Le « Nuevo Sardinero » a incité le camerounais à mettre sa menace de Saragosse à exécution après avoir entendu des cris racistes une nouvelle fois. Le camerounais a réagi avec rage en inscrivant son 23ième but.
Le jour où un joueur noir quittera le terrain, qu’un arbitre suspendra la rencontre et que le Comité de Competitión de la fédération devra faire face à un scandale monumental semble de plus en plus proche.
Le stade de Santander a été le théâtre ce dimanche d’un nouveau chapitre de ce phénomène, et la victime des cris racistes ne fut personne d’autre que Samuel Eto’o, le seul noir qui se trouvait sur le terrain, avec le métisse brésilien Melo, du Racing.
« Eto’o, sors du terrain« , scandait un groupe de supporters d’une section des gradins du Nuevo Sardinero avec une intention claire de provoquer, de défier et d’inciter le camerounais à mettre à exécution sa menace lancée à Saragosse le 25 février dernier. Ce soir là, l’attaquant du Barça était prêt à abandonner le terrain après avoir entendu des cris de singes et xénophobes, pour la deuxième année consécutive dans le même stade. Ces coéquipiers, ainsi que les entraîneurs et l’arbitre Esquinas Torres, l’avaient convaincu de rester.
Il a répondu sur le terrain
À Santander, on n’en est pas arrivé là, car Eto’o a réagi différemment. Il a répondu avec fureur aux « ouh, ouh, ouh » en redoublant d’effort pour marquer. Une réponse sportive comme l’avait réclamé Rijkaard ce fameux soir La Romareda. Les hurlements ont donc motivé Eto’o, qui peu de temps après recevait une longue passe de Ludovic Giuly et inscrivait le but du 2-2. Son 23ième but en championnat qui lui permettait d’aggraver sl’avance sur le joueur de Valence Villa dans la course au trophée Pichichi après lequel il court depuis la saison dernière.
Peut-être c’était pour cette raison qu’ils voulaient qu’il quitte le terrain. Pour que Samuel ne batte pas de nouveau Aouate dans cette demi-heure frénétique de la première mi-temps. La meilleure vengeance du camerounais fut, après son but, de se diriger, vers le poteau du corner et de donner avec rage un coup de pied au drapeau de coin. Six minutes plus tard, arriva l’avertissement au public par le mégaphone, les sommant de cesser leurs chants racistes, suite à la demande de l’arbitre.
Silencieux après la rencontre
Rubinos Pérez a écrit sur son rapport qu’à la minute 34, il a entendu « des cris qui imitaient le ceux du singe » lorsque Eto’o intervenait et qu’il avait demandé au délégué, « en vertu du protocole de la procédure contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance dans le football« , d’aviser les spectateurs. La réaction du public se manifesta par des « fils de p… ». Comme Etoo n’avait pas quitté le terrain, les gradins lui rappelèrent qu’il n’ira pas au Mondial avec le Cameroun. À sa sortie du stade, il ne voulait pas parler, échaudé par les critiques de l’épisode de Saragosse.
Il devait certainement aussi être agacé par le mauvais match de l’équipe. Ennuyé, en plus d’avoir dû jouer sur les trois positions de l’attaque. Il avait alterné avec Henrik Larsson, auteur du but du 0-1, entre l’axe central de l’attaque et le côté gauche. Avec l’entrée de Maxi Lopez, le Barça a fini la rencontre avec trois numéros “9” sur la pelouse, et Eto’o dût cette fois passer à droite du terrain.
Eto’o, victime des insultes racistes, mais buteur
Source : ElMundoDeportivo
Samuel Eto’o a de nouveau été la vedette sur le terrain de jeu. Par sa soif du but, mais aussi, malheureusement, à cause de la couleur de sa peau. C’est triste, mais c’est ainsi.
Comme ce fut le cas à La Romareda le 25 février dernier, une minorité qui devrait être chassée des terrains de football a passé la majeure partie de la rencontre à chanter le fameux et pénible “ouh, ouh, ouh!” chaque fois que l’attaquant barcelonais touchait la balle. Le camerounais a supporté ces insultes stoïquement jusqu’au moment où il a inscrit le but du 2-2. À cet instant, il a explosé et a filé directement vers le coin d’où provenaient les cris.
Une fois là-bas, il était sur le point de réaliser la même danse qu’il avait “dédié” au public de Saragosse, une danse fait se sauts imitant le singe, comme réponse aux insultes qu’il recevait. Mais cette fois, il choisit de ne pas donner la moindre attention à cette minorité qui chaque fois se fait remarquer.
Au lieu de cela, Eto’o a donné un coup de pied sur le poteau de corner pour sortir toute la rage en lui, avant de fondre dans une grande accolade avec ses coéquipiers pour célébrer le but de l’égalisation.
On a alors pu constater à cette occasion que cette équipe forme un groupe véritablement uni. Eto’o a de nouveau vécu la triste soirée de La Romareda et ses coéquipiers cette fois encore l’ont soutenu à chaque instant. Ce soir là, le camerounais avait menacé de quitter le terrain. Il s’était dirigé vers l’arbitre en lui disant ”Je ne joue plus”. Plusieurs de ses coéquipiers affirmeront par la suite qu’ils l’auraient appuyé dans sa décision. Heureusement, ce ne fut pas nécessaire.
Le public blaugrana a également démontré qu’il sait avoir du répondant. Lorsque tout Le Sardinero s’était uni dans la clameur contre le camerounais qui servait d’épouvantail de façon lamentable, les supporters barcelonais se sont fait entendre plus que jamais, en essayant d’étouffer les insultes par des ‘champions,champions, champions’ ou bien en scandant la phrase qu’avait popularisé le camerounais en plein délire de la célébration de la victoire en Championnat: “Madrid, …, saluda al campeón”.
Sans l’ombre d’un doute, Eto’o est devenu le principal porte-drapeau du championnat espagnol contre le racisme. Après qu’il ait fait face à la xénophobie à La Romareda, la FIFA a étudié la possibilité d’accroître les sanctions. “Il faut des sanctions exemplaires”, avait demandé le joueur lorsque Saragosse avait reçu une amende de seulement 9.000 euros pour les incidents racistes. Hier, le mégaphone du stade El Sardinero s’est chargé de rappeler, au moment où la tension était la plus forte, les sanctions sévères encourues et qui sont désormais applicables.
De fait, la nouvelle loi contre la violence et le racisme dans le sport envisage la possibilité d’appliquer des sanctions comme la perte de points et la descente d’une catégorie des clubs concernés. Ce dimanche, l’arbitre a fait constater les incidents survenus dans son rapport.
En marge de ces incidents, le ‘Pichichi‘ de la Liga a de nouveau honoré son rendez-vous avec le but. Le camerounais a encore une fois démontré qu’il sait se faire voir lorsque l’équipe a le plus besoin de lui. Son but fut providentiel, il a permis le match nul et a donné l’occasion aux hommes de Rijkaard de chercher la victoire tout au long de la seconde période. Le buteur azulgrana se consolide ainsi en t^te du classement des buteurs de la Liga avec un total de 23 buts et s’éloigne de son plus proche poursuivant Villa (Valence), qui n’a pas marqué samedi et qui compte 18 buts.
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga – Camfoot.com