Samedi dernier, les équipes réserve ont repris le championnat allemand, la Bundesliga, en même temps que les équipes fanions. Au cours de la rencontre opposant Bayern réserve à la formation de Hoffenheim, un jeune Camerounais de 19 ans a crevé l’écran, et s’est imposé le lendemain dans les pages sportives des différents journaux bavarois.
Auteur de l’unique but du match (une frappe sèche du droit à l’entrée de la surface de réparation), il a été aussitôt présenté par le journal bavarois Abendzeitung comme le futur successeur du Néerlandais Roy Maakay, artificier en chef du Bayern de Munich.
Physiquement pourtant, le jeune Ngwat Mahop ressemble plus au goleador François Omam Biyick dont il rêve d’ailleurs de copier la réussite professionnelle. Et son rêve a des chances de se transformer en réalité, tellement les choses se sont bousculées dans la vie de ce jeune camerounais ces derniers mois.
Jusqu’en décembre dernier encore, il était sociétaire du Dragon de Yaoundé et passait ses moments libres à taper dans un ballon à la cité universitaire de Yaoundé I. C’est d’ailleurs là, par une après midi très chaude de décembre dernier que Etienne Ngom, manager de joueurs (en particulier de Pierre Womè Nlend), alors en séjour au Cameroun, est impressionné par l’élégance et la fausse nonchalance de ce grand gabarit. Il fait sa connaissance et, sans lui promettre la lune, prend aussitôt contact avec quelques grands clubs européens qui ont de logiques réticences : le joueur n’a ni cassette, ni nom et, en plus, sort de 2e division d’un championnat amateur sinistré. Pas vraiment de quoi intéresser.
Mais l’insistance du manager finit par payer puisque le Bayern lui envoie une lettre d’invitation. Le froid qui l’accueille en mai 2006 ne le décourage pas : » Je veux devenir Pro et jouer les prochains Jeux olympiques avec le Cameroun « , dit-il. Les tests sont rudes : » Les jeunes viennent de partout. J’étais dans un groupe de 42 joueurs et on devait en retenir deux ou trois après 5 jours d’essais. ». Au bout du 4e jour, le manager de Bayern, Uli Hoeness, lui-même présent à l’entraînement, est séduit et déclare qu’on n’a pas besoin de deux essais pour reconnaître un bon joueur. Le même jour, il signe un contrat de deux ans.
Même Karl Heinz Rummenigge ne tarit pas d’éloges sur celui qui entame à peine sa carrière en Allemagne : » Il est rare de voir un jeune qui convainc notre staff après seulement quelques jours. Plus encore quand c’est un Africain qui arrive et opère ce genre de miracle, c’est phénoménal lorsqu’on sait que les conditions de jeu dans son pays d’origine ne sont pas favorables « .
Pour le reste, le jeune héros est heureux d’avoir hérité du numéro 10 et a déjà arrêté sa devise : » discipline dans l’humilité « . Pas ingrat pour un sou, il tient déjà à remercier les uns et les autres : » Je dis merci au Dragon de Yaoundé et resterai reconnaissant toute ma vie durant à ce club. Une infinie reconnaissance à mon manager, Etienne Ngom Ngom, qui m’a ouvert le chemin. «
Ngwat Mahop a dédié son premier but en terre allemande à sa feue mère, qui aurait certainement été heureuse de le voir à l’œuvre. Mais à voir tout l’avenir qu’on lui prédit, c’est un geste qu’il risque de répéter très souvent. En attendant les stades enflammés de la Bundesliga.
Eugène Kouambo (correspondance particulière)