Il aurait pu ne pas faire carrière dans le football tant son histoire ne ressemble à aucune autre. À 16 ans, quand tous les jeunes de son âge rêvent d’être professionnels, il claque la porte du football. Terminé. Il privilégie les études à une hypothétique carrière. Rattrapé par le col, deux ans plus tard, il revient au Paris FC, après un court intermède au FC Gobelins. « Il est parti de très loin et, grâce à son passé, il a toujours eu la force de se battre pour aller plus haut », témoigne Bafodé Diakhaby, qui parle d’une personne « avenante et joyeuse » au quotidien.
« Comme tous les jeunes d’aujourd’hui, il avait le sentiment de pouvoir jouer tout de suite. J’ai attendu un peu avant de le lancer. Mais il n’a jamais lâché. C’est, à mon sens, son principal trait de caractère. Mentalement, il est prêt à aller au-delà de la déception et de se remettre au travail pour montrer qu’il peut jouer. C’est ce qui m’a le plus touché chez lui », abonde Alain Mboma, alors coach du FC Paris.
Une trajectoire qui lui permet certainement de relativiser les critiques dont il a pu être la cible. « Je suis même heureux que ça tombe sur moi, parce que les commentaires peuvent déstabiliser un joueur. Alors que moi, je m’en fous », disait-il à L’Equipe après le Final 8 de la Ligue des champions. Imperturbable – « il a énormément confiance en lui », selon Mboma.
Parisien de naissance, Toko Ekambi a découvert la Ligue 1 à 24 ans, après un parcours atypique. « Quand je suis arrivé au PFC (2011), je me suis dit que ça pouvait être typiquement le joueur passé entre les mailles du filet. Comme il n’a pas joué tout de suite (seulement en octobre), je voyais dans son regard ses interrogations. C’était un gars avec une bonne éducation, il ne s’est jamais plaint, n’a jamais baissé les bras et avait faim. Il possédait la vitesse et le sens du but », a témoigné dans L’Équipe Alain Mboma, son entraîneur au PFC, son premier club pro.
Lors de sa deuxième année avec Angers, Karl Toko Ekambi avait marqué les esprits avec 17 buts et 6 passes décisives. Pourtant, il lui a fallu de la patience pour retrouver le chemin des filets en 2020.
Recruté en janvier par l’OL, l’international camerounais a d’abord signé deux buts lors de ses trois premières apparitions. Ensuite, il est resté muet pendant huit mois, soit dix-huit rencontres consécutives. La délivrance est arrivée le 18 octobre à Strasbourg (2-3) avec un doublé. Début décembre, il est impliqué sur les trois buts de son équipe face à Reims (1 but et 2 passes décisives). Karl Toko Ekambi est le meilleur buteur lyonnais, avec neuf buts.