LA DIAGONALE DU FOOT
Pour la planète foot, évoquer le parcours actuel de Barcelone, c’est dresser des louanges et encore des louanges au grand créateur de jeu et de spectacle qu’est Ronaldinho. Eloges évidemment méritées. Mais s’il est un joueur important, voire déterminant, dans le jeu des Catalans, c’est bien du Camerounais Samuel Eto’o qu’il s’agit.
Samuel Eto’o, un attaquant sans défaut qui possède aussi un caractère bien trempé./AP
Né le 10 mars 1981 (1,79 m; 75 kg), l’attaquant du Barça n’a pas connu un premier parcours royal et d’apparence facile tel Ronaldinho. On peut même aller jusqu’à écrire que le Camerounais a vraiment galéré avant de connaître la notoriété.
Repéré dès sa quatorzième année, il est testé au Havre, puis à Cannes, sans marquer le paysage. La saison 1998-99 le voit au Real Madrid où il ne dispute… qu’un seul match. Il est ensuite prêté quatre ans à Majorque et marque alors but sur but, notamment dix-sept en 2003-2004.
Puis c’est le Barça, avec 24 buts en 37 matches (2004-2005), 25 buts en 34 matches (2005-2006). Ajoutez encore 12 buts signés en 27 matches de Ligue des champions et 5 buts en UEFA, pour vous faire une idée plus précise de la dimension du bonhomme. Ne pas oublier non plus que le Camerounais est un judicieux passeur, dont Ronaldinho bénéficie souvent. En fait, Samuel Eto’o est aujourd’hui reconnu comme un attaquant sans défaut. Il possède également un caractère bien trempé que les difficultés de la vie, celles d’un début de carrière peu évident, ont largement contribué à endurcir.
Apprendre la tolérance
Lucien Favre, pour prendre l’avis d’un entraîneur à la valeur reconnue, s’extasie devant les possibilités du Camerounais: «Il ne faut surtout pas tomber dans une comparaison avec Ronaldinho. Ils ont compris qu’ils étaient formidablement complémentaires. Dans le placement, ils sont toujours «juste», là ou l’autre sait le trouver. Collectivement, Eto’o est en permanence un équipier parfait. Il possède tout: l’explosivité physique, le jeu de tête obligatoire pour un buteur, et les deux pieds. Technique qui lui permet de se sortir de toutes les situations. De plus, je crois savoir qu’il s’agit d’une très grosse personnalité, hors et évidemment sur le terrain. Il s’est forgé un mental tel qu’il ne doute jamais et transmet cette force au groupe. Par rapport à Ronaldinho, il ne lui manque que la nationalité brésilienne, puisque le Cameroun n’est pas qualifié pour l’Allemagne…»
Et Lucien Favre, au courant des bruits poussant Thierry Henry à jouer un jour peut-être à Barcelone, ajoute: «Henry est un buteur redoutable, mais je le trouve moins complet qu’Eto’o, notamment en ayant parfois de courtes absences au niveau de la concentration. Le Camerounais est un genre de guerrier. Pour moi, même si Deco, Iniesta, Puyol, Edmilson sont tous de grands footballeurs, sans le tandem Eto’o-Ronaldinho le Barça ne serait que quatrième ou cinquième de la Liga». A une question concernant le racisme, auquel le Camerounais Eto’o fut évidemment confronté, il eut ce mot qui dit beaucoup: «J’en suis arrivé à la conclusion que les ignorants étaient racistes. Moi, grâce au football, j’ai appris la tolérance.»
NORBERT ESCHMANN