Le feuilleton a duré pratiquement un mois. Et comme tous les transferts dans lesquels est impliqué Eto’o depuis le début de sa carrière, celui-ci a particulièrement fait des vagues. Les montants d’argent cités ça et là en sont principalement la raison. Mais pourquoi Makhachkala ?
Il faut situer la problématique à trois niveaux.
Le projet sportif ?
Difficile de vendre ce transfert sous le signe du sportif. En recrutant des internationaux de divers pays dès janvier, le milliardaire russe a certainement des ambitions pour son club. Probablement qu’une prochaine participation à la Ligue des Champions sera un véritable objectif et justifierait les dépenses faramineuses.
L’horloge biologique
Trente ans pour un footballeur est un « milestone ». C’est en fait le signal que le corps, hormis des physiques exceptionnels, n’a plus que pour deux ou trois ans de bon football. À partir de trente ans, il devient difficile de signer des contrats où le salaire peut-être, ne serait-ce que maintenu au niveau d’avant. D’ailleurs, plusieurs équipes de haut niveau tardent à engager des trentenaires.
Il ne faut donc pas penser que les joueurs de football ne sont pas des humains. Ils sont en général mus pas la volonté de gagner des trophées. Or, les trophées, d’équipe ou individuel, Eto’o en a engrangé à profusion. Il n’a plus autant faim de la Champions League puisqu’il en a gagné trois fois, des championnats quoiqu’il peut tout aussi espérer avec son nouveau club, des coupe quoique…
Tripler le salaire d’un joueur de football trentenaire en valeur nette, très peu sont capables de résister.
L’incitatif financier
20 millions d’Euros net par année pour trois ans. Avec un salaire brut à Milan de 10.5 millions d’Euros, Eto’o s’en tire avec à peine 7 millions net depuis deux ans. Cela veut dire qu’il gagnera trois fois plus en Russie qu’en Italie. Si on pousse la réflexion un peu plus loin, trois ans de travail en Russie correspond à neuf ans en Italie. Et comme l’unité de ce salaire est en millions, la différence est plus que significative.
Au micro de RMC, Ludovic Giuly a resumé au mieux la tentation russe du joueur camerounais, affirmant qu’il aurait sans doute succombé à cette proposition dans la situation du buteur camerounais qui a amassé les trophées en Europe depuis de longues saisons. « Quand on voit des sommes comme ça, c’est sûr qu’on réfléchit, même si c’est en Russie. Il a trente ans, tout gagné, plus rien à prouver et un nouveau challenge à connaître. Maintenant, je ne suis pas surpris. On me l’aurait proposé, j’y serais allé en marchant. J’aurais fait comme lui. C’est dommage qu’on ne parle que de l’argent alors qu’on pourrait parler de la carrière de Samuel. Partout où il est allé, il a gagné des titres. Il est un peu fatigué de tout ça. Là, il sera un peu plus tranquille. Alors s’il peut profiter de ce contrat-là, pourquoi pas ? »
La décision de quitter pour le Daguestan est-elle saine ?
Ce n’est certainement pas l’endroit au monde où la qualité de la vie est la meilleure. Ce n’est pas le pire non plus. Si Benoit Angbwa est capable d,y trouver son bonheur, Si Roberto Carlos a préféré quitter les pays chauds pour ce pays arctique, alors, Samuel Eto’o pourra bien s’y adapter. Ce qui est cependant sûr est que si dès l’année prochaine, l’équipe joue les matchs de poule de la Champions League Européenne et arrive à un bon niveau, l’aura de l’international camerounais voguera bien haut. Peut-être est-ce son défi.