Henri Ewane Elong, jeune milieu défensif de Lille a de quoi être satisfait. Convoqué deux fois cette saison dans le groupe professionnel, le natif de Bomono dans le département du Mungo suit les traces de Jean II Makoun, qu’il admire, tout comme le français Claude Makélélé. Victorieux dimanche après-midi avec l’équipe réserve lilloise, Henri aimerait progresser et jouer comme ses illustres aînés, et ainsi gagner la confiance de l’entraîneur Claude Puel, pour enfin participer à un peu plus de matches au plus au niveau…
Avant d’arriver dans le nord de la France, Henri Ewanè Elong jouait à l’école des Brasseries à Douala. Son poste de prédilection était celui de défenseur central. « On me surnommait Laho, comme le professionnel Raymond KALLA, originaire de notre quartier de Bonabéri, qui jouait au même poste » raconte-t-il. Dans ce quartier de la périphérie de Douala où il grandit, le jeune Ewanè commence son football dans le centre de pré-formation de CETEF. Il a d’ailleurs gardé contact avec les dirigeants et certains joueurs du représentant du Littoral aux Interpoules qui se jouent actuellement : « je suis au courant de leur parcours dans ce tournoi grâce à Lobè Bebbey et Ntombè Fabrice, deux des joueurs du club que j’appelle souvent. Ils m’ont dit que Cetef a des grandes chances de monter en 1ere division ».
Après sa préformation, Ewanè Elong se retrouve à l’école des Brasseries, réservoir de talents bien connu au Cameroun. Comme ses prédécesseurs Song, Womè, Djemba ou Olembé, il va participer au tournoi des jeunes de Montaigu en France, en 1999. Il est ainsi remarqué par Lille, avec qui il gagnera le tournoi en 15 ans nationaux, dès son arrivée dans le Nord. Alors que tout semble bien commencer pour le joueur, le pire arrive. « J’ai eu des problèmes quand Lille a voulu me garder. Les Brasseries et le Losc ne se sont pas entendus quand à mon indemnité de formation. Lille ne voulait pas verser ces indemnités, puisque j’étais un joueur amateur. Ils m’ont donc libéré, et je me suis retrouvé dans un club de CFA2, St Quentin pendant un an » Là bas, Ewanè vit mal la situation : « j’avais l’impression que les Brasseries m’empêchaient de jouer, puisque le contact de mes anciens dirigeants avec le Losc se passait toujours mal ». Henri ne se décourage pas dans son nouveau club, grâce au soutien d’un compatriote qui y joue aussi, Willy Mbenda. Ensemble, ils aident le club à monter à l’étage supérieur, en CFA.
Retour à Lille. A la clé une demi-finale de coupe Gambardella, réservée aux juniors. Le moral remonte et Claude Puel décide d’intégrer Ewanè dans le groupe pro en début de la présente saison. « Je me suis entraîné avec eux pendant un mois, et j’ai été convoqué deux fois pour des matches, celui à Troyes en championnat et en coupe de la Ligue à Istres ». Le jeune camerounais se sent bien avec les pros « qui sont gentils avec lui. » Il a été formé avec quelques-uns, comme le camerounais Dieudonné Owona, Yohan Cabaye, Flavien Le Postollec et Kevin Mirallas. Dans le groupe réserve, ses amis sont l’ivoirien Youssouf et « Adil, qui est un grand ambianceur comme Kader Keita ». Henri est le premier supporter des « grands » qui sont en passe d’aller au second tour de la ligue des Champions. Il estime à « 80% les chances de qualification du Losc. Il faudra se concentrer et être sérieux pour battre Anderlecht à Lens la semaine prochaine ».
Dans son appartement à proximité du vieux stade Grimonprez-Jooris, Henri Ewanè relaxe entre les matches. De nature réservée et calme, le jeune homme sort peu, se contentant de plaisirs simples, comme cuisiner et regarder des DVD. « J’aime le film GLADIATOR. Je regarde souvent des clips africains, et à la télévision la ligue 1 et le championnat anglais pour voir mon club préféré, Chelsea » Il reçoit souvent ses amis camerounais Claude-Paulin Mbongo et Cyrille Arimin qui forment la paire d’attaque du club nordiste du SC DOUAI, évoluant en division d’honneur.
Une autre paire de camerounais fait partie de ses amis. Isaac de Mbella a cessé de jouer au WATTRELLOS FC du fait de ses activités professionnelles et « prépare son jubilé ». Par contre Edimo Serval, l’absent de la soirée, y joue toujours. Il prépare tranquillement son match de dimanche, qu’il va gagner 5-0 avec à son actif un but de la tête. Le groupe se retrouve parfois pour discuter ou écouter du makossa, le rythme que Henri préfère, au contraire du couper-décaler qu’il juge « éphémère ». Pour lui « le makossa existe depuis longtemps et restera toujours » Entre les chanteurs Petit Pays et Sergio Polo, qui est son préféré ? « Petit Pays, dont j’ai tous les albums. Ce n’est pas ce qu’il dit qui est important : j’adore ses mélodies ».
Henri Ewanè garde la tête sur ses épaules. S’il n’était pas footballeur, il serait…comptable ! « J’ai fait des études dans le domaine. Je fais de la comptabilité de temps en temps et j’ai encore des livres. » En fin de carrière dans le football, il envisage même sérieusement la reconversion en tant que comptable.
En attendant de signer pro et d’intégrer pleinement l’équipe première de Lille, Henri Ewanè joue en CFA, ce qui lui laisse le temps de suivre le parcours des juniors camerounais. Heureux de leur récente qualification à la CAN Congo 2007, il n’est pas sûr d’en faire partie en janvier prochain : « je suis né en 1986, je ne crois pas être éligible. » Mais le joueur lorgne surtout l’équipe olympique, qui jouera sa qualification pour PEKIN 2008 au mois de février. Lucide, il estime que « ça dépendra des dirigeants. S’ils trouvent que j’ai le niveau, ils me feront appel. » Celui qui a raté en 2003 à la dernière minute le voyage pour la Coupe du monde U-17 en Finlande avec les Mbia et Nguémo ne veut plus être oublié. Pas cette fois encore.
La fiche du match de Cfa Levallois-Lille: 1-2
dimanche 13 novembre à 15h
Buts :
-Makièse (30ème)passe de Touré
-Makièse (85ème)passe de Ewane
-Mesloub (91ème) pour Levallois
-Levallois :
Doitteau – Gossec – Haidara – Pelewe – Mahobah – Kokougan puis Noncent 70ème – Baitomti – Ake – Mesloub – Ribeiro puis Shatrit 52ème puis Diawara 59ème –
Entraîneur : Pierre M’BAPPE
-Lille :
Oukidja – Debuchy – Zywiecki – Sauvage – Liard – Van Dam puis Debaib 76ème – Ewane – Le Postollec – Owona – Touré puis Nini 82ème – Makièse –
Entraineur : Pascal PLANCQUE
Jean-Pierre ESSO, à Lille