Les dirigeants des Lions indomptables font tout pour séduire le jeune attaquant du FC Bâle. «Le Matin» a réussi à joindre le sélectionneur Volker Finke.
Plus fort et tôt le diamant scintille, moins timide s’avère la convoitise d’autrui. Ce n’est pas un proverbe, mais ça colle plutôt bien à la situation de Breel Embolo, 17 ans. L’attaquant du FC Bâle, qui pointait le bout de son nez chez les pros depuis mars dernier, a crevé l’écran mardi soir lors de la claque (4-0) infligée aux Bulgares de Ludogorets. La question s’impose désormais, et pas qu’un peu: le joyau brillera-t-il pour la Suisse ou le Cameroun? La première fait tout pour le convaincre; mais le second n’est pas en reste.
«Naturellement que je suis en contact avec lui», rigole au téléphone Volker Finke. Comme le hasard fait bien les choses, le sélectionneur allemand du Cameroun a même vu Breel Embolo flamber en direct, puisqu’il officiait comme consultant pour la télé alémanique à Saint-Jacques. De là à dévoiler la nature de leurs échanges… «Tout ne doit pas être débattu dans un journal, coupe court le mentor des Lions indomptables. L’essentiel, pour lui, c’est qu’il continue à bien se développer dans son club, tranquillement. Toutes les bonnes choses prennent du temps.»
Pas encore le passeport suisse
Pense-t-il profiter de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (dès le 17 janvier au Maroc) pour appâter Embolo? Cordialement: «Vous savez, j’ai du travail.» Vu que tout dépendra de ça au final, quel semble être le sentiment du jeune homme? Plus sec: «Non, non, non, je ne parlerai pas de sentiments. Il faut respecter ça.» Fin de la discussion.
Le joueur lui-même élude la question en signalant à juste titre qu’il n’a pas encore de passeport helvétique – le sésame serait attendu pour le printemps prochain. Raison de plus, du côté de Yaoundé, pour accélérer les démarches: «La fédération est plus qu’intéressée par ce fils du Cameroun, lance d’emblée Alphonse Tchami, team manager de la sélection, lui aussi joint hier. Notre sélectionneur, comme bien d’autres ici, est convaincu que Breel Embolo fait partie de l’avenir de notre football. Nous lui avons expliqué notre projet sportif, axé sur un véritable défi: la CAN 2019 organisée par le Cameroun.»
Des garanties sportives
Assez séduisant pour inquiéter les amis de l’équipe de Suisse. Et le jeune homme, qu’en pense-t-il? «Je ne saurais pas trop vous dire. Comme il est jeune, nous parlons à son entourage, reprend Alphonse Tchami. On leur a donné des avantages et des garanties.» De l’argent?!? «Non, des garanties sportives, se marre l’ex-international camerounais. Nous ne pouvons pas lui apporter la stabilité financière qu’il a en Suisse. Nous misons sur le fait que le Cameroun est le pays de son cœur, sa patrie, sa fierté.»
Breel Embolo se montrera-t-il sensible à ces sirènes? Le foot suisse verra-t-il filer sous son nez un talent qu’il a formé? «Dans ces cas-là, tout dépend en grande partie de l’entourage, des parents, note Nono Edith Giscard, journaliste camerounais à Radio Sport Info. A-t-il reçu la fibre patriotique de ses origines ou alors sera-t-il davantage guidé par un choix de carrière? On verra à la fin.»
Et la fin, ça pourrait être bientôt. «Il n’y a pas de course, cherche à tempérer Alphonse Tchami. Le joueur a le choix entre le Cameroun et la Suisse et, au final, la décision lui reviendra.» On ne peut être que d’accord avec la deuxième phrase. Sur la première, il survole un gros doute.
Par Simon Meier.