Du CFA2 aux quarts de finale de la Ligue des champions. En cinq ans. Une ascension fulgurante. Inattendue. Un parcours du combattant débuté dans les combles du foot hexagonal. « Tout ce que je vis, ce n’est que du bonus », répète-t-il.
Après sa formation à Yaoundé et un titre de champion d’Afrique U17 avec le Cameroun, Nounkeu multiplie les essais en Europe mais termine à Laxou, en Lorraine. « C’était le niveau régional, je crois, ce n’était pas très relevé en tout cas», se souvient-il. Le centre de formation de Metz, en voisin, viendra quand même l’engager, mais une blessure au ménisque lui indiquera la porte de sortie après une seule saison. À cet instant, en 2005, le défenseur central est au plus bas. Mais au point de départ, aussi, d’une folle ascension. Deux ans à Amnéville (CFA2) puis une saison à Pau (CFA) où officie Joël Lopez, actuel président de l’ETG.
Lopez : « Le niveau très au-dessus »
« C’est un ancien joueur de Metz qui m’en avait parlé. Je n’aurais peut-être pas imaginé qu’il atteigne la Ligue des champions, mais il avait le niveau très, très au-dessus. Mentalement, c’était aussi du haut-niveau. Il était très lucide et était avide de progresser », se remémorre Lopez. Durant ces trois saisons chez les amateurs, Nounkeu n’a jamais voulu mettre fin à son rêve et ses ambitions. « Beaucoup de joueurs me disaient que je n’avais rien à faire là », rappelle-t-il. Toulouse vient très rapidement aux renseignements et l’engage « le 2 juin 2009 ». Presque étrangement, cela a failli être le début de la fin.
Neuf mois avec une psychologue
Cinq ans et demi plus tard, il en parle sans tabou. Une période plus sombre qu’il a réussi à évacuer. « J’ai découvert un monde complètement différent où il y a beaucoup de sollicitations et je n’arrivais pas à tout gérer. J’ai dilapidé de l’argent, j’ai fait certaines folies », lâche-t-il. Pendant neuf mois, il consulte une psychologue du sport pour franchir cette épreuve. Sa famille et ses proches jouent aussi un rôle majeur pour contrôler le dérapage. « Ma mère m’a dit : “Si l’argent te fais changer, tu n’es plus mon fils”. Ça met une claque. » Il part alors en Turquie, à Gaziantepspor puis à Galatasaray. Il y jouera un quart de finale de C1 contre le Real Madrid et gagnera ses premiers titres en club. « Mon plus beau souvenir reste ce que m’a dit le coach Fatih Terim après la qualification à Schalke. J’avais joué sous infiltration et trois jours plus tard, je ne pouvais toujours pas marcher. Je n’ai pas pu jouer pendant trois semaines. Mais, à la fin du match, le coach m’a dit : “Merci Dany, j’ai compris que tu es un soldat”. Tout le film de ma carrière est alors passé devant mes yeux. » Ça tombe bien, un soldat, c’est exactement ce dont a besoin Dupraz pour l’opération maintien.
Par Julien BABAUD