Inconnu il y a peu, Edel Apoula Bete est depuis un petit mois au centre de l’univers médiatique en raison de la signature de son contrat au PSG, qui a été un long feuilleton entre confirmations et démentis, mais aussi en raison de son statut d’arméno-camerounais. Il n’en fallait pas plus, ne fois que le contrat était signé pour que Camfoot aille à la rencontre du troisième gardien de l’équipe phare de Paris.
« C’est vrai que mon nom est un peu compliqué, mais on va dire Apoula. C’est celui sous lequel on me connaît au Cameroun ». C’est dans un sourire et avec une relative timidité que le troisième gardien du PSG se présente. Le Camp des Loges grouille de monde, il faut dire qu’en ce moment, le Paris Saint Germain, locataire des lieux est à l’image de l’été dans la ville : on continue de l’attendre malgré les promesses entrevues au printemps. A d’autres moments, on aurait parlé de crise, mais cette année, tout le monde veut jouer l’apaisement. Bertrand Delanoë, le maire de Paris, venu assister à l’entraînement tient d’ailleurs à le préciser, « c’est devenu une habitude, je viens au PSG en fin d’août pour leur témoigner mon amitié. C’est vrai que notre situation est paradoxale, puisqu’il y a la manière, mais pas encore les résultats, mais je vais confiance au président et au coach ».
Abordant la rencontre du week-end contre Lille, le président fait dans l’humour, « Un tournant de la saison ? J’en ai d’autres des formules si vous voulez, match couperet, match de la dernière chance… ». les questions fusent, tournent autour du début, mais Alain Cayzac ne « veut surtout pas revivre une saison comme celle de l’année dernière ». Autant dire que l’essentiel des journalistes est loin de se concentrer sur le terrain où Yves Colleu donne de la voix, sous l’œil de Paul Le Guen.
De temps en temps, quelques commentaires fusent sur ce qui se passe sur le terrain, les habitués manifestent leur surprise devant les performances du Edel Epoula, qui occupe un but, l’autre étant occupé par Jérôme Alonzo, Landreau revenant de sélection où la veille il a affronté la Slovaquie. Le jeune joueur, qui a pu signer son contrat trois jours plus tôt se couche sur chaque ballon, repousse, relance, « ça fait deux mois que je n’ai pas joué, puisque je n’avais pas la lettre de libération nous confie, après la douche, le jeune homme qui porte des nattes. C’est vrai que je suis à Paris depuis un moment, mais le club ne voulait pas me libérer ». Le ton est posé, le joueur savoure ce qu’il considère comme la liberté retrouvée, « on est comme à la maison en France, on a des réflexes. Et puis, j’ai été bien accueilli ici, je m’entends bien avec les deux autres gardiens du club. J’avais déjà fait des essais ici, ainsi qu’à Marseille, Istres et Bordeaux, mais à chaque fois un problème se posait. Soit le club, était gourmand (1M €), soit la lettre de sortie ne venait pas d’Arménie.
International arménien, passeport camerounais…
L’Arménie, justement, le pays dont il est également originaire, puisqu’il compte deux sélections « je sortais du centre de formation, quand avec Carl Lombe, un agent nous a contacté pour faire des essais. Quand nous sommes arrivés là-bas, nous ne savions pas qu’il nous avait déjà vendus. Nos passeports ont été récupérés et nous n’avions pas le choix. Nous sommes devenus des leaders du club, à la suite de quoi, nous avons disputé le championnat d’Europe U19, où j’ai été élu meilleur gardien. A ce moment déjà, j’ai eu des velléités de départ, mais je me suis heurté au refus des dirigeants. J’ai alors disputé deux matchs avec les A (contre la république tchèque 0-3 le 13/10/04 et la Roumanie 1-1 un moi plus tard) avant de dire que je ne voulais plus. J’ai décidé de suivre mon ancien coach, un Roumain au Rapid Bucarest. J’ai dû user d’un subterfuge pour rejoindre la Roumanie en donnant l’impression que j’allais faire un essai à Benfica.
Mais pour un transfert international, il fallait la lettre de libération de la fédé arménienne. Ne voyant rien venir, j’ai fait un séjour au Cameroun, puis en Belgique à La Gantoise. Là, ça s’est débloqué et j’ai pu jouer la Coupe de l’UEFA avec le Rapid, où j’ai eu l’honneur d’affronter, l’une de mes idoles Pierre Ebédé, qui évolue avec le Panatinaïkos. C’est durant cette compétition que j’ai d’ailleurs été repéré par Christian (Mas l’entraîneur des gardiens du PSG Ndlr) ». Aujourd’hui, celui qui estime à juste titre être bon sur sa ligne et dans les sorties aériennes, mais devoir progresser dans la prise de balle, aspire juste à « travailler, continuer à apprendre. Dans un club comme le PSG, on en demande toujours plus. C’est vrai que ce n’est pas évident de ne pas jouer quand on a été habitués à être sur le terrain ». Justement, l’occasion de parler de Lille, rendez-vous qui arrive et s’annonce crucial, « les résultats vont venir, le groupe est bon. Et puis, je retrouverai un ami, Jean II Makoun. Mais, il faut qu’on gagne, je ne sais toujours pas ce qui s’est passé contre Lorient ».
Et sur le plan personnel, il souhaite profiter de cette période d’accalmie pour retrouver la possibilité d’être sélectionnable avec les Lions Indomptables, « j’ai déjà envoyé le dossier à la FIFA. Mais ça sera compliqué parce que j’ai disputé des matchs qui comptaient pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2006, ce n’étaient pas des rencontres amicales. Mais je n’avais que 19 ans et j’espère qu’il sauront me redonner la possibilité de défendre les couleurs du Cameroun ».
Quand on évoque son passeport, il tient à préciser qu’il a signé au PSG « avec le passeport camerounais, mais (je suis) considéré comme communautaire en raison de (mes) sélections avec l’Arménie. »
Son regard s’illumine quand on parle des Lions Indomptables, « j’aimerais vraiment jouer avec MA sélection, retrouver MA nationalité sportive. Maintenant, je suis disponible, si le sélectionneur ou la fédération veulent me contacter, je répondrai présent ». Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles, Edel évoque sa volonté d’investir dans l’immobilier, « c’est maintenant qu’il faut y penser, pas en fin de carrière » et n’oublie jamais de garder la foi, « sans Dieu, rien de tout ce que j’ai pu obtenir aujourd’hui ne serait arrivé »
Herve Kouamouo