La scène se passe samedi soir, dans le vestiaire marseillais, après la rencontre. Éric Gerets interroge Pape Diouf. « J’ai confiance en ton jugement. Alors, dis moi qui a été le meilleur chez nous ce soir. » « Pour moi, Modeste M’Bami », répond le président. »Alors, nous sommes d’accord », conclut l’entraîneur. Dans la quiétude d’une petite pièce isolée à La Commanderie, Modeste sourit. La douceur de sa voix et de ses attitudes tranche avec le physique tonique du Camerounais. »Je savoure… », lâche-t-il.
Même modeste, il ne peut pas nier que dans le manège enchanté olympien, où Valbuena joue les zébulons insaisissables, lui, il est dans son rôle: celui du lion, redevenu indomptable. « Je me suis toujours accroché, même quand le moral n’était pas au beau fixe. Et puis, la CAN m’a fait beaucoup de bien. Autour de l’équipe du Cameroun, il y avait une chaleur humaine dont les joueurs africains ont toujours besoin. Nous voulions prouver que nous n’étions pas sur la pente descendante. Pour cela, il fallait rester soudés. Et nous avons atteint la finale. »
« Ce séjour dans une belle ambiance m’a donné du punch. Je suis revenu à Marseille avec un peu de retard, mais en restant sur ma lancée dès que le coach m’a redonné ma chance. » Sa chance pouvait s’apparenter à un cadeau empoisonné. À Moscou, le Camerounais retrouvait une place de titulaire pour la première fois depuis deux mois et demi, en passant de 25 degrés à moins 10, du Ghana à la Russie. Dans une équipe très en deçà de son potentiel au bout d’une demi-heure, il allait être le meilleur.
« Je dois faire mieux »
« Le but est un peu de compliquer la tâche de l’entraîneur dans ses choix. Il m’avait déjà fait confiance contre Porto, Lyon et Metz et quand je suis sorti de l’équipe, ça a été dur. Mais devant les résultats et le jeu déployé, je ne pouvais rien dire. » Avec le passage de Cana en défense centrale, une place s’est donc libérée au milieu. Et M’Bami a dévoré la part du lion. « Je dois, je peux encore faire mieux. Transmettre plus vite, frapper au but. Là, c’est une question de confiance, pour se lâcher. Et puis, la concurrence existe; quand tu vois Kaboré, tu sais que tu dois être à 200%. » Le très haut niveau des séances d’entraînement démontre justement qu’il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers. Mais dans une saine ambiance où les rires fusent sans cesse, comme on a pu le constater encore hier soir.
« Tu veux un exemple de notre bonne entente ? » lance Modeste : « Contre Auxerre, Mamad (Niang) entre, il a envie de flamber. Mais sur son premier ballon, il percute côté gauche et alors qu’il peut jouer sa carte perso, il cherche tout de suite à servir Djibril. C’est l’OM aujourd’hui. C’est magique. « Mais avec le coach, attention ! Avant Auxerre, il m’est rentré dedans à l’entraînement parce que je jouais trop facile. Avec lui, le moindre détail compte, tout est intense. Et quand tu mérites des compliments, il te les fait, à haute voix; alors que certains entraîneurs ne font que des reproches. »
Est-ce que tout cela suffira pour éliminer le Zénith ? « Ils ont été champions, c’est donc le niveau au-dessus du Spartak. Au niveau de la gestion, ils auront certainement une autre attitude. Mais le jeu de l’OM a maintenant acquis une identité. Nous sommes libérés. »
Par Mario Albano ( malbano@laprovence-presse.fr )