Transféré de Nice à Lens cet été en échange de 6 M€, Ignatius Ganago (21 ans) retrouve la Côte d’Azur dès la première journée de Ligue 1. L’occasion pour lui de prouver que son choix était le bon.
Foot Mercato : dimanche, vous retournez à Nice, là où vous avez effectué vos premiers pas en professionnel. C’est une émotion particulière ?
Ignatius Ganago : forcément, ça fait toujours quelque chose (d’y retourner, ndlr). C’est mon premier club en France, c’est là où je suis devenu professionnel. C’est un club que je ne peux pas oublier et qui restera toujours dans mon cœur. Même si aujourd’hui je suis passé à autre chose, je suis dans un nouveau projet dans lequel j’ai vraiment envie de m’investir.
FM : c’est aussi l’occasion de montrer que vous pouvez jouer en pointe.
IG : C’est vrai que pour moi ça va être un match très important car je n’ai pas vraiment eu la chance de pouvoir m’exprimer à mon poste à Nice et ici je pense que je vais l’avoir. Je travaille tous les jours pour retrouver les automatismes. A Nice je devais jouer sur un côté car c’est Kasper (Dolberg, ndlr) qui jouait devant. Ils l’ont acheté très cher donc il fallait qu’il joue.
FM : vous avez passé trois saisons à Nice, vous connaissez très bien l’équipe et le coach. Ça peut faire la différence ?
IG : oui ça peut servir. Je connait très bien mes anciens coéquipiers, ceux contre qui je vais jouer. Un peu moins (Robson) Bambu. Mais ce qui va être difficile c’est qu’eux aussi me connaissent. Ça sera un duel un peu différent, je vais essayer de montrer d’autres choses, il faut innover. Ils connaissent peut être le Ganago de Nice, pas encore celui de Lens.
FM : quel était votre relation avec Patrick Vieira ?
IG : c’était une très bonne relation. Il ne m’a jamais dit qu’il voulait que je parte, il m’a toujours encourager à travailler, ça se passait très bien, il me donnait beaucoup de conseils. Mais j’ai vu comment ça se passait et que je n’allais pas être le numéro un. Donc j’ai préféré partir.
«Le truc c’est qu’au Cameroun, j’étais le joueur sur lequel on comptait le plus, alors qu’ici il y avait d’autres joueurs comme moi. Il fallait travailler plus.»
FM : quand vous arrivez à Nice en 2017, vous n’avez jamais quitté ou presque Douala (Cameroun) et vous n’avez que 18 ans. Comment se sont passés les premiers mois ?
IG : j’étais très heureux d’être là, mais ça ne se passait pas comme je voulais sur le terrain. C’était complètement différent du Cameroun. Le climat, la façon de jouer, les entraînements, la façon d’entraîner… C’était compliqué, notamment au niveau de l’intensité. Le truc c’est qu’au Cameroun j’étais le joueur sur lequel on comptait le plus, alors qu’ici (à Nice, ndlr) il y avait d’autres joueurs comme moi. Il fallait travailler plus. Au début j’étais un peu perdu. J’ai eu la chance qu’il y ait un Camerounais présent au club depuis longtemps (Alvaro Ngamba, ndlr). Il m’a beaucoup aidé, il me donnait des conseils après les entraînements, il me rassurait aussi. Au bout de trois semaines je commençait à m’adapter, puis j’ai été appelé en pro. J’étais très content, j’aimais beaucoup (Mario) Balotelli. J’aimais son caractère. Il m’a inspiré. Il y avait aussi Dante. Lors de mon premier entraînement avec les pros, j’ai pris des photos avec eux. C’était des joueurs que je regardais à la télé en Ligue des Champions !
FM : l’adaptation passe par le terrain ?
IG : quand tu es bien sur le terrain, forcément après les entraînements tu es heureux de ce que tu as fait et tu es plus à l’aise, tu es plus ouvert, tu parles plus. C’est vrai que les premières semaines étaient dures, mais après c’est aller très vite.
FM : vous êtes l’une des recrues les plus chères de l’histoire du Racing Club de Lens. Comment le vivez-vous ?
IG : c’est une bonne pression pour moi. J’aime avoir ce poids-là sur le dos. Ça me force à donner plus. Quand tous les yeux sont rivés sur moi, quand tout le monde me regarde, quand tout le monde veut voir de quoi est capable Ganago, le joueur qui a coûté 6 millions, pour moi c’est une motivation supplémentaire. Je veux franchir un cap dans ma carrière et je pense que c’est le moment. Je vais travailler tous les jours pour ça et je pense que quand tu travailles il y a toujours un résultat à l’arrivée.
FM : franchir un pallier pour vous, c’est d’abord se montrer plus décisif devant le but ?
IG : c’est sûr que j’ai envie de marquer plus de buts. Je suis attaquant, c’est mon boulot. Après, on est deux attaquants donc on va travailler tous les deux et marquer tous les deux. Des occasions il y en aura, le but c’est d’en rater le moins possible.
FM : qu’est-ce qui vous plait dans le poste de numéro 9 ?
IG : c’est un poste où j’ai toujours voulu jouer, depuis tout petit. C’est le poste où il faut marquer. Et quand tu marques, tout le monde vient vers toi. C’est ça qui me motive.
FM : le foot c’est le but ?
IG : s’il n’y a pas de but, il n’y a pas de point, pas de victoire, il n’y a rien. Donc forcément quand c’est toi qui marque ou qui donne une passe décisive c’est plaisant. Même dans la vie de tous les joueurs tu te sens beaucoup mieux.
FM : vous évoquiez votre enfance, comment avez-vous commencé à jouer au football ?
IG : j’ai commencé dans la rue comme la plupart des Africains. Petit, tous les jours je prenais ma balle et j’allais jouer. C’est tous ce que je voulais faire. L’école ça se passait bien mais c’était pas ma priorité. J’ai eu la chance de pouvoir cumuler les deux, d’aller au centre de formation à Douala et d’aller à l’école. Sauf que, même si j’avais des bonnes notes à l’école, c’était plus compliqué au foot au départ. Aujourd’hui vous me voyez costaud, mais je n’étais pas comme ça avant. J’étais tout maigre, sans force, sans vitesse. J’ai du travailler dur pour en arriver là et j’en suis sorti grandi.