Ce garçon-là n’est pas surpuissant. Il ne multiplie pas les passements de jambes. N’enchaîne pas les ciseaux retournés. Samuel Eto’o marque des buts, c’est tout. Mais qu’il le fait bien ! Au point que l’attaquant camerounais fait partie des trois derniers candidats au titre de Joueur Mondial de la FIFA 2005. Un trophée qu’un seul Africain a réussi à remporter jusque-là, et non des moindres : George Weah. Samuel pourra-t-il rejoindre « Mister George » à ce palmarès prestigieux ?
Les exploits de Roger Milla en Coupe du Monde de la FIFA, Italie 1990 en ont fait une légende au Cameroun. Mais le vieux lion pourrait bien être dépassé par Eto’o dans le cœur des supporters africains. Déjà élu meilleur joueur africain en 2003 et 2004, l’attaquant blaugrana pourrait non seulement inscrire une troisième fois son nom au palmarès continental, performance jamais réalisée jusqu’ici, mais également décrocher le titre de Joueur Mondial de la FIFA 2005.
Avec ses 24 buts inscrits lors de la saison 2004-2005, le Camerounais est l’un des principaux artisans du renouveau catalan sur la scène nationale. Souvent décisif, toujours combatif, Eto’o est très vite devenu la coqueluche des exigeants socios.
Le Camp Nou dans la poche
Pourtant, à son arrivée à l’été 2004 en provenance de Majorque, on lui prédit un avenir difficile en Catalogne, au sein d’un club pétri de stars. Trente-sept matches de Liga et 24 buts plus tard, tout le Camp Nou est dans sa poche. Sa diabolique efficacité, son jeu spectaculaire ou ses longues courses, ont fait du Camerounais l’une des idoles des supporters catalans. L’an passé, un tir dévié par Deco et de fait attribué au Portugais l’ont empêché de terminer pichichi, échouant d’uin rien derrière Diego Forlan.
Né en mars 1980 à Nkon, un quartier de Douala, Samuel Eto’o n’a que 15 ans lorsque les recruteurs du Real Madrid le repèrent. Son arrivée si jeune et seul aurait pu le troubler. Mais loin de se démonter, il se met en route vers le stade Santiago Bernabeu, sans parler un mot d’espagnol.
Entre 1997 et 2004, alors qu’il appartient au Real Madrid, le Lion indomptable ne parvient pas à s’imposer. Il n’y passe qu’une saison et demie, entre 1998 et 2000. Prêté une première fois en 1997-98 à Leganes, il l’est à nouveau en 1999-00 puis de 2000 à 2004 à Majorque. Sous le soleil des Baléares, Eto’o retrouve le plaisir de jouer et le chemin des filets, développant une entente quasiment télépathique avec Albert Luque.
Terminant régulièrement parmi les meilleurs buteurs de la Liga, il décroche une Coupe d’Espagne en 2003, et ses deux titres de meilleur joueur de la CAF en 2003 et 2004. Mais ses plus beaux exploits – ironie du sort ou motivation exacerbée -, le goleador les signe face à son ancien club. En mai 2003, Eto’o réussit un festival dans la retentissante victoire majorquine à Santiago Bernabeu, 5:1. L’année suivante il mystifie la défense madrilène après une course de 40 mètres pour une nouvelle victoire de Majorque à Madrid (3:2).
La saison passée, pour son premier clasico sous les couleurs barcelonaises au Camp Nou, il brille encore en prenant de vitesse Roberto Carlos et Iker Casillas pour inscrire le premier but de la victoire catalane (3:0). « Ce but a été un des plus beaux moments de ma vie. J’ai eu envie de courir jusqu’à mon pays pour embrasser tout le monde » avouait-t-il au lendemain de la victoire.
La seule ombre au tableau de l’année 2005 de Samuel Eto’o: l’élimination en qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006 avec le Cameroun lors de la toute dernière journée des éliminatoires. (AFP)
Etre le meilleur : un objectif, pas un rêve
La saison 2005 débute sous les mêmes auspices que la précédente. Eto’o affole les compteurs avec douze buts en treize matches. Certains, comme celui face au Racing Santander, sont de pures merveilles de vitesse et de technique.
Etre le meilleur n’est pas simplement un rêve pour le Camerounais. C’est un objectif. « Je suis Ballon d’Or d’Afrique et c’est déjà très beau. Mais je veux être le meilleur du monde, je veux savoir ce qu’on ressent lorsqu’on lutte pour être meilleur que Zidane, Ronaldo, Henry, que les meilleurs. Je veux être le meilleur et au Barça je pourrai aspirer à l’être » clamait-il en signant son contrat avec le club catalan.
Seul bémol de l’année 2005, la sélection camerounaise. Le 8 octobre dernier, Eto’o était en larmes après l’élimination des siens en qualification pour la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006, au terme d’un scénario épique face à l’Egypte lors du dernier match. « Jamais, je n’avais pleuré pour un match de football. Nous étions tous effondrés. C’est un moment très fort, que je n’oublierai jamais », reconnaît le buteur barcelonais.
Plus jeune joueur à avoir jamais joué en Coupe du Monde, à 17 ans et trois mois lors de France 1998, Samuel Eto’o devra attendre l’édition sud-africaine pour briller à nouveau sur la plus prestigieuse des scènes.
Mais en cette fin d’année, le sourire est de retour. En forme en Liga, qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions de l’UEFA, le FC Barcelone brille de mille feux, et Samuel aussi. Et le sourire pourrait s’agrandir encore un peu plus sur le visage poupin d’Eto’o le 19 décembre prochain à Zurich…
FIFA.com, 30 nov. 2005
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