Auteur du but de la victoire face à Lille, le Camerounais a recueilli les fruits de ses excellentes prestations actuelles. Il est avant tout un amoureux du jeu
Landry Nguemo fut donc le héros inattendu du dernier Bordeaux-Lille. Héros à divers titres. D’abord parce qu’il protégea le record d’invincibilité de Gaëtan Huard, convoité par Vincent Enyeama, ensuite parce qu’il offrit la victoire à son équipe, sur ce tir détourné par le Danois Kjaer.
Fou de joie sur l’instant, il avait ensuite eu le triomphe modeste devant la presse relativisant la portée de son « exploit ». Il ne nourrissait pourtant aucun état d’âme. « C’est dommage pour le gardien de Lille, mais moi je défends les couleurs de Bordeaux », annonce-t-il. « J’étais vraiment très heureux de protéger ce record qui nous appartient. »
Accessoirement, pour un joueur qui marque peu, un but, même sur un tir détourné heurtant le poteau avant de rentrer, ça se savoure. De ses six buts en Ligue 1, il préfère celui signé face à Rennes en mai 2012.
Il ressemble d’ailleurs beaucoup à celui de dimanche dernier, avec une passe latérale de Saivet, un contrôle, une frappe du droit, qui file vers la lucarne droite de Costil. « Malgré tout, même s’il est détourné, j’aime bien mon but contre Lille, parce qu’il donne les trois points à l’équipe », avoue-t-il.
Sa réussite dominicale, au fond, est bien tombée. Elle est venue couronner sa belle période actuelle, qui coïncide trop avec le redressement des Girondins, pour qu’il n’en soit pas un tout petit peu responsable. Le Camerounais, à l’impressionnant volume de jeu, est un récupérateur de première force. Il joue des matches intenses, avec rarement moins de 70 ballons touchés à chaque fois.
Dans ce domaine, son record est peut-être cette partie époustouflante produite à Brest, remportée 2-0 le 10 mars 2012. Ce jour-là, pas moins de 102 ballons étaient passés par ses pieds ! « C’est ce vers quoi je tends », révèle Nguemo. « Mais peut-on le faire à chaque match ? Je ne sais pas, je sais en revanche que j’ai besoin de beaucoup toucher le ballon. Cela me plaît, on joue court, on joue long, on participe beaucoup au jeu. Quand j’en touche moins, cela signifie en général que j’ai beaucoup couru dans le vide et je n’aime pas ça. »
Avec le temps, son jeu s’est dépouillé pour plus d’efficacité. « Quand j’étais à Nancy, je portais davantage le ballon mais j’ai compris que ça n’aidait pas forcément », glisse-t-il. « Garder le ballon, c’est rarement la chose à faire. Aujourd’hui, je joue plus en une ou deux touches. »
Cela implique de comprendre le sens du jeu. « Je suis obligé de voir vite, de savoir avant de toucher la balle à qui je vais la donner. » C’est ainsi qu’il amena le but de Grégory Sertic à Nice. « Là-bas, quand j’effectue le contrôle, je vois Jussiê faire son appel », explique-t-il. « Cela se joue en deux touches, un contrôle, une passe. J’aime pouvoir jouer vers l’avant et que cela soit décisif. »
Perfectionniste, le Lion indomptable déteste les pertes de balle intempestives. « Ça m’énerve toujours. J’en avais perdu quelques-uns lors de la première période face à Lille, pas beaucoup, deux ou trois, mais c’était déjà trop. En général, lorsque je sors d’un match, je retiens ce que j’ai fait de négatif plutôt que le côté positif. Cela me permet de rectifier les choses lors du rendez-vous suivant. »
Dans son jeu, le rôle de Grégory Sertic est déterminant, parce qu’il sait combien il peut s’appuyer sur lui. « Avec Greg, tout se passe super bien », se réjouit-il. « Il sait que j’aime jouer. Il ne se cache pas, il se présente toujours pour proposer des solutions. Le coach demande de beaucoup jouer sur les côtés, il n’hésite pas. Je dois faire plus attention pour assurer l’équilibre. »