Samuel Eto’o s’est engagé pour Chelsea le 29 août 2013. Il a rejoint le club de Londres sur un transfert libre après avoir négocié avec son club russe de l’Anzhi Makhachkala. Un accord d’un an a été conclu et il a rejoint José Mourinho, le manager avec qui il a remporté la Ligue des Champions en 2010.
La piste Eto’o a été suivie après que Chelsea ait été contrarié dans son envie d’engager l’attaquant international anglais Wayne Rooney. Eto’o s’est ainsi joint à l’armada offensive qui regroupait entre autre Romelu Lukaku , Fernando Torres et Demba Ba, des joueurs offrant une panoplie de jeu différente.
Il est vite devenu évident que Lukaku ne voulait pas faire partie de l’équation, et il a été prêté à Everton.
L’acceptation de se désir de quitter est un risque pris par Mourinho, Les défaillances de Torres ont été bien documentées, Demba Ba venait à peine d’atteindre son vrai niveau depuis son arrivée à Chelsea en Janvier et Eto’o est arrivé dans une forme totalement méconnue.
Tout au long de sa carrière, Eto’o a été l’un des meilleurs attaquants du monde.
Il est trois fois vainqueur de la Ligue des Champions, quatre fois meilleur joueur africain de l’année, deux fois champion d’Afrique et une fois champion olympique. Non seulement il a gagné presque tout ce qu’il y a à gagner, il a également accumulé un certain nombre d’honneur individuel. Il est le meilleur buteur de tous les temps de la Coupe des Nations, est le meilleur buteur des Lions Indomptable du Cameroun et a également été l’homme du match dans la finale de Champions League 2006.
Mais à 32 ans, peu de monde s’attendait à des performances exceptionnelles. En plus de son âge et de son influence déclinante, son séjour dans la contrée lointaine du Daghestan a aussi tempéré les attentes.
En Russie, Eto’o a souvent été utilisé dans un rôle de créateur et positionné un cran en dessous de l’attaquant, plutôt que comme un avant-centre typique. On ne comprenait donc pas le rôle dans lequel Mourinho comptait l’utiliser.
Sous Mourinho à l’Inter, il a souvent été utilisé sur les côtés où il a impressionné beaucoup en se sacrifiant pour le bien de l’équipe. Ses courses interminables et sa discipline sans faille ont fait de lui un favori des fans Nerazzurri, mais ont souvent aussi conduit à des désaccords avec Mourinho, justement mécontent de jouer hors position.
Personne ne pouvait douter que Samuel Eto’o, avec ses jambes vieillissantes, soit encore capable de physiquement tenir sur les côtés, ce qui laisssait une seule option réaliste.
Le Camerounais a été recruté pour jouer comme l’unique attaquant d’un système de 4-2-3-1.
Ainsi, comme attaquant, pour juger de l’impact et de la pertinence d’un joueur, l’unité de mesure n’est que le nombre de but marqué.
On comprend que sous cette base, son impact se passe de commentaires.
Il faut cependant remarquer que malgré quelques faux espoirs, les premiers mois du retour de José Mourinho à Chelsea n’ont pas tenu la dragée du retour triomphal espéré.
Le club a manqué la résilience défensive et la cohésion qui ont marqué son premier passage au club, mais ce sont les carences offensives de l’équipe qui ont reçu le plus d’attention médiatique, au point où on n’annonce ça et là l’arrivée de nouveaux attaquants lors du mercato de Janvier.
Et le manager des Blues a donné des pistes sur son insatisfaction envers ses attaquants après la défaite contre Stoke City: « Si vous demandez si j’aurai voulu que mes attaquants, à ce stade de la saison, ait déjà marqué 8, 10, 12 buts, alors je vous aurais répondu que oui. Si c’était le cas, nous serions en tête du championnat… C’est la réalité. »
Ses trois attaquants n’ont marqué qu’un total de quatre buts en championnat entre eux. C’est le genre de rendement qui aurait mis à mal tout club de la moitié inférieure du classement, et comme celui qui a des aspirations pour le titre.
La situation est rendue encore plus inconfortable par le fait que Lukaku, chassé et envoyé en prêt à Everton, a déjà marqué huit buts en championnat cette saison, soit le double des attaquants qui sont restés.
C’est une réalité qui jette le doute sur le jugement de Mourinho. Il faut cependant préciser que le manager souhaitait conserver Lukaku et envoyer Ba en prêt, mais après qu’Arsenal ait refusé de payer des primes de transfert, le transfert a avorté.
Ce manque de réussite devant les buts de ce trio est également à l’opposé des performances de Rooney, la cible principale durant l’été de Chelsea. Il a connu un bon début de saison et a été l’un des principaux rayons de soleil du début de règne trouble de David Moyes à Manchester united.
L’international anglais a trouvé les buts huit fois en championnat et a été homme du match à quatre reprises.
Compte tenu des circonstances, Eto ‘o est peut-être celui des trois qui s’en sort le mieux.
Dans la victoire de 4-1 sur Cardiff le 19 octobre, il a à la fois marqué et fait une passe de but avant d’être sorti à la 69e minute. Contre Schalke, au début de Novembre, il était en excellente forme, marquant deux buts et a également trouvé le filet pour les Blues lors du match nul 2-2 contre Albion à Stamford Bridge.
Au-delà de cela, il faut noter que Eto’o a pris du temps pour retrouver sa forme physique et s’adapter à la vie en Angleterre, et depuis son premier match contre Everton , il a joué un match entier seulement à une occasion.
En plus, les conditions climatiques un peu froides de l’Angleterre semblent le préoccuper.
Une blessure à une cuisse à la fin du mois dernier l’a mis en convalescence, et il faudra certainement plusieurs semaines avant qu’il ne revienne au même niveau qu’avant sa blessure.
L’autre point est la motivation personnelle du joueur. Alors que l’on l’annonce dans la MLS avec des offres de plusieurs clubs dont le Los Angeles Galaxy, le Toronto FC qui serait prêt à allonger £ 8,000,000 par année pour ses services, il lui faudra une bonne dose de sérénité pour se concentrer sur la Premiership.
En fin de compte, toute évaluation de l’impact de Eto’o doit être fait par rapport aux attentes qui l’accompagnaient lors de son engagement dans la Premier League en Août ainsi qu’aux les exigences de Chelsea, plutôt que par rapport au pedigree de ses succès passés.
Idéalement, l’on ne saurait attendre qu’un joueur de 32 ans agisse comme un leader en attaque, mais compte tenu du non apport de Torres, de l’incapacité de Demba Ba de ce saisir du poste, Eto’o a, même de façon sporadique, agi en leader au cours des derniers mois.
Naturellement, il n’est pas surprenant qu’il n’ait globalement pas été à la hauteur.
Il est cependant difficile de critiquer un joueur qui aurait dû être un substitut d’impact parce qu’il ne mène pas la ligne d’une équipe en difficulté offensive.
Eto ‘o n’a sans doute pas réussi à répondre aux attentes,et n’a incontestablement pas réussi à offrir à Chelsea ce qu’il cherchait en le recrutant: un attaquant capable de les emmener de façon durable au haut du classement.
ED DOVE