L’attaquant camerounais a passé la semaine précédent le clasico espagnol sans se faire entendre. Comme s’il avait décidé de ne se faire entendre que ce soir au Nou Camp contre le Réal Madrid.
Eto’o est resté muet. Cela peut paraitre utopique, mais c’est bel et bien arrivé. Au cours de la semaine précédant le clásico, personne n’a entendu la voix puissante de l’attaquant camerounais, qui a décidé de vivre en silence l’un des matches dont il rêve depuis des mois. Incroyable, mais vrai.
Samuel Eto’o a passé la semaine à courir. A La Masia, au Mini Estadi, et ce soir au Camp Nou, étranger à toutes les histoires vécues par le Barça.
Avant, il était l’acteur principal, maintenant il est devenu simple spectateur.
Les autres ont parlé d’ Eto’o; lui il écoutait. Il est resté imperturbable, n’ayant pas l’envie de perdre le temps, ni son énergie dans autre chose que le foot, rien que le foot.
Il y a deux semaines, l’attaquant camerounais se trouvait encore à l’infirmerie, maudissant une blessure sur le muscle du shoot du pied droit qui l’avait écarté des terrains pendant trois mois.
Contrairement à celle qu’il avait subie la saison dernière, Eto’o a appris. Non seulement au sujet de la récupération—beaucoup moins médiatique et agitée que lors de la première blessure—mais également dans la réapparition. Il est revenu quand il était bien. Ni plus, ni moins. Il est revenu pour jouer et faire honneur à son nom. Bilan : trois matches (deux en Liga et un en Ligue des Champions) et trois buts.
Pour faire court, le vieux Eto’o est de retour. L’attaquant et le défenseur, le buteur et le défenseur central. Le footballeur qui s’était avéré capital dans les succès du Barça dans les premières années, même s’il n’avait pas avec lui la fanfare qui avait accompagné Ronaldinho. « C’est l’un des meilleurs attaquants au monde« , rappelle Puyol, le capitaine azulgrana.
La valeur du camerounais ne se limite cependant pas à cela. Sa seule présence suffirait à voyager tranquille sur n’importe quel terrain.
Mais Eto’o c’est un peu plus, et même beaucoup plus. « Il est en plus, le premier défenseur de l’équipe« , indique Puyol, qui ne considère pas son coéquipier uniquement pour sa force devant les buts, mais également pour l’effet de contagion qu’il diffuse.
Le fil de Samuel
Quand Samuel court en attaque, c’est comme si un fil imaginaire le reliait aux défenseurs centraux –ici Márquez et Milito—faisant avancer de la sorte le Barça de quelques mètres loin de Valdés. Du coup, l’équipe est plus groupée, plus compacte et surtout, plus solidaire.
« Je suis convaincu que Eto’o fera la différence, il nous aidera beaucoup« , affirme avec confiance Xavi, l’un des trois capitaines de l’équipe. « Après sa très longue indisponibilité, le retour d’Etoo était très important pour le Barça« , indique Bernd Schuster, l’entraineur madrilène.
« Eto’o est très déterminant et il semble en plus qu’il soit revenu en grande forme« , indique pour sa part Pedja Mijatovic, le directeur sportif du club blanc. Personne ne l’a dit, mais c’est ce fil d’Eto’o qui permis au Barça de retrouver la stabilité.
L’exemple de Mestalla
A Valence, le soir où le muscle de Messi a lâché et que Ronaldinho a voulu entrer en jeu sans qu’il lui en soit finalement donné l’opportunité, Eto’o a montré la voix.
Non seulement par les deux buts inscrits (quatre tirs, deux buts, 50% d’efficacité en seulement 67 minutes de jeu) mais parce qu’il a fidèlement représenté l’image de l’équipe. Le premier but est survenu suite à une action de Messi, concrétisée parce que Eto’o avait mis la pression et accablé Cañizares de telle sorte que le déjà ex-portier avait plongé maladroitement plus haut que la balle. Le portier a par la suite perdu sa place. Xavi avait créé l’ouverture, Léo avait feinté et Eto’o avait frappé après avoir balayé les deux défenseurs centraux.
Aujourd’hui, après une semaine au cours de laquelle il suivi un traitement anti grippal, Eto’o affrontera deux défensuers féroces de l’équipe blanche: l’italien Cannavaro, vieil adepte du catenaccio (34 ans), et Pepe, le prometteur portugais acheté au prix de Ronaldinho, tout en étant un défenseur central de 24 ans. Por eso, Eto’o apparaitra ce soir au Nou Camp, fuyant le silence pour se faire entendre.
Source : ElPeriodico
Par MARCOS LÓPEZ
Une traduction de Guy Everard Mbarga