Les Palermitains n’y arriveront donc jamais. Enfants illégitimes issus d’une rencontre entre un chat noir et la panthère rose, les Siciliens sont ce qu’on fait de plus poissard dans le football haut de gamme de l’autre côté des Alpes.
Souvent placé, jamais gagnant, le cheval de Mauricio Zamparini avait l’occasion, ce soir, à Rome, de briser le signe indien. Jamais titré depuis sa création, Palerme a déjà connu la défaite en finale de Coupe d’Italie par deux fois, en 1974 et 1979. Et si Mauricio Zamparini qualifiait cette rencontre « d’aussi importante qu’un Scudetto », c’est jamais sans ce rappeler cet affreux proverbe : jamais deux sans trois. Pour cette première finale à Rome depuis neuf ans, où aucune équipe de la capitale de foule la pelouse, la logique a été respectée, le complexe sicilien confirmé, le génie de Samuel Eto’o salué. L’Inter se console. En attendant la saison prochaine. La Roma a beau être en vacances, le fantôme de Francesco Totti hante toujours les surfaces de réparations du Stadio Olimpico. Si Palerme s’était imposé ce soir, la Roma devait jouer le tour préliminaire de l’Europa League, en juillet. Royal, Samuel Eto’o leur a offert trois précieuses semaines de vacances. Le Camerounais, buteur à la 26ème minute d’une frappe enroulée, après un caviar de Sneijder, régale. Pourtant, l’affaire était loin d’être dans le sac. Dominateurs d’entrée de jeu, les Palermitains, emmenés par leur duo de virtuoses Ilicic-Pastore, vont rapidement se procurer des occasions sérieuses. Dès la première minute, Hernandez, bien lancé par le Slovène, décoche une frappe qui meurt dans le petit filet de Julio Cesar. Eto’o: 1er but Malheureusement pour les Siciliens, le talent a ses limites. Les occasions sont franches, les inspirations remarquables, mais les approximations a répétition plombent les ambitions palermitaines. Si Pastore se fait plaisir en humiliant Nagatomo d’un magnifique grand pont, il manque l’occasion d’ouvrir le score sur un mauvais contrôle à la 20ème minute de jeu. Et quand ce ne sont pas les génies du milieu qui bafouillent la finition, c’est un excellent Lucio qui empêche les hommes du Sud de valider leur domination. La mi-temps pointe le bout de son nez, les joueurs de Leonardo viennent d’offrir une véritable leçon de réalisme à ceux de Delio Rossi. Eto’o: 2e but La pause fait du bien aux organismes. Et aux organisations. Costauds, les militants ritals de Greenpeace ont trouvé le moyen d’accrocher une banderole « stoppons le nucléaire » sur le toit du stade. Pastore, lui, s’en fout. Le classieux argentin continue de scintiller au milieu de terrain. Les gestes techniques s’accumulent, les tribunes frissonnent. Ce type a vraiment quelque chose de spécial. Bien décidé à briser la spirale de lose, Delio Rossi donne tout dès la 54ème minute : Miccoli remplace Acquah, les quatre fantastiques sont là. Paradoxalement, l’arrivée de l’heure de jeu marque la fin du règne de la technique sur ce match. Les esprits s’échauffent, Thiago Motta prend une balle dans la tête, mais se relève. C’est dans ce genre de moment que l’Inter aime marquer des buts. 75ème minute, Sneijder offre un nouveau caviar à Eto’o. Le cœur sur la main, l’arbitre offre un but à Munoz, suite à un corner imaginaire de Miccoli. A peine le temps de râler que Milito enfonce le clou et se rachète un peu d’honneur après une saison manquée. Palerme a un duo qui fait rêver, l’Inter a un duo qui fait gagner. L’Inter s’offre un trophée, Eto’o un doublé, Leonardo s’offre un peu de répit. C’est les vacances en Italie. Swann Borsellino