À vingt-huit ans, Georges Mandjeck présente, dans l’attitude et la liberté de ton, un profil à l’ancienne. Le milieu messin reçoit dans sa maison de Peltre (à quinze minutes de Saint-Symphorien), raccompagne ses invités à la gare et assume une communication toute personnelle qui ne s’embarrasse pas de conseiller, ni de filtre. Dans la foulée des incidents qui ont abouti à l’arrêt de Metz-Lyon (1-0, à la 31e minute, le 3 décembre)[[À la suite de ces incidents, la tribune est a été fermée à titre conservatoire et le sort du match et d’éventuelles sanctions seront décidés en commission de discipline le jeudi 5 janvier.]], l’international camerounais avait dénoncé le comportement des supporters messins sur Twitter avant de subir toute sorte d’insultes qui, selon lui, ne l’ont pas déstabilisé.
Vous dites avoir un gros mental. Il en faut en ce moment (Metz, 17e, n’a pris que cinq points lors de ses dix derniers matches) ?
Oui, il en faut beaucoup. Les supporters sont très exigeants par rapport aux dernières années, avec des montées, des descentes. Cette saison, on veut simplement se maintenir. Ça va être dur mais on n’est pas encore morts.
Comment a été l’accueil contre Toulouse (1-1, 11-10 aux t.a.b., le 14 décembre) en Coupe de la Ligue ?
Comme d’habitude. Il n’y a pas eu de banderole, les supporters étaient derrière nous, c’était sympa. Il y a eu quelques sifflets contre moi et j’ai entendu quelqu’un dire : “Vas-y lève-toi gros pédé !”
Les insultes ont été violentes aussi sur votre compte Twitter…
(Il souffle.) Oui. J’ai écrit ce tweet [[ « Les vrais supporters ne se comportent pas comme vous avec vos banderoles de merde. On dirait qu’on est derniers de Ligue 1. Vous êtes contents là ? »]] car je le sentais comme ça après ce match contre Lyon qu’on n’a pas pu terminer. Ensuite, je suis passé à autre chose.
Vous regrettez ?
Non, je ne regrette pas. Peut-être que si c’était à refaire, je ne le referais pas pour ne pas heurter certains supporters qui ont mal pris ce tweet et qui pensent que j’ai tout mélangé. Mais ce n’est pas le cas. Les banderoles, ça part du fait qu’on a perdu contre Nancy, un match capital pour les supporters. On sait qu’on n’a pas été au top, on a pris 4-0 (le 30 novembre), mais on ne peut pas résumer un championnat sur un seul match.
Eux vous reprochent justement de mélanger les banderoles sur lesquelles ils critiquaient le derby perdu et les pétards lancés sur Lopes…
Pour moi, c’est la même chose. Car les banderoles venaient de l’endroit où les pétards ont été lancés.
Mais les supporters ont le droit de s’exprimer via les banderoles.
Ils ont cette liberté d’expression, mais j’aurais aimé qu’on en discute avec eux. Après Nancy, quand on est rentrés à 1 h 30 du matin, ils nous attendaient sur le parking. On n’a pas pu sortir au début, il a fallu qu’on discute avec eux. J’aurais préféré voir ça le lendemain après l’entraînement. Et pas contre Lyon, un match capital.
Vous avez peur de les croiser en ville ?
J’en ai déjà vu mais des gens qui m’aiment bien, qui ont apprécié mon tweet. Je suis quelqu’un de franc, qui ne se cache pas. Il ne m’arrivera rien, on est en France. Certains sur Internet vous insultent et dès que vous les rencontrez vous disent que votre tweet était bien (sourires). lls se cachent derrière un ordinateur. Moi, je n’ai pas peur, mon compte est certifié, les tweets viennent de moi.
Pourquoi retweeter les insultes ?
Pour montrer que je n’ai pas peur, que je ne suis pas affecté, que cela me rend fort même si c’est la première fois que je rencontre ce genre de situation. Je prends difficilement la parole mais quand je parle je dis des choses qui touchent.
On a le sentiment que vous êtes avec les supporters dans une relation “je t’aime moi non plus”.
Je sais qu’on s’apprécie, au fond. Il y a des critiques, des insultes mais tant qu’on se défoncera sur le terrain, ils seront derrière nous. Il n’y a pas tant de haine que ça, ce ne sont que des mots, des piques. »