Sans les inspirations de son attaquant camerounais, auteur de ses 9e et 10e buts, le Stade lavallois aurait perdu ce match qu’il a pourtant dominé, face à un rival pour le maintien.
Premier à se présenter en salle de presse, Jean-Louis Garcia a eu ses mots pour décrire ce qu’avait réalisé Christian Bekamenga, peu avant l’heure de jeu : « Un exploit hors norme, un but Champion’s League. » Le compliment ira droit au cœur de l’intéressé, qui nous détaille son action d’excellence, de sa petite voix éraillée : « Gonçalvès me sert. Je suis dans une position dos au but, comme je les aime. Je réalise un contrôle orienté de l’extérieur du droit, puis j’enchaîne du gauche, coup de pied. Et le ballon, comme radiocommandé, finit sa course dans la lucarne de Bonnefoi, non sans avoir touché un montant. Mon plus beau but de la saison, avec celui marqué face à Caen, mais celui d’aujourd’hui (vendredi) était plus difficile. »
« Un joueur d’instinct »
Il n’a pas tort, Jean-Louis Garcia. Ce mouvement de classe a eu le triple effet d’illuminer un match qui s’enfonçait dans le brouillard, de réveiller le public et de motiver ses partenaires. N’est-ce pas Kévin Perrot, que l’on a vu foncer sur Bekamenga pour lui cirer les souliers ? « Pour un défenseur, c’est un soulagement de voir un attaquant marquer dans une telle situation, car on a eu du taf. Ce but nous a fait du bien. » On a vu aussi Anthony Gonçalvès, le capitaine tango, faire le salut militaire avant de venir chatouiller la barbichette de l’attaquant camerounais. Par fétichisme, en ce jour de vendredi 13 ?
Concernant Bekamenga, « un joueur d’instinct », dixit Hinschberger, il ne s’agit pas de chance, mais de talent. Vingt-quatre minutes plus tard, il était cette fois bien placé pour profiter d’un dégagement raté de De Freitas et placer une volée hors de portée du gardien castelroussin. Son 10e but sur les 21 inscrits cette saison par les Tango, qui fait de lui le 2e meilleur buteur de Ligue 2, derrière le Messin Sakho (11). La soirée aurait été parfaite, s’il avait cadré une dernière frappe, à la 85e minute, au lieu de catapulter le ballon dans les nuages gris au-dessus de Le Basser. « J’ai favorisé la frappe en force, j’aurais dû la fermer un peu plus, comme sur le deuxième but ». Dommage, car c’était l’action du break, du 3-1. Malheureusement, la belle partition de leur buteur n’a pas permis aux Tango de prendre plus d’un point, Bourgeois frappant dans les ultimes secondes des arrêts de jeu.
« On dit que le foot c’est magique, ça s’est encore vérifié. Là on prend un seul point après avoir fait un gros match. D’autres fois, on en a pris trois sans avoir bien joué. On voulait se faire pardonner notre élimination en Coupe de France auprès de notre public et on a répondu présent », analysait Bekamenga, qui a donc atteint la barre des dix buts à deux matches de la mi-saison.
Ses autres objectifs, retrouver un club de Ligue 1 la saison prochaine et jouer la Coupe du monde avec le Cameroun sont plus ambitieux, mais dans ses cordes. « J’ai suivi le tirage au sort des groupes de la Coupe du monde. Le Brésil est qualifié d’avance, mais on peut faire deuxième », estime Bekamenga, qui espère bien que le sélectionneur pensera à lui pour une sortie prévue en amical, en janvier. « Oui, je vais être attentif à la liste des sélectionnés, mais ma priorité est déjà d’être bon avec mon club et d’obtenir le maintien ». Pour ça, le Stade lavallois compte beaucoup sur son Monsieur 50 %.
Arnaud BODIN