Samuel Eto’o est toujours le premier, qu’il s’agisse de courir plus que quiconque, de tirer au but mieux que quiconque, d’être présent partout sur le terrain.
Le match est fini, et Samuel s’écroule sur le terrain. Et il pleure comme un gosse. Celui qui venait de se battre avec ce caractère qui a fait de lui un champion historique, je vous demande pardon, légendaire, a pleuré parce que c’est le seul à avoir marqué un but dans deux finales de la Coupe. Il a déjà été buteur à Paris avant de l’être à Rome, ville qui est entrée dans la mémoire blaugrana au terme d’une rencontre incroyable. Ce qu’il a fait de mieux n’était pas le but qui a abattu Manchester au début du match. Ce n’était pas non plus son sacrifice défensif quand il a reculé dans le couloir droit de l’attaque pour contenir Evra ou quand il est venu donner un coup de main à ses coéquipiers au milieu du terrain. Ce n’était pas non plus le fait qu’il ait couru comme jamais il ne l’avait fait.
Tous ces éléments, finalement très importants, ne sont pas suffisants pour comprendre la grandeur de Eto’o. Son triomphe se situe surtout au niveau de sa force mentale. Il avait marqué deux buts lors de ses neufs derniers matches quand Andres, son cher Andres, « Andresin » ou « Andresito », comme il l’appelle, a éclairci le ciel du Barça avec une passe qui est allée se loger sur le pied droit de Samuel. Et ainsi, lors d’une action qui ne paraissait pas très dangereuse, il mis en œuvre un but tellement ressemblant à celui de Belletti que le culé a dû voyager de Rome à Paris en un millième de seconde.
Eto’o s’est emparé du ballon, s’est dégagé du marquage de Vidic, et a transformé ces quelques centimètres d’espace en un superbe boulevard. Alors, dans cette position où tant de joueurs perdent leur sang froid, il a trouvé la tranquillité nécessaire pour marquer. Peut être que, pendant que les gens songeaient au but de Belletti à Paris, Samuel avait aussi la tête à Paris mais pour se remémorer une autre action tout aussi semblable. Iniesta passe le ballon à Larsson, il le transmet à Eto’o sur l’aile gauche, qui, lancé comme une flèche, mystifie Almunia, le gardien d’Arsenal, du pointu. C’était à peu près la même chose mercredi, un mélange de l’ancien et du nouveau Eto’o. Il reçoit la passe d’Andres et il tire, à nouveau, du pointu pour battre Van der Saar, le portier géant de Manchester (dixième minute).
Ensuite, il est allé vers le point de corner, il a fait quelques tapes sur son avant-bras gauche et il s’est écrié en se dirigeant vers la caméra: « Papa,papa! » Il s’adressait à son fils Ettien alors que Henry s’est approché de lui pour le prendre dans ses bras. A ce moment précis, Eto’o était seul au monde devant des millions de personnes. Donc oui, on peut définitivement dire qu’il a gardé son but pour Rome.
El Periodico