Le camerounais a donné une leçon d’engagement et de dignité en jouant ce mercredi avec le pied gauche enflé et en supportant la douleur.
Samuel Eto’o est un extra terrestre. Le camerounais a donné une grande leçon d’engagement et de dignité mercredi dernier. Il est descendu sur le terrain avec le pied gauche couvert d’un bandage à cause d’une forte contusion qui lui avait causé un gros hématome. Le joueur a refusé une infiltration malgré l’insistance des médecins du FC Barcelone, préférant jouer avec la douleur. Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu’on lui avait expliqué qu’avec une infiltration, il pouvait perdre un peu de sensibilité dans la zone qui subit l’opération médicale. Eto’o a donc pesé le pour et le contre durant la soirée du mardi, et il a finalement décidé de jouer avec la douleur. Le match en valait la peine.
Mais avant le début du match, le calvaire qu’avait vécu l’attaquant camerounais fut terriblement accablant. Samedi dernier, il avait fini le match contre le Réal Madrid en boitant. Il le dissimula le plus possible, car il ne voulait pas que sa blessure cause de grandes inquiétudes. Seuls les médecins et les entraîneurs étaient au courant. On lui trouva très vite des glaçons pour essayer de réduire l’inflammation.
En fait, Samuel avait eu la malchance de recevoir un coup dur sur le même pied gauche qui avait déjà eu une contusion lors du match aller contre Benfica.
Dimanche, après avoir passé une mauvaise nuit, Eto’o alla courir un petit peu sur le terrain, une activité qui sert à régénérer le sang. Cependant, quelques minutes après, l’attaquant dut retourner aux vestiaires, l’air inquiet. La douleur était insupportable et la thérapie anti-inflammatoire avait du mal à faire un effet sur son pied.
Le lundi fut la journée la plus difficile. Dans la matinée, il se soumettait à une échographie qui confirmait une accumulation dangereuse du sang dans le pied et plusieurs tissus endommagés par le gros hématome.
“Dans le meilleur des cas, tu ne peux pas jouer”, lui affirmèrent les médecins. Eto’o prit alors peur. La douleur persistait, et les médecins envisageaient de l’exclure de la liste des joueurs convoqués.
Le camerounais était prêt à suivre n’importe quel traitement, quel que soit le risque, pour pouvoir jouer le mercredi contre Benfica. On lui proposa de le piquer avec une aiguille pour lui tirer le sang d’un autre endroit que le pied gauche, extraire par la suite tous les éléments restants de l’échantillon, grâce à un appareil qui enlève le liquide et laisse seulement dans l’éprouvette le facteur de croissance, et après l’injecter de nouveau dans la zone affectée. Le but de cette thérapie est de freiner l’hématome et de régénérer la zone blessée. Il s’agit d’une mesure traumatique, mais efficace dans de nombreux cas.Elle fonctionna en partie pour Eto’o, car la douleur était toujours intense.
On arriva donc à mardi, 24 heures avant la rencontre, et il fallait prendre une décision. Dans la matinée, le joueur se rendit au Camp Nou pour poursuivre son traitement anti-inflammatoire et de physiothérapie -l’objectif étant que la douleur ne se concentre pas dans une seule zone, mais qu’elle se répartisse pour la rendre moins intense- et dans la soirée, il commença la session de travail avec le préparateur Albert Roca. Ils se mirent à jouer avec la balle ensemble pendant presque 20 minutes pour chauffer progressivement le corps. Les sensations étaient bonnes, et le joueur intégra le reste du groupe. Avant cela, Rijkaard discuta avec lui pour lui demander s’il se sentait capable de travailler avec le groupe, et Samuel lui répondit “sans problèmes”, malgré le peu de conviction.
L’entraînement se déroula sans contretemps, et il fut donc convoqué. Lorsqu’il arriva à l’hôtel, il rencontra les docteurs. Ces derniers lui demandèrent : “Est ce que tu veux qu’on te fasse une infiltration ?”. Samuel les regarda, et leur répondit négativement par un geste de la tête: “Je préfère jouer avec la douleur”. Pour la petite histoire, Eto’o n’a jamais eu une infiltration, et il ne voulait pas courir le risque de ressentir des sensations étranges lors d’un match comme celui-là.
Avant de descendre sur la pelouse, il se dirigea vers la chapelle pour se recueillir dans un moment si décisif pour sa carrière. Il demanda à la ‘Moreneta‘ de l’aider dans ce moment difficile, et de lui permettre de résister à la douleur.
Il entra sur le terrain, et dès cet instant, ce fut une toute autre histoire.Il ressentait la douleur à chaque passe, à chaque course, mais ça lui était égal. Le plus important ce n’était pas lui, mais l’équipe. Quand il donna la passe décisive à Ronaldinho et que le brésilien inscrivit le but, il était aux anges. L’effort avait valu la peine.
Pendant la pause, il appliqua plus de glace sur sa blessure. Il fallait continuer.
À la deuxième mi-temps, il continua de supporter la douleur, stoïque, jusqu’au moment de l’extase à la dernière minute du match. Il inscrivit le second but, mais ne savait pas comment le célébrer. Il se rendit sur le côté, félicita Belletti, puis se mit les mains sur la tête. Le calvaire avait vraiment servi à quelque chose. Dans les vestiaires, il regarda son pied, gonflé comme un melon. “Ce n’est rien”, pensa t’il, en embrassant Puyol et Ronaldinho.
Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga – Camfoot.com