Le rêve de l’Inter de remporter la Ligue des Champions quarante-cinq ans après son dernier succès, illusoire ces dernières saisons, a pris un tour bien plus concret ce printemps grâce notamment à l’apport de l’attaquant camerounais Samuel Eto’o, « spécialiste » de l’épreuve.
Après trois éliminations successives, et logiques, en 8es de finale depuis 2007, la quadruple championne d’Italie a tout aussi logiquement basculé du côté des favorites de l’édition 2010 en venant à bout de Chelsea au même stade de l’épreuve avec des succès 2-1 à Milan puis 1-0 à Londres il y a deux semaines.
A Stamford Bridge, c’est Eto’o qui a inscrit le but de l’exploit, prouvant une fois encore qu’il était de la trempe des joueurs qui, d’un coup de patte, font basculer les très grandes rencontres, et particulièrement celles de Ligue des Champions. Et ça tombe bien car c’est exactement tout ce que l’Inter veut.
A 29 ans, le capitaine des Lions Indomptables peut notamment s’enorgueillir de deux succès dans la plus prestigieuse des compétitions avec le FC Barcelone (2006, 2009) avec, à chaque fois, un but lors de la finale.
Moqué des années durant pour avoir misé sur des recrues aussi dispendieuses qu’inefficaces, le club lombard a peut-être réalisé « le » coup de l’intersaison car le Camerounais n’a pour ainsi dire rien coûté, le Barça le cédant avec près de 50 M EUR de « bonus » en échange du seul Zlatan Ibrahimovic!
A première vue, il s’agit seulement d’une star qui en remplace une autre. Mais après huit mois, Eto’o a déjà réalisé ce que l’attaquant suédois a été incapable de faire en trois ans à l’Inter: marquer et faire la différence lors d’un match de C1 à élimination directe.
« Sacrifice »
Les sceptiques rétorqueront qu’Eto’o marque beaucoup moins qu’en Espagne (13 buts, dont 10 en Serie A et 2 en C1 tout de même), mais cela tient beaucoup au jeu de l’Inter, qui réclame un grosse dépense physique, ainsi qu’à sa position sur le terrain, le plus souvent sur le côté, où il laisse plus d’opportunités à un attaquant axial, l’Argentin Diego Milito, qui en profite pour briller.
Et puis il défend comme un récupérateur si nécessaire aussi, une chose à laquelle était tout à fait rétif Ibrahimovic. Un esprit de « combat » et de « sacrifice » loué par l’entraîneur Jose Mourinho ainsi que par les tifosi qui l’ont très vite adopté.
Enfin, lorsque au retour de la Coupe d’Afrique des Nations en janvier, Mourinho, le jugeant trop « court » physiquement, l’a laissé sur le banc à plusieurs reprises, il n’a pas bronché et, à l’inverse, il est revenu plus affûté que jamais.
« La saison dernière, le meilleur attaquant du monde, c’était Ibrahimovic. Aujourd’hui, c’est Eto’o », disait en début de saison le technicien portugais.
Contre l’inattendu CSKA Moscou mercredi à San Siro en quarts de finale aller, l’Inter ne sera plus un outsider comme contre Chelsea, mais la grande favorite. La dernière fois qu’elle s’était retrouvée dans cette position en quarts de finale en 2006, elle avait pris un gros coup sur la tête en étant éliminée par Villarreal. Une raison de plus pour Eto’o d’être encore décisif.