coup d’œil aux autres options au poste : Maxime Lopez, que l’on imagine conduire une Smart. Morgan Sanson, excellent passe-plat, mauvais routier. Boubacar Kamara, prometteur, certes, mais dont le profil rappelle davantage une version 1.0 de Zambo, en moins physique. On l’a encore vu gratter moult ballons ce soir, glissant ici un pied entre Séri et Pléa, bousculant là Lees-Melou, s’autorisant même une accélération balle au pied sur le côté gauche en première période, avant de glisser une talonnade bien sentie pour le centre d’Amavi. Un bonhomme au profil indispensable, en somme, au coup d’envoi ce soir de son 53e match de la saison, disputé avec plus d’intensité que le premier.
Suffit d’ailleurs de prêter une oreille à son langage verbal : on parle là d’un gus qui avait déclaré récemment vouloir « exploser Lyon » comme on ouvre à dix ans un paquet de chips au paprika. Alors au moment de faire le bilan d’une possible qualification marseillaise en Ligue des champions en fin de saison, gare à ne pas oublier qu’avant que Clinton Njie n’offre le but de la victoire – et de l’équipe de France ? – à Dimitri Payet, c’est bien un petit travailleur de l’ombre qui l’avait lancé en profondeur. C’est aussi ça, le nouveau Zambo : un milieu récupérateur devenu relayeur de qualité, jouant toujours simple. Et plus personne pour dire qu’il n’est bon qu’à côté de Gustavo, le bonhomme a pris son indépendance. En espérant qu’il soit plus Éric Judor que Ramzy Bédia.