Si l’Espanyol Barcelone occupe la sixième place de la Liga espagnole en ce début de saison, c’est sans doute parce que son dernier rempart, Idriss Calos Kameni, brille dans les cages.
À 6 ans, Carlos Kameni découvre le football dans les rues de Yaoundé. A 12 ans, sa passion le mène jusqu’à la Kadji Sport Académie à Douala. Partenaire du centre de formation camerounais, le Havre lui offre, en mai 1997, un essai. Essai concluant puisque, trois mois plus tard, il intègre définitivement le centre de formation du club. Il écrit une première ligne à son palmarès en remportant le titre de champion de France des moins de 15 ans en 1999.
Mais, c’est avec les Lions Indomptables du Cameroun que Carlos explose littéralement et se fait une solide réputation. À 15 ans, il honore sa première sélection jeune avec le Cameroun. Un maillot qu’il ne va plus quitter. Avec lui, l’équipe nationale décroche une médaille de bronze à la Coupe d’Afrique Juniors en 1999 au Ghana. Il enchaîne ensuite avec la Coupe du Monde junior au Nigeria (8e de finale). En 2000, à 16 ans, il fait sa première apparition chez les A au cours d’un tournoi international en Corée. Quelques mois plus tard, il remporte son premier titre majeur : les Jeux Olympiques de Sydney. Titulaire à partir des quarts de finale de la compétition, il est l’un des principaux artisans du sacre camerounais. Décisif en finale face à l’Espagne en bloquant deux penalties, il devient un héros national.
Logiquement, ce nouveau statut devait lancer la carrière en club de Kameni, mais de retour au Havre, il ne jouit d’aucune considération, comme si ses exploits durant les jeux Olympiques avaient fait échos partout ailleurs dans le monde, sauf en France.
Les évènements qui vont suivre ne feront que confirmer la ligne de conduite qu’entend poursuivre le Havre. Aucune intégration au groupe professionnel, pire le champion olympique n’est même pas titulaire avec l’équipe réserve.
En 2003, Kameni croit ses malheurs terminés, lorsque St-Étienne lui propose de venir en prêt. Mais ce ne sera que partie remise, puisqu’une nouvelle fois on ne lui accorde pas sa chance. De retour au Havre, sa situation n’évoluera pas, il demeure un membre de l’équipe réserve du club doyen.
Se sentant méprisé, Kameni conserve une certaine amertume « Le Havre m’a fait grandir, mais ne m’a jamais donné ma chance. Ils ne m’ont pas fait confiance. Je n’ai jamais été appelé chez les pros sans que l’on me donne des explications. Ma situation était difficile. J’ai fait des essais à la Juventus du Turin, à Perugia, à l’Espanyol mais à chaque fois, le Havre a monté les enchères »
Entre temps, Kameni enchaîne les compétitions avec les Lions Indomptables du Cameroun. En 2002, il participe à la Coupe d’Afrique des Nations au Mali et, à la Coupe du Monde au Japon, ainsi qu’à la Coupe des confédérations 2003 où il dispute la finale de la compétition face à la France.
Le destin du numéro un Camerounais va basculer avec le retour de son mentor, Thomas N’Kono, à l’Espanyol Barcelone, comme entraîneur des gardiens.
Sur sa recommandation, Kameni s’engage avec le club catalan en 2004. Celui qui à la sortie de la saison 2003-2004, rongeait son frein avec l‘équipe réserve du Havre, enchaîne 38 matchs dans la foulée de sa signature avec l’Espanyol. En 2006, il remporte la Coupe du Roi, et perd la finale de la coupe de l’ UEFA contre Séville.
Des prestations qui lui valent aujourd’hui l’intérêt du grand Milan. Le rendement de Dida ne satisfaisant plus le staff technique, à l’intersaison, les Rossoneri ont essayé de recruter l’international Camerounais, mais se sont heurtés à la grosse indemnité de transfert réclamée par l’Espanyol, 10 millions €.
Tout porte à croire que dans les prochains mois, la suite de la carrière du jeune gardien Camerounais, 23 ans, va connaître une nouvelle trajectoire. Un joli pied de nez, aux excellents dirigeants du club doyen.
Aristide Mamilo