On attendait Wayne Rooney, c’est, en fin de compte, Samuel Eto’o qui devrait arriver dans les prochains jours à Stamford Bridge. L’accord ayant été trouvé avec Anzhi, le Camerounais renforcera, sauf revirement de situation, les rangs des Blues. Une sacrée acquisition pour les Londoniens, la plus importante de l’été même. Néanmoins, les observateurs assidus ont le droit de s’interroger si l’ancien Barcelonais est vraiment utile à cette équipe. A 32 ans, et après deux ans passés dans le championnat russe, peut-il réussir dans un championnat aussi prestigieux qu’est la Premier League ?
Un bonus pour sa (belle) carrière
Avant de répondre à cette question, il y a quand même lieu de rappeler ce que pèse Eto’o. Non pas en terme de salaire, mais au niveau de sa carte de visite. Actuellement, à l’exception peut-être de Cristiano Ronaldo ou de Lionel Messi, peu sont ceux parmi les joueurs de classe internationale à posséder un palmarès aussi bien garni que le sien. Que ça soit au niveau des distinctions collectives ou individuelles, le natif de Douala a presque tout gagné. A son compteur figurent notamment trois Ligues des Champions et aussi quatre titres de champions (en Espagne et en Italie). De ce côté-là, il n’y a pas photo ; Eto’o est, à coup sûr, une recrue de choix pour Chelsea. Une recrue qui peut tirer toute l’équipe vers le haut ne serait-ce que de par sa simple présence.
Mais, d’un autre côté, on peut se demander ce que l’ex Blaugrana vaut réellement sur le plan sportif. Est-il toujours aussi performant que par le passé ? En Russie, il n’a pas eu un rendement à la hauteur de son talent –sa meilleure saison en terme de buts a été la première avec 13 réalisations-. On pourra toujours dire qu’il n’était pas aussi bien entouré que dans ses précédentes équipes, mais le constat selon lequel il a décliné en terme de rentabilité est bien là. Et puis, il y a le paramètre de l’âge. Avec ses 32 printemps, est-il toujours capable de répondre au rythme effréné de la Premier League ? Même en tant que remplaçant de luxe, aura-t-il les jambes pour faire autre chose que de rester dans la surface et attendre les occasions pour scorer ?
Le débat mérite d’être engagé. Et il est clair que pour chaque réponse, quelle qu’elle soit, il n’y aura pas d’unanimité tant qu’on ne verra pas l’intéressé à l’œuvre. D’ici là, et au regard de son pedigree et de tout ce qu’il a apporté au football, Eto’o mérite assurément le bénéfice de doute. Si José Mourinho a pris la peine de le contacter et l’inviter pour faire partie de son projet c’est qu’il le croit capable de relever le défi. Et puis, le quadruple Ballon d’Or Africain en a certainement vu d’autres durant sa longue et admirable carrière. S’il s’impose à Chelsea, ça sera une ligne de plus à mettre sur le compte des nombreuses réussites de son parcours. Et s’il échoue, ça ne devra pas remettre en cause tout ce qu’il a réalisé jusque-là comme accomplissements. Des accomplissements dont on a perdu le compte.
Naïm Beneddra